Affaire de Tarnac : le comité de soutien entre en résistance
Le comité de soutien de Tarnac y est allé à son tour de sa conférence de presse, présentée comme une réponse à l’arrestation de Christophe B…, mardi.
Action, réaction. Après les parlementaires et les avocats de la défense, c’était au tour des membres du comité de soutien de Tarnac d’organiser, ce jeudi, leur conférence de presse. Les premiers ont évoqué les failles de l’instruction ; les seconds leur situation sur le plateau depuis le 11 novembre dernier.
Un an après le début de l’affaire, la bataille médiatique fait de nouveau rage. Le comité de soutien y participe, renforçant l’idée que la lutte n’est pas seulement judiciaire mais aussi politique.
«Reprendre les mains»
Michel Gillabert, son président, est persuadé qu’au travers de l’arrestation de Christophe B…, mardi, le juge Fragnoli «cherche à reprendre la main dans les médias» étant donné que «tous les éléments centraux du dossier sont en train de s’écrouler, que ce soit le témoignage sous X ou la filature de Julien et d’Yldune».
"Grotesque et grossier"
Alors, à sa manière, le comité contre-attaque avec une conférence de presse aux allures de tribune. Thierry Letellier, le maire de La Villedieu (Creuse), évoque «une surveillance policière accrue», «des voitures banalisées qui se promènent sur le plateau», «des fouilles de véhicules». Le signe, selon lui, que les gendarmes font du «zèle et qu’on leur met la pression». Il dénonce encore des écoutes téléphoniques qui se poursuivraient depuis les arrestations. «À la limite, je peux comprendre qu’il y ait une surveillance. Mais là c’est grotesque et grossier de mettre ainsi la pression sur les gens qui soutiennent les mis en examen», souligne Thierry Letellier. Pour le comité, sous le couvert de l’antiterrorisme, c’est une «police politique» qui se met en place.
Les deux hommes estiment que la limite «du tolérable a été atteinte». Les proches des neuf songent à s’organiser en cas d’autres interpellations, pour au moins «montrer notre solidarité et tenter de faire barrage à ces arrestations».
Surtout, ils affirment être prêts à se mettre hors la loi. «Il y a toujours neuf personnes assignées à résidence [?] qui veulent toutes revenir ici. Nous, on est prêts à les accueillir et à assumer le fait qu’elles n’aillent pas pointer tous les jours ou toutes les semaines [?] À eux de prendre cette décision, mais ici les gens sont prêts à les aider à se soustraire à ce contrôle», prévient Thierry Letellier. Voilà qui devrait plaire au juge Fragnoli.
Leur presse (Michaël Nicolas, La Montagne), 26 novembre 2009.
Tarnac : prolongation de la garde à vue du jeune homme interpellé mardi
La garde à vue du jeune homme interpellé mardi à Tarnac (Corrèze) dans le cadre de l’enquête sur des sabotages au préjudice de la SNCF a été prolongée mercredi soir de 48 heures, a-t-on appris jeudi de sources proches du dossier.
Le jeune homme, susceptible d’appartenir au «groupe de Tarnac», avait été interpellé à son domicile mardi matin et son domicile perquisitionné. Il est interrogé dans les locaux de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) à Levallois (Hauts-de-Seine).
À l’issue de sa garde à vue, qui peut atteindre 96 heures dans les affaires de terrorisme, il peut être remis en liberté ou présenté au juge d’instruction en vue d’une éventuelle mise en examen.
Le jeune homme, compagnon de Manon G…, jeune femme mise en examen dans l’affaire pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, avait déjà été interpellé le 11 novembre 2008 puis relâché sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.
La justice enquête depuis le 11 novembre 2008 sur des sabotages de lignes TGV attribués à un groupe de jeunes basés à Tarnac (Corrèze) et réunis autour de Julien Coupat, brillant étudiant.
Les avocats des mis en examen ont dénoncé mercredi la façon dont est menée l’enquête, faisant état de «présomptions très sérieuses de falsifications» par les enquêteurs et dénoncé un «florilège de manipulations».
Leur presse (AFP), 26 novembre.