Caen : Interruption de la Commission nationale du débat public sur le nouveau réacteur EPR de Penly
Hier [18 mai] était organisée à Caen une Commission nationale du débat public sur le nouveau réacteur EPR de Penly à 18 heures. Un dispositif policier était prévu pour empêcher d’éventuelles perturbations. Nous avons tout de même pu rentrer dans l’amphi du centre des congrès. Aux premiers mots du technocrate-en-chef de cette réunion, vers 18h45, les applaudissements ont commencé, l’empêchant ainsi de continuer son discours. Des mots se sont échangés entre la tribune et la foule. À 19h15 les responsables de la commission ont décidé d’annuler le simili-débat. Le vrai débat a eu lieu, à l’intérieur et dehors, ce qui fut bien plus riche d’après nous qu’un discours d’EDF sur les bienfaits de l’énergie de la mort. Ce tract a été distribué sur place :
La dictature c’est Ferme ta gueule,
Leur démocratie c’est Cause toujours !
Ce 18 mai à Caen a lieu un débat public sur l’EPR organisé par la CNDP (commission nationale pour le débat public). Dernier avatar en date en matière de technologie nucléaire, ce réacteur de troisième génération en cours de construction en France (Flamanville dans le Contentin) et Olkiluoto (en Finlande) fera l’objet d’un débat sur sa nouvelle implantation à Penly (Haute-Normandie). Il convient de dénoncer l’imposture démocratique qui caractérise un tel débat.
Est-il concevable en effet de discuter d’une technologie dont l’État a déjà planifié la construction ? Le débat public intervient en fait après des prises de décision officielles. Les contradictions qui pourraient alors émerger dans cet espace auront alors à faire face à un jargon scientifique, expert et bien rodé, incompréhensible pour le quidam. À l’occasion, ce dernier s’il émettait des doutes serait qualifié d’obscurantiste. Cet espace de débat, dont l’organisation est par ailleurs gérée par des boîtes de communication, vise donc à structurer l’opinion, obtenir l’assentiment des populations, prévenir et ou assécher toute tentative d’opposition aussi radicale soit-elle ; mais c’est également un espace publicitaire, une variable d’ajustement pour des projets lucratifs rassemblant experts, chercheurs, industriels et l’État.
En outre l’EPR est une technologie extrêmement dangereuse. Centrales et lignes à haute tension comportent des défauts connus de longue date. Nous savons, en effet, que la société nucléaire est par définition une société dangereuse : accidents majeurs (Tchernobyl, Three Mile Island…), rejets radioactifs (excès de leucémie autour de la Hague), ondes électro-magnétiques (lignes à haute tension). Seulement, au-delà des problèmes que l’EPR et plus globalement le nucléaire posent, c’est bien d’un monde social dont il s’agit. Le nucléaire est en effet au cœur de nos sociétés capitalistes et répond à la boulimie énergétique qui caractérise les pays industrialisés et l’élan qu’ils prirent au lendemain de la seconde Guerre mondiale. L’ère atomique révèle ainsi son caractère catastrophique par nature. Avec ses mines d’uranium où les mineurs sont exploités et livrés aux radiations, ses intérimaires transformés en viande à rem, ses bombes atomiques et ses missiles stratégiques, ses populations exposées aux retombées d’accidents ou plus quotidiennes, ses dictatures maintenues pour mieux piller des pays oubliés…
Parallèlement c’est au cours de ces derniers mois que le gouvernement français a décidé de relancer son programme nucléaire et de prolonger un monde catastrophile. Il tente pour cela de se doter d’un vernis démocratique : la tenue de débats en est alors l’illustration. Mais l’État n’a que faire des mécontents et fait fi, comme il l’a souvent démontré, en réalité des règles «démocratiques» qu’il s’est parfois lui-même fixé : non respect des arrêtés anti-THT, contre enquêtes publiques, débats anciens autour de l’EPR. Gestion du nucléaire et autoritarisme vont donc de pair. Faut-il rappeler, en effet, qu’à Caen lors du débat public sur les nano-technologies (technologies intimement liées à celle du nucléaire), un impressionnant dispositif policier s’est employé avec réussite à refouler de nombreuses personnes à l’entrée. Sanction également à ceux qui mènent l’action directe sur le terrain : procès pour les militants non violents du GANVA qui ont défié la nucléocratie en escaladant et en occupant deux pylônes de la ligne à très haute tension de Flamanville/Domloup.
Nous rejetons donc cette mascarade de débat. Nous n’aurons que faire non plus de l’emphase et des mots d’ordre des tenants d’une écologie co-gestionnaire. Leur opposition partielle et parfois factice tente de donner à la démesure capitaliste un visage plus humain ; oxymore grossier quand l’essence même du capitalisme est de tout «avaler» et détruire : vie, nature, culture et planète. Contre la société nucléaire et son monde organisons une riposte autonome, directe et déterminée.
Des électrons libres
Ayant des atomes crochus