De Bologne à Milan, nouvelles des luttes dans les prisons pour étrangers en Italie
Le vendredi 16 avril, un rassemblement avait lieu devant le centre d’identification et d’expulsion (CIE) de Bologne. Là-bas, les retenus sont très en colère, depuis longtemps malgré les calmants et autres psychotropes avec lesquels on les gave pour les faire se tenir tranquilles. Ici comme ailleurs les motifs de cette colère sont nombreux, allant de la privation de liberté jusqu’à la nourriture infâme servie dans le centre par la confrérie de la Misericordia, l’opérateur qui gère les CIE de Bologne et Modane et touche 72 € par jour et par retenu pour ça.
Lors du rassemblement les contacts entre l’intérieur et l’extérieur ont repris, résolument, donnant du courage à chacun/e. Et le soir même les retenu/es ont appelé leurs camarades solidaires à l’extérieur : plusieurs d’entre eux ont décidé d’entrer en grève de la faim, une trentaine d’hommes et une douzaine de femmes.
Lors des contacts téléphoniques établis l’après-midi même, un retenu avait demandé ce qui se passait dans les autres centres, notamment à Rome et à Milan qui depuis deux mois sont agités par plusieurs mouvements de révoltes et de protestations, allant de l’émeute à la grève de la faim.
Aux prisonniers de Milan a donc été annoncée l’entrée en grève de la faim de leurs compagnons d’infortune de Bologne. Ils ont accueilli la nouvelle avec des hurlements de joie et de lutte. Ils ont dicté à un camarade du comité antiraciste de Milan ce communiqué improvisé :
«Nous voulons que tout le monde sache que la solidarité entre les retenus est toujours forte et présente et nous voulons pouvoir communiquer avec ceux de Bologne. Pour nous qui sommes en grève de la faim depuis un mois et demi il est très important de savoir que la lutte s’élargit et nous accueillons avec beaucoup de chaleur (même si nous sommes enfermés dans ces cages froides) le fait de savoir que des femmes et des hommes luttent ensemble avec nous pour la fermeture de ces camps. Il est important de lutter et de ne pas rester endormi comme ils le veulent eux. Une accolade fraternelle à tous les grévistes de Bologne.»
D’ores et déjà les retenus de Bologne ont pu entendre via les téléphones les cris de luttes et les battements sur les portes, murs et barreaux de ceux de Milan et vice et versa.
À l’extérieur du centre de Bologne la solidarité a commencé à s’organiser, des gens venant notamment porter des jus de fruits aux grévistes.
Hier, samedi, en début de soirée, alors qu’un rassemblement de solidarité avait lieu devant le centre, des colonnes de fumée s’élevaient au-dessus du CIE de Bologne et on entendait les cris des retenus qui se révoltaient à l’intérieur.
Plus tard dans la nuit le calme est revenu et il semble qu’aucun/e des retenu/es ayant participé à la révolte n’ait été arrêté.
Liberté pour tous avec ou sans papiers
et surtout sans prisons ni frontières !
P.-S. : Rédigé à partir de divers messages reçus d’Italie.
Liste de diffusion Migreurop, 19 avril 2010.