Après les luttes de cet hiver, quelques nouvelles des femmes qui étaient emprisonnées à Yarl's Wood
Quelques nouvelles des femmes qui cet hiver ont mené une lutte au centre de rétention de Yarl’s Wood au Royaume Uni.
Au jour d’aujourd’hui (15 juin 2010), une trentaine d’anciennes grévistes de la faim ont été libérées. Elles ont toutes passé de longs mois enfermées et une femme était détenue depuis un an et demi.
Mme K. qui était emprisonnée à la prison d’Holloway a été libérée en avril. Elle avait été désignée comme la meneuse du mouvement par les gardes et envoyée en taule. Elle était arrivée au RU en 2005 après avoir fui le Nigéria parce qu’elle était battue par son oncle et parce qu’elle avait refusé d’être excisée. En 2009 elle est arrêtée et condamnée à 14 mois pour possession de biens criminels (?) parce qu’elle avait plusieurs centaines de livres sur son compte (qui provenaient de la vente de la maison de ses parents). Alors qu’elle est en prison, elle fait une demande d’asile. Elle est ensuite envoyée à Yarl’s Wood. «Ma libération est la preuve que notre grève de la faim a conduit à des victoires. On se sentait totalement isolées et oubliées, détenues indéfiniment sans jugement, souvent physiquement et mentalement mal. Beaucoup des femmes enfermées étaient des mères, comme moi, et souffraient de la séparation d’avec leurs enfants. On n’aurait jamais tenu pendant la grève s’il n’y avait pas eu un soutien extérieur et je voudrais remercier tout particulièrement ces femmes [Black Women’s Rape Action Project] qui ne m’ont pas lâché quand j’avais perdu tout espoir. Quatre anciennes grévistes sont toujours en prison. Et je ne pourrai être tranquille tant qu’elles ne seront pas libres.»
Mme D. a aussi été libérée en avril. Elle vit au RU depuis 23 ans. Ça faisait 18 mois qu’elle était enfermée au moment où a commencé la grève de la faim. Elle était d’abord en prison puis a été transférée à Yarl’s Wood. «Notre mouvement et le soutien qu’il a eu a changé ma vie. J’étais dans la crainte d’une expulsion et d’une séparation d’avec ma famille. Et aujourd’hui je suis de nouveau chez moi avec mes enfants. Le soutien que nous avons reçu a été déterminant quand nous étions en grève et de la faim et pour la suite.» Mme D. a été libérée il y a un mois. Immédiatement, elle a été obligée de quitter son appartement parce que son propriétaire a exigé qu’elle couche avec lui. Elle est aujourd’hui dans un lieu sûr et elle espère que la Cour va accepter sa nouvelle adresse.
Mme A. a été libérée en mai mais avec une citation (?). Ça faisait 6 mois qu’elle était au centre au moment de la grève de la faim. Elle a refusé de manger pendant 6 semaines. Elle était arrivée à Yarl’s Wood après avoir passé 6 mois en prison pour «travail sans papiers». Toutes ses demandes de remise en liberté étaient tombées dans l’oreille d’un sourd jusqu’à la grève de la faim.
Mme J., originaire de sainteLucie, qui avait témoigné dans la presse pendant le mouvement, a été libérée sous caution après avoir passé près de 7 mois à Yarl’s Wood.
Mais, Mme O., Jamaïcaine, homosexuelle, est toujours retenue. Le Home Office a gagné son appel contre la décision de la cour qui voulait la libérer. Ses avocats ont fait appel, sur les preuves évidentes de violence qu’elle subirait en cas de retour dans son pays.
7 anciennes grévistes de la faim sont toujours enfermées à Yarl’s wood et 4 sont encore en taule.
Deux grévistes ont été expulsées :
Mme P. a été expulsée au Nigéria il y a 2 semaines. Elle s’était enfuie au RU à la suite de violences domestiques extrêmes qui ont abouti à une hospitalisation de 3 mois. Dans le centre, elle aidait les autres femmes à faire leurs démarches et le mot s’est rapidement répandu, de nombreuses retenues frappaient à sa porte pour obtenir un coup de main.
Mme S. a été expulsée il y a 3 semaines. Elle était une des quelques Chinoises à parler très bien anglais et a ainsi permis de maintenir la cohésion du groupe en dépassant les barrières des langues. Les Chinoises et Vietnamiennes protestaient en particulier contre le fait que la traduction leur était systématiquement refusée. Certaines d’entre elles ne savaient même pas que leurs demandes d’asile avaient été rejetées.
Toutes les deux avaient engagé des poursuites contre les autorités de Yarl’s Wood.
Une collecte a été lancée pour essayer de les faire revenir au Royaume Uni.
Liste de diffusion Migreurop
(Source : No Borders Brighton), 17 juin 2010.