Delenda est Carthago - 15 janvier

Publié le par la Rédaction

La prison de Monastir s'embrase

 

(…) Monastir où au moins 42 prisonniers ont péri dans l'incendie samedi d'une prison. «Trente-et-un corps ont été transportés à la morgue et onze ont suivi», a déclaré le Dr Ali Chatli, chef du service de médecine légale à l'hôpital Fatouma Bourguiba de Monastir, à 160 km au sud de Tunis.

 

 

Il a précisé que toutes les victimes du premier groupe ont été identifiées et que les 11 venaient d'arriver. Selon ce médecin, l'incendie s'est déclaré lorsque un détenu a mis le feu à un matelas dans un dortoir hébergeant près de 90 détenus lors d'une tentative d'évasion qui a tourné à la panique en raison de coups de feu tirés près de la prison. Il s'agit de l'incident le plus meurtrier depuis le début, il y a un mois, des émeutes qui ont conduit à la fuite vendredi de l'ancien chef de l'État Zine El Abidine Ben Ali.

 

Leur presse (Europe 1), 15 janvier 2011.

 

 

Évasions à la prison de Mahdia

 

Plusieurs dizaines de détenus ont été tués lors d'une évasion massive de la prison de Mahdia, dans l'est de la Tunisie, ont déclaré samedi plusieurs témoins. «Ils ont tenté de s'évader et la police a ouvert le feu sur eux. On dénombre maintenant des dizaines de morts, et tout le monde s'est échappé», a déclaré un habitant de Mahdia, Imed, qui vit à 200 mètres de la prison. La prison de Mahdia, à 140 km au sud de Tunis, hébergeait 1.200 détenus, a-t-il dit. Deux autres témoins ont eux aussi parlé de dizaines de morts.

 

Leur presse (leJDD.fr), 15 janvier.

 

 

Des proches de Ben Ali, dont sa fille, ont quitté Eurodisney

 

Des proches de l’ex-président tunisien Zine El Abidine Ben Ali, dont une de ses filles, ont quitté samedi après-midi le parc d’attraction Eurodisney, où ils avaient trouvé refuge depuis jeudi.

 

Parmi ces personnes figuraient Nesrine, 24 ans, fille du président chassé du pouvoir et de sa seconde épouse, Leïla Trabelsi, a-t-on précisé de source sécuritaire française. Ce groupe est arrivé en France dès jeudi, veille du départ de Tunisie de Ben Ali.

 

Un petit-fils du président déchu était également présent, a ajouté une autre source.

 

Ces personnes, dont le nombre n’a pas été précisé, «sont parties il y a une heure ou deux», a déclaré en milieu d’après-midi un responsable du Disneyland Hotel sous couvert de l’anonymat. «Tout le groupe est parti, personne ne sait où ils sont allés», a-t-il poursuivi sans plus de précisions.

 

Ils étaient logés depuis jeudi dans des suites luxueuses du Castle club, l’un des quartiers VIP du Disneyland Hotel à Marne-la-Vallée, a-t-on ajouté.

 

Selon une source proche du dossier, les chambres avaient été réservées jusqu’à dimanche.

 

Une source sécuritaire française qui a souhaité garder l’anonymat avait précisé auprès de l’AFP qu’ils étaient accompagnées de leur propre équipe de sécurité.

 

Un journaliste de l’AFP a constaté samedi matin la présence dans le hall de l’établissement d’hommes vêtus de costumes noirs communiquant par talkie-walkies et scrutant avec attention les environs de l’hôtel.

 

Leur presse (Agence Faut Payer), 15 janvier - 17h15.

 

 

Des membres du clan Ben Ali réfugiés en région parisienne

 

La famille Ben Ali Trabelsi se disperse aux quatre coins du monde. Selon nos informations, certains membres sont déjà arrivés en France depuis jeudi soir, malgré les démentis des autorités. Ils séjournent à l’hôtel Disneyland au sein du parc d’attractions de Marne-la-Vallée (Seine-et-Marne). Une des filles de Leila, l’épouse de Ben Ali, semble avoir été reconnue par des employés.

 

Le clan occupe trois suites VIP du Castle Club, une zone luxueuse réservée aux clients les plus fortunés, située au troisième étage de cet établissement. Des chambres réservées jusqu’à dimanche. Hier soir, ils avaient pour voisins les membres de la famille d’un célèbre disc-jockey parisien. Une ambiance très particulière régnait au sein de l’hôtel. Dans le hall, quatre agents de sécurité tunisiens montaient la garde sur un sofa. D’autres, oreillettes branchées en permanence, scrutaient chaque client. Pour aller dîner, un vigile de l’hôtel accompagnait les clients jusqu’aux différents restaurants de l’établissement. Là aussi, la sécurité tunisienne était présente et n’hésitait pas à écouter les conversations.

 

Leur presse (Le Parisien), 15 janvier.

 

 

Cyrine et Nesrine Ben Ali aux portes de Disneyland

 

Deux filles du président Ben Ali auraient trouvé refuge dans un hôtel proche du parc d'attractions, selon l'ambassade de Tunisie à Paris.

 

Cyrine Ben Ali, fille issue du premier mariage du président tunisien, et Nesrine, fille de son second mariage avec Leïla Trabelsi, sont en France. Cyrine aurait atterri vendredi soir au Bourget, alors que Nesrine est dans l'Hexagone depuis jeudi. Cette dernière, âgée de 24 ans et enceinte, est l'épouse de Sakher el-Materi, un temps pressenti pour être le successeur de Ben Ali. Avec ses deux enfants, elle aurait été hébergée à la résidence de l'ambassadeur de Tunisie à Paris, située dans le 16e arrondissement, dans la nuit de jeudi à vendredi. Selon l'ambassade, les deux sœurs seraient actuellement à l'hôtel Castel Club situé dans les murs du Disneyland Hôtel, aux portes du célèbre parc d'attractions de Marne-la-Vallée. Contacté, l'établissement ne souhaite pas faire de commentaire.

 

Vendredi soir, Europe 1 avait annoncé que Sakher el-Materi avait été arrêté à Tunis alors qu'il tentait de quitter le territoire. D'après l'ambassade de Tunisie à Paris, il serait actuellement à Dubai. 

 

Leur presse (Le Point.fr), 15 janvier.

 

 

Tunis : l'hypermarché Géant pillé

 

L'hypermarché Géant, à la sortie nord de Tunis, a été pillé aujourd'hui après avoir été attaqué hier, a constaté un photographe de l'AFP.

 

Des dizaines de personnes sortaient du centre commercial emportant tout ce qui leur est tombé sous la main, en l'absence de tout représentant des forces de l'ordre, a indiqué ce photographe. «Un poste proche de la garde nationale a été déserté», a-t-il dit. L'hypermarché avait été partiellement incendié hier.

 

 

 

Certains pilleurs fracassaient samedi les vitrines de magasins qui ont été épargnés par les flammes et des chariots vides étaient éparpillés jusqu'à une autoroute proche. Des manifestants ont attaqué et pillé ces derniers jours des magasins des enseignes françaises Carrefour et Casino auxquels sont associés des proches du pouvoir en Tunisie.

 

Deux autres magasins Carrefour, à la Marsa (nord de Tunis) et au quartier Ghazala ont été pillés vendredi après-midi, selon de nombreux témoins. Trois autres magasins, Monoprix et Magasin Général, ont été pillés dans d'autres quartiers de Tunis hier, ont rapporté des habitants. Ces pillages se sont déroulés en l'absence des forces de sécurité, selon ces témoins.

 

 

Leur presse (Agence Faut Payer), 15 janvier.

 

 

Tunisie : incertitude sur le sort des Trabelsi après la mise à sac de leurs résidences

 

En milieu d'après-midi, à Gammarth, banlieue résidentielle chic du nord de Tunis, plusieurs centaines d'émeutiers s'en sont pris aux domiciles de la famille Trabelsi, du nom de Leïla Trabelsi, le femme du chef de l'État tunisien.

 

 

Armés d'une liste de noms, ces émeutiers, âgés de 16 à 17 ans, ont fait le tour des résidences de cette banlieue proche du palais de Carthage, et attaqué systématiquement les maisons qui appartiennent à la famille Trabelsi, délaissant les autres, y compris de plus luxueuses.

 

«C'est une mise à sac organisée. Les insurgés font sortir les habitants des maisons, sortent la Mercedes du garage, pillent, saccagent, puis mettent le feu, témoigne un journaliste tunisien qui préfère garder l'anonymat. Deux paniers à salade emplis de policiers sont passés, sans intervenir. Je n'ai jamais vu de telles scènes», a confié au Monde.fr un journaliste tunisien, sous couvert d'anonymat.

 

À chaque fois, il s'agissait de propriétés de neveux de la présidente Leïla Trabelsi, haïe en Tunisie, car son nom symbolise l'accaparement des richesses du pays et la corruption. À 16h15, après avoir saccagé une quatrième maison, les jeunes émeutiers s'en sont allés. Un ex-ministre, le général Bouazizi, a fait les frais de cette vindicte : sa maison a été saccagée et pillée par erreur, les émeutiers croyant qu'il s'agissait d'une demeure des Trabelsi.

 

Selon ce journaliste tunisien témoin de la scène, les biens emportés par ces jeunes n'avaient pas de valeur. «Ils emportaient des bouteilles de gaz, des téléviseurs, des magnétoscopes… À croire que les Trabelsi avaient été prévenus de ce qui allait leur arriver et qu'ils avaient mis à l'abri leurs affaires les plus précieuses», dit-il.

 

Les rumeurs faisant état du départ de la famille Trabelsi pour Dubaï notamment se font de plus en plus insistantes à Tunis et plus encore sur Internet. On sait seulement que deux avions Falcone blancs ont quitté l'aéroport de Tunis-Carthage en tout début d'apres-midi.

 

Par ailleurs, à 16h50, un important convoi de voitures officielles aux vitres teintées a quitté le Palais de Carthage en direction de l'aéroport, sans qu'on sache qui se trouvait à son bord. À 17h30,  l'armée tunisienne a pris le contrôle de l'aéroport et l'espace aérien a été fermé.

 

Leur presse (Florence Beaugé,
Le Monde.fr), 14 janvier.

 

 

Tunisie : La rage des jeunes

 

S'il est une famille honnie en Tunisie, c'est celle de la femme du Président. Dans la banlieue nord huppée de Tunis, des jeunes s'en sont pris aux villas de cette famille accusée de «sucer le sang» des Tunisiens.

 

Une villa qui brûle, puis une autre. Loin du centre-ville de Tunis, c'est avec une rage froide, sans qu'intervienne le moindre policier et sous les regards souvent approbateurs d'adultes, que des centaines de jeunes ont pillé et incendié, hier, les somptueuses demeures que possède, dans le coquet quartier de Gammarth, la famille Trabelsi, celle de la femme du Président.

 

 

Poussés à bout

 

Une famille accusée de beaucoup des maux, sinon de tous les maux, de la Tunisie par ces jeunes émeutiers. «Elle s'est accaparée toutes les richesses du pays. Ici, entre le frère et la sœur, ils ont au moins deux villas. C'est bien mérité», lance «Blonda» («ici on s'appelle tous comme ça», dit-il), un jeune de 20 ans qui ne comprend pas pourquoi les caméras de TF1 ne sont pas là. Sur son téléphone mobile, très satisfait de lui, il nous montre les vidéos qu'il a réalisées. «C'est pour l'Histoire», explique-t-il. Un peu plus bas, des dizaines de personnes chargent dans leur voiture qui, un fauteuil, qui un four, qui un buffet… Tout ou presque de ce que contient les villas est emporté. Ce qui arrive aujourd'hui dans ce quartier ne surprend pas grand monde. Même parmi ceux qui profitent plutôt bien de la croissance tunisienne, comme c'est le cas de beaucoup des habitants de cette banlieue. «Les Tunisiens sont généralement pacifiques mais il ne faut pas qu'on les pousse à bout», observe un élégant quinquagénaire, venu voir ces scènes de pillages en 4×4. Revenu en Tunisie en 2005 après un long séjour en France, Amel (le prénom a été changé) constate avec amertume que tout va de pis en pis. «On a des fantoches au gouvernement qui ne servent à rien et qui ne pensent qu'à servir les intérêts de quelques individus.» Une critique que reprennent en chœur ceux qui sont là, même si certains continuent à vouloir défendre le président Ben Ali, «qui a, quand même, fait des choses pour la Tunisie».

 

Pathétique

 

Ce n'est pas l'avis de «Blonda», pas du tout convaincu par le discours du Président, jeudi soir à la télévision. «Des promesses et encore des promesses. Il remet Youtube et Dailymotion, mais qu'est-ce que l'on s'en fout, avec les proxy [Serveurs qui servent de relais], on y avait quand même accès. Si c'est ça qui va changer les choses, il se trompe.» Le quinqua en 4×4 a, lui aussi, trouvé assez pathétique le Président, malgré une certaine presse qui s'enthousiasmait hier matin. «Ce qu'il faut, ce sont des mesures radicales. Tout doit changer.» Mais que sortira-t-il de tout ça ? Personne ici n'en sait trop rien. «Il faut qu'il parte, il n'y pas d'autre solution», répondent plusieurs émeutiers. C'est fait.

 

Leur presse (Yvon Corre,
Le Télégramme), 15 janvier.

 

 

 

 

 Pillages : appels au secours de Tunisiens

 

De nombreux habitants à Tunis et en province ont lancé des appels par le biais de la télévision demandant l'intervention urgente de l'armée pour les protéger de bandes qui se livraient hier soir à des pillages et des destructions en dépit du couvre-feu.

 

L'armée a mis à la disposition des citoyens un numéro d'appel pour lui signaler ces attaques, alors que des hélicoptères diffusaient des appels au calme par haut-parleur, et demandait aux habitants de rester chez eux. La télévision publique a indiqué que l'hôpital Charles Nicolle, à Tunis, était en train d'être attaqué par des assaillants, ajoutant que des unités de l'armée faisaient mouvement dans sa direction pour le protéger.

 

 

De nombreux témoins imputent l'essentiel de ces violences à des miliciens du parti au pouvoir, le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), mécontents de la fuite de l'ex-président Zine El Abidine Ben Ali et voulant déstabiliser le pays, selon eux.

 

Ces individus cagoulés se déplacent en bandes, certains armés de gourdins et de sabres, dans l'intention manifeste de semer la terreur, selon ces témoins. Face à cette situation, le président par intérim Mohammed Ghannouchi est intervenu par téléphone sur deux chaînes de télévision pour indiquer que des renforts de l'armée seraient déployés rapidement pour sécuriser les quartiers et protéger la population.

 

Plusieurs faubourgs du sud et de l'ouest de la capitale étaient touchés par ces violences selon les appels reçus par les chaînes de télévision. En province, des violences ont été signalées dans des villes du nord (Bizerte) du centre (Kairouan) et du sud (Gafsa), dont les habitants ont décrit un état d'insécurité, une population terrorisée et des saccages perpétrés par des individus camouflés en l'absence des forces de sécurité.

 

«On les reconnaît bien, ce sont des gens du parti (RCD), ils circulent en voiture, sont organisés, ils cassent et sèment la panique sur leurs passages», a indiqué Ali, un habitant de Kairouan. La police a déserté la ville et l'armée tirait en l'air pour tenter de disperser ces pillards, alors que les habitants se mobilisaient pour se défendre, a ajouté ce témoin.

 

Leur presse (Agence Faut Payer), 15 janvier.

 

 

Publié dans Internationalisme

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