À propos d'un référendum nucléaire
Nucléaire : les écologistes qui demandent «un débat» ou «un référendum» n'ont RIEN COMPRIS - La seule chose à revendiquer est la fermeture la plus rapide possible des réacteurs nucléaires
Le gouvernement français n'est pas le seul à ne pas prendre la mesure de l'ampleur du drame nucléaire en cours au Japon : c'est la pire catastrophe nucléaire de tous les temps, au delà même de celle de Tchernobyl, du fait du nombre de réacteurs en perdition.
En effet, de curieux écologistes, tout en reconnaissant la dangerosité extrême du nucléaire, se laissent aller à des revendications d'une incroyable mollesse, en demandant «des débats», ou «un référendum», ou «une sortie du nucléaire en 30 ans».
La palme est une fois de plus obtenue par Nicolas Hulot, dont la fondation est largement subventionnée par EDF. Cet «écologiste» promu par TF1 se contente de demander… un «grand débat sur le nucléaire». C'est risible.
De la même manière, des représentants de l'écologie politique demandent une sortie du nucléaire… en 20 ans, 25 ans, ou même 30 ans. Il s'agit d'une véritable forme de négation de la réalité du risque nucléaire puisque cette revendication revient à accepter ce risque pendant encore des décennies.
Par ailleurs, la revendication d'un référendum revient à laisser la main aux pronucléaires qui disposent de moyens gigantesques pour modeler l'opinion publique en agitant le spectre de la pénurie.
Il n'y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire en France, pourquoi en faudrait-il un pour prendre acte de la catastrophe en cours au Japon et décider de sortir du nucléaire ?
Pourtant, les réacteurs nucléaires français arrivent à 30 ans d'âge, la durée de vie prévue à l'origine. EDF se prépare à investir 35 milliards d'euros pour rénover ces réacteurs : il faut d'urgence stopper ce processus et reverser ces sommes dans les programmes alternatifs.
Chacun doit comprendre que tout a changé sur la question du nucléaire : il n'est plus temps de polémiquer sur le prix de l'électricité nucléaire ou sur la supposée indépendance énergétique. Il n'est plus temps de se demander s'il est possible de sortir du nucléaire : c'est possible mais surtout c'est indispensable… et en toute urgence.
C'est à la population de signifier aux dirigeants français, aveugles et sourds, et aux ridicules «écologistes cathodiques» (Hulot, Arthus-Bertrand) qu'ils doivent cesser leurs manœuvres dilatoires : il faut décider immédiatement de s'engager dans la sortie du nucléaire, fermer dans les jours qui viennent les réacteurs les plus vieux, et programmer la fermeture rapide des autres, par exemple lorsqu'ils arrivent à 30 ans d'âge, c'est à dire leur durée de vie prévue à l'origine.
Observatoire du nucléaire, 14 mars 2011.
Au Japon comme partout, le nucléaire est à stopper immédiatement
Le développement des transports, réseaux ferrés, routiers, aériens, fluviaux et maritimes, a permis aux marchandises de gagner des marchés. Sans eux, l’expansion capitaliste n’aurait pas pu se faire. Chaque jour, ce système prédateur implique de découvrir de nouveaux débouchés, non pas pour le bien des populations, mais pour sa propre survie. La création de technologies qui se démodent le plus vite possible, l’obligation faite de consommer des choses de plus en plus inutiles le prouve avec une obscolescence souvent programmée. Bien sûr, pour cela, il est essentiel de développer les énergies qui servent à l’abreuver. La raréfaction du pétrole à prix dérisoire, tel que nous le connaissons actuellement, le pseudo développement des énergies renouvelables comme palliatif, la recherche sur les gaz de schiste, montrent le besoin continuel de ce système politique et économique et ses nuisances pour la planète.
Le capitalisme a besoin d’espace policé, encadré, fliqué pour s’épanouir. La religion du fric impose que les populations soient contraintes à ses principes et soumises. Le nucléaire est l’énergie qui lui ressemble le plus. Avec son fonctionnement extrêmement délicat, il suppose une mainmise de type militaire. Cette technologie est la vitrine de ceux qui ont la volonté de dominer le monde. Faire la différence entre le nucléaire civil et le nucléaire militaire est un leurre, l’un est le prolongement idéologique de l’autre. D’ailleurs, le Mox utilisé dans certaines centrales nucléaires au Japon, combustible peu stable, est composé, notamment, de plutonium militaire recyclé. Sa haute technicité impose des spécialistes, dans une société stable, docile et ne se posant pas de questions. D’ailleurs, les pays du Golfe, demandeurs de centrales nucléaires (alors qu’ils sont assis sur des réserves de pétrole) ne cherchent pas autre chose que cette puissance et ce pouvoir de contrainte sur ses populations.
Énergie propre, énergie la moins chère, énergie ne produisant pas d’effet de serre, sont les principales contrevérités proférées par les nucléaristes. Au vu du simple fonctionnement normal des centrales, la «propreté» n’est même pas au rendez-vous. Ces installations, grâce aux autorisations administratives, rejettent continuellement des liquides et des gaz radioactifs et de l’iode 131, et il n’y a pas de dose minimale admissible par les organismes pour que cette radioactivité ne perturbe pas la santé, quoi qu’en disent les autorités nucléaires. De plus, nombre d’incidents et d’accidents sont cachés aux populations. Lors des catastrophes majeures qui se sont déjà produites et celles en cours, il est impossible de chiffrer les dégâts irréversibles subis par la planète, pour des générations et des générations. Quant à l’effet de serre, c’est très contestable pour ses rejets en vapeur d'eau ou autres et bien peu de chose en regard de ces avatars, tellement destructeurs et irrémédiables. Le nucléaire ce sera à terme la bougie ET les cancers.
L’arrêt immédiat du nucléaire, aujourd’hui, implique que, d’ores et déjà, la gestion du démantèlement que l’on ne sait pas mettre en œuvre (pour mémoire Brennilis est fermé depuis 1985, et le problème n’est toujours pas réglé) sans compter la gestion des déchets qui encombreront la planète pour des milliers d’années.
Les partis écologistes soutiennent l’alter nucléaire ou écolo capitalisme, mettant la pression sur les populations les plus pauvres et les stigmatisent. Rappelons que les ministres «écolo» Voynet ou Cochet n’ont strictement rien fait contre le lobby nucléaire. Ils n’ont même pas fait appliquer les normes de sécurité non respectées dans nombre de centrales, qu’ils auraient pu pour cela faire fermer. En août 1999, Voynet donna le feu vert pour le laboratoire d’enfouissement de Bure. C’est grâce à l’abstention des Verts du Conseil Régional de Basse-Normandie que fut votée l’installation de l’EPR en cours à Flamanville.
Les voilà maintenant qui apellent à un référendum qui sera le meilleur moyen de faire admettre le nucléaire tant les moyens financiers, médiatiques, juridiques sont aux mains des nucléocrates. Leur démocratie n'est qu'un autre leurre, et ce référendum bafoué ne serait pas une première.
Le capitalisme de toute façon peut survivre sans l’énergie nucléaire, ne nous y trompons pas, mais l’un est l’outil de l’autre, son symbole, sa façade. La planète produit ses propres catastrophes et l’homme y contribue également, mais on voit que cela n’est rien devant la réaction en chaîne des évènements. Où sont les fanfarons qui garantissent la sécurité de cette forme d’énergie devant cette boîte de Pandore grande ouverte ?
Il est donc essentiel de se débarrasser des «spécialistes» de toutes sortes, pierres angulaires de ce système pervers et destructeur. Nous n'avons que le nombre et notre solidarité de classe d'exploités irradiés ici comme partout sur la planète pour nous opposer à ce système inhumain. Nous sommes dans l’obligation de nous organiser pour construire un monde nouveau, sans hiérarchie, sans pouvoir, sans ces autres «spécialistes» qui se présentent toujours comme des sauveurs à chaque élection. La plus grande solidarité que nous pouvons avoir avec les Japonnais c'est de les aider à se débarasser du nuléaire et du monde qu'il produit.
Ni rouge, ni rose, ni vert. Notre vie naîtra vraiment de notre autonomie.
Si vous souhaitez nous rencontrer ou être averti de nos publications, écrivez à : Collectif Contre la Société Nucléaire c/o CNT-AIT - 74 bis Grande Rue, 91490 DANNEMOIS.
Mars 2011.
Le nucléaire, c’est le retour à la bougie !
Bien entendu, tout avait été prévu : les centrales étaient aux normes anti-sismiques — parce que, en ce qui concerne le nucléaire, chacun le sait, nos technocrates prévoient toujours une sécurité maximale. À un «détail» près, apparemment : ils n’avaient pas prévu que les tremblements de terre sous-marins provoquent généralement des tsunamis. Tsunami, c’est bien un mot japonais, pourtant !
Tchernobyl est sur toutes les antennes, Three Mile Island est aussi évoqué… Deux catastrophes que les États n’ont pas pu cacher. En revanche, il en est d’autres enfouies dans les archives des secrets d’État.
Par exemple Windscale, en Grande-Bretagne, le 10 octobre 1957 : le réacteur s’est enflammé et a brûlé, à petit feu, pendant plusieurs heures, rejetant une fumée radioactive dans toute la région. Dans la lignée de ce que décrit le roman 1984 d’Orwell, le gouvernement britannique a soigneusement dissimulé la chose et a même changé le nom de la ville où c’est arrivé — elle s’appelle maintenant Sellafield. De même, ce gouvernement n’a jamais révélé quels radio-éléments s’étaient échappés, alors que cela aurait pu aider à soigner les populations locales.
Ou encore Kitchim, dans l’ex-Union soviétique, également en 1957 : une décharge de déchets nucléaires a pris feu, emportant une grande quantité de radio-éléments qui sont retombés dans toute la région aussi. L’accident a été occulté par l’URSS, avec l’appui de l’AIED (Agence internationale de l’énergie atomique) et le soutien des États occidentaux qui ne voulaient pas faire d’ombre à l’industrie nucléaire en plein développement…
Il s’agissait, jusqu’à aujourd’hui, de la deuxième plus grande catastrophe nucléaire après Tchernobyl. Et pourtant dans aucun de ces cas il n’y a eu de tremblement de terre.
L’Observatoire du nucléaire, dans un communiqué du 16 mars dernier, nous révèle qu’EDF a falsifié des données sismiques afin d’économiser sur la sûreté pour 32 des réacteurs sur les 58 existant en France, dont celui de Civaux ! Il faut en avoir conscience, l’incident nucléaire se produira fatalement un jour en France ! Cela parce que le risque majeur est une donnée incontournable de l’industrie nucléaire. Mais, le risque majeur, les capitalistes s’en moquent ; ce qui compte, c’est que la société marchande pénètre tous les pores de la peau de la société pour leur plus grand profit.
Après avoir procédé à des essais (17) dans l’atmosphère au Sahara, alors colonie française, les décideurs français, qui ont été gaullistes et communistes dans l’après-guerre, puis socialistes (SFIO), radicaux ou de droite, puis enfin gaullistes à partir de 1959, ont montré une profonde unité de vues scientiste et nationaliste : le pronucléaire a scellé toute la classe politique française malgré quelques couacs dus à la guerre froide.
Le nucléaire était bel et bien la forme d’énergie la mieux adaptée à la société en pleine reconstruction qui se dessinait : toujours plus de consommation ; toujours plus de profit pour les uns, de soumission pour les autres.
Pour les capitalistes, les vies humaines ne comptent pas. Ils se sont refait une santé sur le massacre de la Grande Guerre, puis sur les horreurs de la Seconde Guerre mondiale, et ils sont prêts à s’en refaire une avec les catastrophes naturelles. «Catastrophes» ? Certainement pas pour tout le monde : vous verrez que la reconstruction du Japon sera un élément capital du redémarrage de l’économie. Les contrats sont déjà prêts — comme ils l’étaient avec l’intervention américaine en Irak.
Le nucléaire n’est donc pas une simple technique pour produire de l’électricité. Il est le fruit d’une forme de la société de classe que nous combattons, et il produit lui–même des formes d’organisation et de gestion des populations par l’État. Le nucléaire ne peut exister sans une plus grande militarisation de nos vies et un plus large contrôle de l’État sur la société. Le nucléaire implique une gestion militaire de la société.
LUTTER CONTRE LE NUCLÉAIRE, C’EST DONC AUSSI LUTTER CONTRE L’ORGANISATION ACTUELLE DE LA SOCIÉTÉ.
Pour l’arrêt immédiat du nucléaire. Techniquement, c’est possible ! Cela implique de diminuer la consommation d’énergie, forcément… mais il faut savoir que :
• L’industrie nucléaire est elle-même une grosse consommatrice de l’électricité qu’elle produit. Les économies ne se feront pas sur la culpabilisation «ménagère», mais sur l’arrêt des grands chantiers de lignes TGV, d’aéroports et autre dévoreurs d’énergie ;
• La politique militaire de la France en consomme elle aussi une belle part. Non au nucléaire militaire !
Il faut poser la question : Qui produit, pour quoi, pour qui ?
Il faut développer les énergies renouvelables, bien sûr ; mais cela ne suffira pas avant très longtemps, même dans le cadre d’une société «frugale» ! Il faut donc remettre en service l’hydraulique (développer les micro-centrales, entre autres), et même le thermique provisoirement (il existe maintenant des centrales «propres»).
Bref, c’est sur l’arrêt immédiat que le débat doit porter — et pas sur des scénarios de sortie du nucléaire à 30 ou à 50 ans. Anne Lauvergeon (présidente du directoire d’AREVA) déclarait à l’Assemblée nationale en décembre 2009 :
«Dans les années soixante-dix, le mouvement écolo s’est développé à partir de sa lutte antinucléaire, mais je pense qu’une scission interviendra sous peu entre les écolos “canal historique”, qui resteront antinucléaires jusqu’à la fin des temps, et les écolos modernes qui vont finir par reconnaître que le nucléaire fait partie des solutions.»
Ces «écolos modernes» qu’appelle de ses vœux Anne Lauvergeon, on les trouve maintenant : chez ceux qui sont prêts à tolérer la prolongation du nucléaire pour lutter contre l’effet de serre ou qui envisagent la sortie du nucléaire entre 2030 et 2050 ; et également chez ceux qui acceptent la prolongation de la durée de vie des centrales pour lutter contre l’effet de serre sans vouloir aborder la question cruciale de qui décide de l’énergie dont chacun a besoin. Ce sont ceux qui, d’un côté, se disent antinucléaires mais, de l’autre, font compromis sur compromis pour garder leur strapontin aux côtés des partis pronucléaires que sont le PS et le PC.
L’ARRÊT IMMÉDIAT ET SANS CONDITION DU NUCLÉAIRE EST LA SEULE SOLUTION ACCEPTABLE, ET CET ARRÊ̂T EST POSSIBLE.
L’obtenir n’est pas une question de débat public ou de référendum, c’est une question de rapport de forces. Crions-le, organisons partout des manifestations/rassemblements pour l’arrêt immédiat et sans conditions du nucléaire !
OCL-Poitou.
Forum Pas-Dupes.