Athènes : réactions à la répression
La répression massive lors du 36e anniversaire du soulèvement étudiant de 1973 à Athènes a été suivie de réactions multiples des étudiant-e-s, des élèves et même de certains recteurs. En attendant, la farce de la lutte anti-guérilla s’est une fois de plus ridiculisée lorsque la dernière fille arrêtée fut relâchée par manque de preuves.
Au lendemain de la répression de masse, qui a vu l’arrestation de 277 personnes rien que pour Athènes, et l’arrestation de 13 autres dans tout le reste du pays, la réaction à cette répression s’est exprimé le 18 novembre.
Tôt dans la matinée, les élèves d’un lycée (à Exarcheia) se sont réunis devant le tribunal où 9 prisonnier-e-s sont enfermé-e-s. La vue de quelques centaines d’adolescent-e-s agé-e-s de 14 à 17 ans scandant des slogans entouré-e-s par la police anti-émeute a porté un coup à l’image du gouvernement. Les élèves se sont rassemblés devant le palais de justice où leurs camarades ont été interrogés. Dans le même temps un groupe d’anarchistes, en solidarité avec les 9 et la jeune fille accusée d’appartenir à la «conspiration des cellules de feu», sont venus manifester devant le palais de justice. La situation a évolué jusqu’à l’affrontement avec les forces de police quelques heures après que Antigone, la jeune fille de 22 ans, ait été finalement relâchée. Ce qui avait été présenté comme une victoire du ministère de l’Ordre public s’est finalement effondrée lorsqu’il est apparu que le seul élément de preuve contre Antigone était une empreinte digitale retrouvée sur un verre. Cette preuve n’a pas été jugée suffisante par le tribunal. De plus, elle était accusée d’avoir pris part à une attaque à la bombe au moment même où elle était assise dans une classe d’école pour un examen ! Jusqu’au moment de la rédaction de cet article il n’est pas encore certain que les 9 arrêtés de la nuit du mardi au mercredi dernier resteront en détention jusqu’à leur procès, mais cette possibilité est peu probable étant donné qu’ils sont presque tous mineurs. À noter qu’il y a des témoignages dénonçant les brutalités policières lors des arrestations.
Entre-temps, les étudiant-e-s de l’Université des Sciences Sociales d’Athènes (Pantheios) ont occupé le siège rectoral de leur école comme une réponse à la collaboration du recteur avec la police. Une collaboration qui avait conduit à la fermeture de l’école pendant 4 jours pour l’anniversaire du soulèvement étudiant de 1973. Voici le communiqué des occupant-e-s :
«La junte n’a pas pris fin en 1973. Le syndicat étudiant de Panteios avait prévu une assemblée générale pour le vendredi 13 novembre. Le recteur de notre école, Tsiris, sous la menace du ministère “pour la protection des citoyens” a décidé de fermer l’école, conduisant à l’annulation des cours et interdisant l’assemblée générale. Quel genre de démocratie nous prêchent-ils ? et où est l’autonomie des universités lorsque les décisions du recteur lui sont soufflées par la police ? Vendredi matin, Panteios a été encerclé par la police, interdisant ainsi l’accès des étudiant-e-s à leur école. Tsiris, avec l’aide du DAP et du PASP (conservateurs et socialistes) ont tenté de proclamer le dogme Chrisochoidis à l’intérieur de l’université et ce de la manière la plus brutale. Ils semblent terrifiés à l’idée d’une nouvelle mobilisation étudiante, voilà pourquoi toute cette répression. 36 ans après l’invasion de l’école Polytechnique par les chars, la répression reste la même. Autrefois elle était le produit de l’armée de la dictature, aujourd’hui elle est celle de la police de la démocratie. Mais la répression ne restera pas sans réponse. Nous occupons le siège du recteur de Panteios, et nous l’accusons de collaboration avec la police.»
À Polytechnique, c’est un tout autre drame politique qui se joue. Le recteur et les trois sous-recteurs de l’école ont présenté leur démission en signe de protestation suite aux persécutions qui leur a été faites en permettant l’accès du site Indymedia Athènes sur son serveur. La persécution touche également le ministère de l’Éducation qui se lave les mains en faisant valoir la liberté d’expression. L’annonce du mandat du recteur est ainsi libellé : «Une fois encore l’école Polytechnique est au centre d’attaques coordonnées pour avoir supporter le fardeau du plus haut principe : le libre échange des idées. Cette fois l’attaque a été portée par des questions au parlement (notamment par le LAOS) durant la période pré-électorale. Ces questions ont activé une série d’interventions de la Société nationale des télécommunications (OTE) qui ont pour résultat la persécution des autorités du rectorat par l’État pour manquement au devoir et pour l’encouragement de la tolérance (…) L’école Polytechnique est la seule qui peut décider de ce qui sert à “des fins éducatives et de recherche”. Élle ne recours par à la censure préventive ou répressive quel que soit le fossé idéologique et politique qui pourrait nous séparer des avis exprimés sur les sites comme Indymedia Athènes.»
La direction du recteur de l’école Polytechnique a été dénoncée pour son mépris par le parti fasciste au Parlement (LAOS). M. Polyzos, sous-recteur de l’école accuse le gouvernement pour sa politique fasciste envers Indymedia, une politique dictée par le LAOS.
En attendant les procès d’une personne arrêtée à Salonique et de quatre personnes arrêtées dans Irakleio lors des affrontements de cette semaine ont été reportés à vndredi. Les avocats font valoir que plusieurs des personnes arrêtées dans Irakleio sont sérieusement blessées au visage en raison de la brutalité policière.
Enfin dans un communiqué au journal Pontiki, la Lutte révolutionnaire a annoncé qu’elle n’est pas liée à l’attaque contre le poste de police d’Agia Paraskevi, ni avec les «voleurs en noir», un groupe supposé anarchiste de voleurs de banque, fabriqué comme tel par les médias, pour lesquels trois anarchistes sont recherchés et ont un mandat de 600.000 euros sur leur tête.
Bellaciao, 19 novembre 2009.