Après la Tunisie... la Galaxie !!!
Le soulèvement continue en Tunisie. Il a déjà fait tomber le clan Ben Ali en à peine un mois. La bourgeoisie — locale et mondiale — a lâché cette famille. Continuer à soutenir un régime aussi haï devenait problématique pour la bonne marche des affaires. Mais elle ne l’a fait qu’en dernière extrémité, contrainte par la révolte populaire.
La presse martèle que l’essentiel des pillages et violences est le fait de miliciens benalistes et autres «méchants casseurs». Mais, sans avoir tous les éléments, on peut dire que ces miliciens jusqu’au-boutistes ne sont qu’une minorité des cohortes de flics du régime déchu. En gros, il s’agit des porcs les plus compromis dans la répression et les intérêts du clan. Ils ne peuvent donc pas retourner leur veste aussi facilement que leur anciens collègues et amis. Et le nouveau régime ne les mettra certainement pas tous au chômage, il n’y a pas d’État sans police. Insister autant sur leur rôle et sur un climat de guerre de tous contre tous a pour but de justifier la restauration de l’ordre.
De plus, on a bien vu que des attaques massives contre la marchandise et les biens ont eu lieu depuis le début du mouvement, menées par des prolétaires, jeunes ou pas, femmes ou pas ! Qu’il s’agisse de grands magasins, de villas et voitures de luxe, d’affrontements… Il s’agit là de nécessités de survie, aussi bien que de vengeance sociale. Un soulèvement, une insurrection, une révolution, ne peuvent que donner lieu à des attaques contre la propriété, les bourgeois et ceux qui les défendent.
Pour les idéologues démocrates, surtout de gauche, le peuple est magnifique quand il permet à une partie de la bourgeoisie d’en remplacer une autre (surtout s’il s’agit d’eux-mêmes !). Par contre, s’il continue sur la lancée de sa révolte et met réellement en danger les intérêts capitalistes, il devient un chien enragé à abattre.
Comme beaucoup de Tunisiens, on se réjouit qu’un dictateur ait été foutu en l’air et, avec lui, la chape de plomb policière avec laquelle il gouvernait : dizaines de milliers de flics et d’indicateurs, torture et censure généralisée… Encore une fois, on nous présente la démocratie comme la seule suite logique d'une insurrection. Mais dictature et démocratie ne diffèrent pas par nature, seulement par les modalités de fonctionnement de l’État. Elles ne sont que les deux facettes d’un même système. L’État moderne, quel qu’il soit, est indispensable à la perpétuation de la société de classes capitaliste, dont l’exploitation est le cœur.
Contrairement aux dictatures, les démocraties disposent de nombreuses instances de médiation qui ont pour but de canaliser, dévier, atténuer la violence sociale et le conflit de classes. Ainsi, le droit de vote prétend donner à chacun la possibilité de choisir ce qu’il veut vivre ; en réalité, les diverses offres politiciennes ne peuvent que mener la politique du capital à quelques nuances près. Les libertés d’expression, de manifestation et de grèves ne sont permises que dans la mesure où elles n’atteignent pas trop le cœur du problème.
La situation en Tunisie est loin d’être stabilisée. Et d’ores et déjà, dans plusieurs pays proches à divers égards, des événements font écho — au Maghreb comme au Moyen-Orient. En Europe, les quelques améliorations arrachées par les luttes, sautent une à une. Les conditions de vie sont de plus en plus dures ; de nombreux mouvements sociaux, émeutes, etc. répondent à leurs plans d’austérité drastiques. C’est toute l’évolution du système qui a généré une exploitation plus dure. Les tensions sociales en sont forcément accrues, ce à quoi les États, y compris démocratiques, ont dû et devront répondre par une répression plus forte et une gestion sécuritaire généralisée. La crise majeure des dernières années accélère et intensifie ce processus. Et il n’y a aucun doute sur le fait que lorsque les intérêts des classes dirigeantes seront vraiment en danger elles seront prêtes à tout pour les défendre. La nécessité de lutter, pour connaître autre chose que l’exploitation et la domination, se fait de plus en plus criante.
C’est eux ou nous !
Mercredi 19 janvier 2011.