Athènes : Transformons la place Syntagma en place Tahrir

Publié le par la Rédaction

TRANSFORMONS LA PLACE SYNTAGMA EN PLACE TAHRIR

 

Ce mercredi 23 février est jour de grève générale et de manifestations dans le centre d'Athènes. Plus le temps passe, plus il devient évident que les grèves générales appelées par les bureaucrates de la GSEE et de l'ADEDY ne sont pas seulement des coups d'épée dans l'eau, mais aussi des occasions de relâcher ponctuellement la soupape du mécontentement et de la rage sociale : depuis l'émission de slogans qui ne mangent pas de pain jusqu'à des pratiques plus concrètes comme s'approcher du Parlement, se battre avec la police anti-émeute ou jeter pierres et cocktails molotov sur les forces de répression.

 

11 mars 2010

 

Cet aspect de défouloir ponctuel et vain nous est confirmé par le fait que la question d'une Grève Générale Illimitée n'a jamais été évoquée. Il nous est de nouveau confirmé par le choix "mystérieux" des dates de ces grèves générales. Et il nous est finalement confirmé par l'énorme délai entre une grève et la suivante (la dernière remonte à plus de deux mois).

 

Après chaque manifestation, même s'il y a eu énormément de monde, de l'agitation et de violentes confrontations, la même question demeure : "Et maintenant ?"

 

Cependant et dans le même temps, ce choix des autorités est un jeu avec le feu. La situation va-t-elle rester à un niveau "acceptable", limitée dans le temps et dans l'espace, ou au contraire va-t-elle quitter ces étroites limites et s'échapper pour prendre le caractère imprévisible d'un feu de forêt, voilà qui reste à chaque fois incertain.

 

Ce mercredi, nous pourrions essayer quelque chose de légèrement différent, en mettant à profit les révoltes du monde arabe, comme en Égypte par exemple. Nous pourrions montrer beaucoup plus de retenue et de patience que ce que l'État imagine. Nous pourrions inonder avec des milliers de manifestants la place Syntagma. Nous pourrions encercler le Parlement et attendre.

 

Tenir et ne pas se retirer.

 

Nous pourrions transformer la place Syntagma en place Tahrir.

 

Et à partir de là, voir ce qu'il se passe...

 

Ce n'est pas seulement au Maghreb ou au Moyen-Orient que la révolte doit se répandre, mais à travers la planète.

 

Rendez-vous ce mercredi à 11h au Musée Archéologique d'Athènes.

 

Traduit du grec (Ρεσάλτο) et communiqué au JL le 22 février 2011.

 

 

What they fear is our permanent presence in public space – a report from Syntagma square tonight

 

I just came back from Syntagma Square. The sight of it tonight was surely not what most of us would have hoped for: even if during the day (for the first time ever) protesters attempted to hold on the square, riot police would clear off wave after wave after wave of protesters. I went home, I got some rest, I went back. There they were, tiny groups of people still massing up, trying to walk up the stairs leading to the courtyard outside parliament. “Thieves, thieves”. People who had never met each other before. People who saw this as a game, almost. I see around twenty of them gather around a fountain. They decide they should poke some fun at the police standing opposite them all serious, ever-watching. They pretend they are going to bypass their row and head for a left exit from the square. Within minutes, I count five police cars spinning to the scene: “Everyone to the Police HQ, everyone is being detained”.

 

Is this surprising, extreme? With the events unfolding over here in the past few days and weeks – not really.  Why are people not allowed to congregate at Syntagma anymore? The explanation is easy enough: they understand that it only takes a tiny bit for enough people to be empowered and to create a snowstorm in return. Our struggle must now be precisely at trying to occupy and keep public space, to become fully visible. There were a few thousand of us this morning at Syntagma who seemed to have realised that. There were another twenty or so who realised it, the hard way, tonight. As we grow in numbers, as we become more and more visible, we start building confidence that just about anything is possible. Today was a good start.

 

From The Greek Streets, 24 février.

 

 

23 février 2011

 

 

La grève générale en Grèce en direct

 

20h07 (GMT+2) : Athènes : Les choses se sont pour le moment calmées et la foule a été dispersée. Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées aux Propylées (acropole) et tiennent une assemblée. 23 arrestations sont confirmées, 9 de ces personnes sont poursuivis (garde à vue). Des photos et vidéos seront ajoutées bientôt.

 

18h35 (GMT+2) : Une foule de centaines de personnes a arraché les bancs de la place Syntagma pour nourrir un feu face au Parlement. La police a essayé de disperser le rassemblement en entourant les manifestants en les menaçant, mais ils ont tenu pied. Un certain temps après, les flics ont dispersé la foule en formant un cordon autour d’eux, les chassant agressivement, les attaquant avec des gaz lacrymogènes et les tapant.

 

17h37 (GMT+2) : Athènes : Après un court répit, il y a eu au moins un autre affrontement sur la place Syntagma. La police a essayé de disperser la foule qui était calme. Une personne a été frappée par au moins 10 flics et a été arrêtée. La tension est montée d’un cran et la station de métro Syntagma est à nouveau fermée.

 

16h50 (GMT+2) : Athènes : L’appel au rassemblement place Syntagma est fixé à 19h. Confirmation que 6 manifestants ont été blessés. Policiers anti-émeutes et flics à moto se rassemblent avenue Alexandre Dumas.

 

Volos : Il y a eu trois manifs et un total de 3 à 4 000 personnes.

 

16h30 (GMT+2) : Athènes : Un manifestant a été gravement brûlé par une capsule de gaz lacrymogène et a été transféré à l’hôpital. Son genou est dans un état grave. A cette heure, 20 détentions et 4 ou 5 arrestations ont été confirmé. Un voltigeur en moto a tenté de frapper un manifestant mais les deux flics ont été attaqué à coups de cocktails molotov et leur moto a été réduit en cendre. Les manifestants essayent d’organiser un concert ce soir sur la place Syntagma. La plupart des gens resteront sur la place.

 

Thessalonique : 100 à 200 personnes se dirigent vers le commissariat d’Aristotelous en solidarité aux personnes retenues là-bas.

 

16h10 (GMT+2) : Athènes : Les flics ont pour l’instant dégagé une grande partie de la place Syntagma en attaquant avec des gaz lacrymo et des flics en moto. Les gens commencent à revenir. Un appel a été lancé, par mégaphone, à une assemblée ce soir devant le Parlement. La station centrale du métro a été réouverte.

 

15h38 (GMT+2): Athènes : Des milliers de personnes se rassemblent place Syntagma, où un cordon de policiers protège le Parlement. L’appel a été lancé de revenir place Syntagma. Au moins 30 personnes ont été arrêtée devant le Ministère des Affaires Etrangères. Les autorités du Rectorat tiennent une réunion pour préparer la violation de l’asyle universitaire. Une foule se rassemble place Omonoia et se prépare à marcher vers la place Syntagma. Les stations de métro du centre ont été fermé par la police.

 

15h23 (GMT+2): Manifestations dans plusieurs villes du pays : Thessalonique, Patras, Ioannina, Kozani, Agrinio, Naxos, Rethymno, Volos, Arta, Heraklion, Larisa, Serres, Kefallonia, Mytilene… A Drama, l’hôtel de ville a été occupé par des manifestants.

 

15h05 (GMT+2): Différents blocs se rassemblent devant le Parlement et interpellent les manifestants à les rejoindre. Les gens d’Exarchia tentent de faire une assemblée. Beaucoup disent que le défilé est aussi énorme que la manif du 5 mai 2010 (250 000 personnent). Des centaines de manifestants sont encore dans les rues proches d’Exarchia et de Propylaea et tentent de rejoindre la place Syntagma. De très nombreux flics anti-émeutes bloquent les rues. À maints endroits dans Athènes, les manifestants caillassent les flics et eux répondent par des gaz lacrymo et des grenades assourdissantes. Le nombre d’arrestations est inconnu. Les stations de métro du centre sont fermés. Une foule très diverse occupe encore la place Syntagma.

 

14h28 (GMT+2): Thessalonique : Les flics essayent de casser la manif à l’aide de nombreux gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. De nombreux distributeurs de banque ont été détruits, et les affrontements continuent sur la place Aristotelous et dans les rues alentours.

 

14h10 (GMT+2): Athènes ressemble à une chambre à gaz. Il y a des affrontements violents partout, et beaucoup de manifestants ont été blessé, y compris des plus âgés et des handicapés. De nombreux flics en civils masqués mais les gens sont encore dans la rue et se défendent.

 

13h57 (GMT+2): Athènes : Les gaz lacrymo ont scindés la manif en plusieurs morceaux. Il y a des affrontements dans tout Athènes et on fait état de nombreuses motos des flics delta en feu. Plusieurs arrestations arbitraires. Les gens cherchent à attaquer le ministère des finances à Syntagma.

 

13h40 (GMT+2): Athènes : des centaines de personnes se sont rejoints sur la place Syntagma. Tentative de dispersion de la foule à l’aide de gaz lacrymogène. Des molotovs ont été lancé sur les flics anti-émeutes devant le Parlement.

 

12h53 (GMT+2): La manifestation est l’une des plus importante qu’a connue Athènes ces dernières années. Beau temps et bon esprit. Les gens se dirigent tranquillement vers la place Syntagma.

 

12h50 (GMT+2): Athènes : La manif est énorme. Certains disent qu’il y a plus de monde que les manifs de grève générales de l’an passé. Le président corrompu de la GSEE (Confédération Générale des Travailleurs Grecs), Panagopoulos, a été pris à partie par des manifestants. Le PAME (le syndicat affilié au Parti Communiste stalinien) organise comme à son habitude un défilé séparé, où il y a également plusieurs centaines de personnes. La tête de la manif a déjà rejoint la place Syntagma (devant le Parlement) alors que la fin n’a pas encore décollée. Les flics ont civils ont arrêtés beaucoup de personnes portant des sacs.

 

12h30 (GMT+2): Athènes : Détentions « préventives » de travailleurs de syndicats de base. Des centaines de gens se réunissent quand même. Beaucoup de flics en civil à Exarchia et dans les rues alentours.

 

Thessalonique : des flics en civil ont été chassé par les manifestants. De nombreuses caméras de surveillance ont été détruites alors que la marche commençait.

 

Patras : Peut-être plus de 4000 personnes marchent dans les rues centrales de la ville. De nombreux immigrés ont rejoint le cortège.

 

12h00 (GMT+2): Des centaines de personnes se réunissent dans les centres d’Athènes, Patras, Thessalonique… Les défilés n’ont pas commencé et les gens continuent à affluer. Des centaines de flics (police anti-émeutes, flics « delta » à moto, flics en civil) se déplacent également vers les rassemblements, essayant de terroriser les personnes qui y viennent. D’après les autorités, des forces de police de l’extérieur de la capitale ont rejoint Athènes.

 

From The Greek Streets, 23 février.

 

 

Affrontements sur fond de grève générale en Grèce

 

Des heurts ont opposé mercredi la police grecque à des manifestants alors qu'environ 100.000 travailleurs, étudiants et retraités défilaient à Athènes en direction du Parlement hellénique dans le cadre d'une grève nationale contre la politique de rigueur du gouvernement.

 

La police anti-émeute a fait usage de gaz lacrymogènes et de bombes éclairantes contre des manifestants qui lançaient des cocktails Molotov, enfumant la place Syntagma d'Athènes où des grévistes couraient se mettre à l'abri.

 

Ce débrayage de 24 heures, observé par les employés du public et du privé, a paralysé les transports publics et aériens et entraîné la fermeture des écoles. Un service minimum était assuré dans les hôpitaux. Il s'agissait de la première grève nationale de l'année contre la réduction des dépenses publiques.

 

Environ 100.000 personnes ont traversé la capitale en scandant "Nous ne paierons pas" et "Pas de sacrifice pour la ploutocratie". Selon des sources policières et des témoins, ce défilé est le plus important observé dans le pays depuis les émeutes de décembre 2008, qui durèrent plusieurs semaines.

 

Les policiers ont tiré des gaz lacrymogènes à plusieurs endroits pour disperser des manifestants qui leur lançaient aussi des pierres et des bouteilles de plastique. Les boutiques avaient baissé leurs rideaux et les hôtels du centre d'Athènes verrouillé leurs portes.

 

35 BLESSÉS, 26 ARRESTATIONS

 

Quinze policiers et dix civils ont été blessés, dont un journaliste touché sans gravité par un cocktail Molotov, ont indiqué des responsables de police. Vingt-six manifestants au moins ont été arrêtés.

 

Des contestataires ont arraché des plaques de marbre pour s'en servir de projectiles contre les forces de l'ordre. D'autres ont mis le feu à des poubelles, endommagé des arrêts de bus. Sur une banderole noire déployée devant le Parlement, on lisait "Nous sommes en train de mourir".

 

"Ça suffit ! Toutes ces hausses d'impôts tuent nos entreprises et nous devons licencier", a dit un patron de bar, Costas Loras, 42 ans.

 

L'an dernier, le gouvernement socialiste a dû baisser les salaires et le montant des retraites et augmenter les impôts, dans le cadre du plan de réduction des dépenses et des déficits publics engagé avec l'Union européenne et le Fonds monétaire international (FMI), en échange d'un prêt de 110 milliards d'euros qui a sauvé la Grèce de la faillite.

 

L'UE et le FMI ont donné leur feu vert début février au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 15 milliards d'euros qui viennent s'ajouter aux 38 milliards déjà reçus par la Grèce. Mais ils ont réclamé d'autres réformes structurelles.

 

"Ce traitement est pire que la maladie, cela enrichit les riches et appauvrit les pauvres", affirme Yannis Panagopoulos, président du syndicat GSEE, le plus important du pays. "Nous continuons le combat, nous n'arrêterons pas."

 

Selon les analystes, le mouvement de grève ne devrait pas inciter le gouvernement à infléchir sa politique.

 

"Les gens ont démontré une fois encore leur opposition aux mesures d'austérité. Mais quelle que soit la taille de ces manifestations, elles ne peuvent pas modifier la politique gouvernementale", note Costas Panagopoulos, chef de l'institut de sondage Alco. "Mais la majorité des Grecs estiment que la charge n'est pas répartie équitablement et c'est un problème".

 

Les syndicats GSEE (secteur privé) et Adedy (public), qui représentent environ 2,5 millions de salariés, soit la moitié des travailleurs grecs, estiment que les mesures d'austérité nuisent à l'économie.

 

Le chômage a atteint un taux record de 13,9% en novembre et le PIB grec s'est contracté de 4,5% en 2010.

 

Leur presse (Reuters), 23 février.

 


Publié dans Grèce générale

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article