Brigade Anti-Keufs relaxée
Poursuivi pour outrage, un créateur de vêtements relaxé
La marque BAK 93 propose des habits aux slogans antipoliciers. Le délit d’outrage n’a pas été reconnu jeudi par le tribunal de Bobigny.
Stéphane da Silva, le créateur de la marque de vêtements «street wear» BAK 93, a été relaxé par le tribunal de Bobigny jeudi après-midi. Il était poursuivi pour «outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique» et «provocation non suivie d’effet au crime ou délit». L’objet du délit ? BAK 93 est le sigle de «Brigade Anti-Keufs».
En juin dernier, le procureur de la République avait pourtant requis trois mois de prison avec sursis et une amende contre ce commercial de 36 ans, originaire de la Courneuve et installé à Angoulême. En face, son avocat avait défendu la liberté d’expression et exigé la relaxe.
La première affaire remonte à 2002, soit un an après la création de la marque. Des policiers déposent une première plainte contre ces tee-shirts, sweats et blousons à slogans, perçus comme insultants. Elle est classée sans suite. «Mais j’ai compris que mon message, qui ne visait que les policiers qui ne respectent pas leur code de déontologie, était maladroit. J’avais 10 ans de moins, je baignais dans l’ambiance cité», plaide Stéphane da Silva dans La Charente Libre.
Suite à cette plainte, il diversifie les slogans de ses vêtements et vise moins directement les policiers. Des pièces avec «brigade anti-korrompus», «anti-kok», «anti-kons», «anti-keufs korrompus» ou encore «anti-Kärcher» sont mises en vente. Avec différentes formes de provocations : une tête de mort, des balles et les trois lettres. «Moi, j’y vois le reflet de ce qui m’entoure», précise Stéphane da Silva.
Les syndicats de police, SGP-FO et Alliance en tête, dénoncent pour leur part un «appel au meurtre et à la violence». Ils déposent de nouvelles plaintes en 2004, 2005, 2006 et 2009. Stéphane da Silva résume ce que cette affaire lui a coûté : «Ces histoires, ça me bloque depuis 8 ans. J’y ai laissé 70.000 euros entre la marchandise saisie et les frais d’avocat».
En réponse au jugement, le syndicat Alliance dénonce l’utilisation des slogans anti-flics. «Peu importe la formulation ou le support sur lequel il est placé, s’attaquer verbalement aux policiers fait parler de la marque. C’est une publicité gratuite qui s’est banalisée».
Leur presse (Léa Lejeune, Le Figaro), 17 septembre 2010.
BAK 93, une marque en sursis !
Installé à Angoulême, le créateur de la marque BAK 93 est dans le viseur des syndicats de police. Demain, il saura s ’ il est condamné pour «outrage» par le tribunal de Bobigny.
Trois mois de prison avec sursis «plus je ne sais plus combien d ’amende». Pour «outrage», «intimidation», «incitation à la haine». C ’est ce que le procureur de la République de Bobigny a requis, en juin dernier, contre Stéphane da Silva. Résultat demain de cette énième procédure qui vise cet homme de 36 ans installé depuis désormais six ans à Angoulême.
Un délinquant chevronné et multirécidiviste, Stéphane da Silva ? Pas franchement. Son casier judiciaire porte trace d ’une seule condamnation, pour «travail dissimulé». Son problème, c ’est que sa marque de vêtement, «BAK 93» froisse les syndicats de police. BAK, trois lettres pour un détournement des brigades anti-criminalité et un cri d ’origine : «brigade anti-keufs». Un «Mort aux vaches» version 9/3.
Première plainte en 2002, finalement classée sans suite. «Mais j ’ai compris que mon message, qui ne visait que les policiers qui ne respectent pas leur code déontologie, était maladroit. J ’avais 10 ans de moins, je baignais dans l ’ambiance cité», plaide Stéphane da Silva.
Il rectifie le tir. BAK se décline par tous les cris de révolte : brigade anti-korrompus, anti-kok, anti-kons, anti-keufs korrompus, anti-Kärcher… Taquin, il avait aussi envoyé ses vœux du nouvel an dans tous les commissariats du 9/3. BAK pour «Bonne année les keufs».
Ça ne calme pas les syndicats de force de l ’ordre. Nouvelles procédures en 2004, 2005, 2006, 2009. De SGP/FO et Alliance en particuliers. Toujours pour la même chose : des T-shirts et leurs dessins. «Ces histoires, ça me bloque depuis 8 ans. J ’y ai laissé 70.000 euros entre la marchandise saisie et les frais d ’avocat. Plus une SARL radiée et un appartement perdu ! Ça fait cher pour du coton», dit-il, installé à la terrasse du François-Ier, à Angoulême.
Ça fait cher mais il en fait une affaire de principe. Sur ses T-shirts, les syndicats des forces de l ’ordre voient une tête de mort, des balles et les trois lettres qui leur hérissent le poil. Ils traduisent : appel au meurtre et à la violence.
Miroir du monde
Stéphane da Silva balaie : «Moi, j’y vois le reflet de ce qui m’entoure. Mes T-shirts ne sont que le miroir du monde. Les balles ? Il y en a trop dans les cités et ça m’inquiète, ça me fait peur ! La drogue, pareil. C’est ça mon message. Or, il est en permanence détourné par les syndicats policiers.» Il peut, aussi, être détourné par ceux qui portent ses T-shirts… «C’est possible ! Mais Smith&Wesson vend des armes : on ne les attaque pas pour tous les meurtres et les braquages. Alors pourquoi on m’attaque moi ?»
Il a deux trois idées derrière la tête pour se protéger. «Je projette de vendre mes T-shirts avec un mode d’emploi désormais.»
S’il a grandi à La Courneuve, en Seine-Saint-Denis, Stéphane da Silva partage depuis six ans la vie d’une Angoumoisine. «Je passe mon temps entre Paris et Angoulême. On a une petite fille de quatre ans, qui vit ici, en Charente. J’avais créé une entreprise avec l’envie d’entreprendre et à cause de ces histoires, je ne peux pas m’occuper correctement de ma famille. C’est ça le plus dur dans toutes ces procédures», dit-il. Il dénonce : «Je continue parce que c’est trop simple de prendre un mec comme moi, qui a grandi dans une cité de soi-disant non-droit et de lui coller sur le dos tous les clichés anti-flics ! Moi, je suis pour une police saine. Point barre. Je ne dénonce que les dérives de certains. À la rigueur, l’IGS devrait même me soutenir !»
Des mauvaises expériences avec les bleus, il en a à narrer. Des bonnes aussi. «Un policier rencontré lors d’une garde à vue pour les T-shirts est devenu un ami, un vrai.» Et à Angoulême ? «La seule fois où j’ai eu affaire à un policier ici, pour un contrôle routier, je l’ai félicité ! Il avait été super respectueux. Il était étonné que je le remercie.» Ce jour-là, BAK, c’était quasiment le «Bisounours aime les Keufs» !
Leur presse (Ismaël Karroum, La Charente Libre), 15 septembre.