Contre les violences faites aux femmes, manifestation de nuit en non-mixité mercredi 25 novembre à Grenoble

Publié le par la Rédaction


Dans le cadre de la journée contre les violences faites aux femmes : manifestation de nuit en non-mixité mercredi 25 novembre à 20h30, départ place Saint-Bruno à Grenoble.
Rendez-vous dès 18 heures à la MJC Parmentier, 3 rue Parmentier (tram A/B, arrêt Saint-Bruno) pour l’écoute collective de l’émission de radio féministe Dégenrée sur cette thématique. Seront présentes des tables de presses d’associations féministes et populaires ainsi que des plats de cultures sénégalaises, chiliennes…

Pourquoi une manifestation de nuit ?

La peur entretenue de la nuit fait de l’ombre aux violences de la journée. NON, les violences n’ont pas d’heure et elles sont partout : dans les maisons, dans la rue, au travail… En effet, les femmes sont majoritairement agressées par des hommes qu’elles connaissent (conjoint, collègue, voisin, patron, oncle, père…) dans un lieu qui leur est familier. Cependant, l’espace public reste majoritairement — voire exclusivement — le territoire des hommes, d’autant plus la nuit. En tant que femmes, la rue est un espace de harcèlements, de reluquages, d’attouchements sexuels, d’injures, de sifflements et de ras le bol et de peur des agressions masculines (qu’elles soient physiques, verbales, sexuelles, psychologiques…). En tant que femmes, on nous assomme de règles de conduites qui restreignent nos libertés : «Ne sors pas toute seule le soir», «Ne mets pas de mini-jupes tu provoques» ou encore «Fais-toi raccompagner par un homme». Ces règles contrôlent nos agissements et qui plus est, ne nous donnent pas d’outil pour nous défendre. Et si on ne suit pas ces règles, on a encore plus peur, on est culpabilisées et rappelées à l’ordre.

Ces quelques chiffres révoltants sont malheureusement souvent des sous-estimations, dues au silence entourant les agressions/violences et aux difficultés de les déclarer.
— 91,2% des victimes de viols sont des femmes et des filles, 99% des agresseur-euse-s sont des hommes.
— D’après l’enquête ENVEFF (Enquête Nationale sur les Violences Envers les Femmes en France), environ 50.000 femmes de 20 à 59 ans sont victimes de viols par an en France.
— Seulement 6% des agressions sexuelles sont déclarées à la police.
— Plus du tiers des femmes agressées sexuellement dans leur vie l’ont été avant l’âge de 15 ans (ENVEFF).
— En France une femme meurt tous les deux jours suite à des violences conjugales.
— D’après une étude suisse, plus d’une femme sur cinq a subi des violences physique et ou sexuelles dans le cadre d’une relation de couple…
— Dans le monde, une femme meurt toutes les sept minutes suite à un avortement clandestin.
— Le taux de suicide des jeunes est quatre fois plus élevé chez les lesbiennes.
— 63% des lesbiennes déclarent avoir été victimes de lesbophobie, le plus souvent dans l’espace public, la famille, le milieu amical, au travail… (enquête SOS Homophobie).
— La transidentité est toujours officiellement considérée comme une maladie mentale, et tous les trois jours une personne transgenre est assassinée dans le monde (trois assassinats par mois aux USA).
— En France, pour pouvoir changer de papiers d’identités, les personnes trans doivent se soumettre à une stérilisation.

Nous manifesterons contre toutes les violences faites aux femmes, qu’elles se passent dans l’espace public ou dans l’espace privé. La violence des hommes contre les femmes ne connaît ni classe, ni culture, ni religion, ni appartenance politique, en France comme ailleurs.

Nous manifesterons contre la peur et la culpabilité inculquées dans la culture et l’éducation des filles.

Nous dénonçons la répression policière et les lois d’exclusion qui rendent encore plus vulnérables aux violences masculines les femmes marginalisées.

Nous refusons la récupération de ces violences par les pouvoirs politiques à des fins racistes et de contrôle social, au nom de la «sécurité» (vidéo-surveillance, contrôles aux faciès, loi sur le racolage passif…).

Nous reprendrons l’espace public et la nuit par une pratique collective et autodéterminée sans drapeau, ni parti !

Nous manifesterons contre l’économie capitaliste qui écrase d’abord les femmes. Bas salaires, CDD, temps partiels imposés, harcèlement, violences et chantage : les patrons et les hommes rendent les femmes dépendantes de leur argent. 98% des propriétaires des moyens de production dans le monde sont des hommes, alors que 70% de la production est assurée par des femmes.

Nous désirons nous approprier nos corps et ses représentations, sans devoir se conformer aux injonctions de normes oppressantes, réductrices et stéréotypées, véhiculées dans tous les domaines.

Nous dénonçons les violences spécifiques faites aux lesbiennes parce qu’elles s’aiment, affirment leur existence, se réapproprient des espaces, échappent au contrôle des hommes.

Nous dénonçons également celles faites aux trans parce qu’illes ne rentrent pas dans la division binaire (homme/femme) de cette société patriarcale.

Nous voulons être libres de nos actes, de nos choix et de dire NON : où je veux, quand je veux et à qui je veux ! Riposte, autonomie et résistance !

Pourquoi en non-mixité ?

Pour exprimer notre force et notre parole en autonomie par rapport aux hommes, cette manifestation est organisée entre femmes, filles, lesbiennes, trans, pour toutes les survivantes, celles qui aiment les mini-jupes et les talons, celles qui ont le crâne rasé, celles qui veulent pas de relations sexuelles, celles qui sont en galère de fric, celles à qui on dit qu’elles se sont trompées de chiottes, celles qui s’inquiètent pour leurs filles, celles qui veulent pas que leur fils devienne un macho, celles qui n’ont pas de papiers, celles qu’en ont marre de se faire mater comme un bout de viande, celles qui vivent dans la rue, celles qui veulent embrasser leur copine dans le bus, celles qui sont racisées et exotisées, celles qui se sentent fortes, celles qui ont peur le soir, celles qu’en ont marre des mains au cul, les gouines et fières de l’être, les handies, les travailleuses du sexe, les féministes tant qu’il le faudra, celles qui portent le voile, celles qui ne se ressentent pas «être femmes», celles qu’en peuvent plus des blagues sur les blondes de leurs collègues, celles qui veulent se balader la nuit en admirant les étoiles… toutes celles qui reconnaissent des petits bouts de leurs vies dans ces violences et cette oppression.

L’alliance qui est proposée ici sans les hommes, est celle d’une solidarité entre personnes opprimées par un système patriarcal de domination des hommes sur les femmes. Celui-ci repose sur une division binaire en deux catégories hommes/femmes éduqué-e-s de manière stéréotypée. Le pouvoir et le contrôle des hommes se maintient entre autres par des agressions sexistes, lesbophobes et transphobes, la peur et la désinformation quant aux moyens de nous défendre. Nous désirons créer un espace de partage et de soutien face aux violences faites aux femmes.

Nous sommes fortes et fières, nous sommes solidaires et en colère ! Nous prenons la rue et la parole pour affirmer : la liberté de décider de nos vies partout et toujours ! Marchons la nuit, pour ne plus nous faire marcher dessus le jour !


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