Ça passe… ou ça casse !

Publié le par la Rédaction

Fin octobre-novembre 2005 : révoltes, principalement en banlieues, mais aussi du cœur des villes aux zones rurales, attaques des structures étatiques (écoles, CAF, ANPE, Assedic, Trésor Public, etc.), du monde marchand (à travers des grandes surfaces, des concessionnaires automobiles, etc.), de la police, etc. Autant lors d’émeutes que par le biais d’actions à petit nombre.
    Mai 2006 : mouvement lycéen et étudiant contre la loi sur l’égalite des chances. Nombreux blocages et quelques sabotages des infrastructures économiques, principalement les transports. Les affrontements en fin de manif se répandent dans toute la France.
    Avril-mai 2007 : élection présidentielle, pendant la campagne, de nombreux actes de vandalisme. Les permanences électorales sont particulierement visées, toutes tendances confondues. Les affiches sont systématiquement déchirées, détournées ou re-couvertes.
    À l’issue du 1er et du 2e tour et lors du «sacre» du nouveau président, des émeutes éclatent sur tout le territoire, affrontements avec la police, vitrines brisées, etc. Pendant ce temps-là le sabotage continue (serrures de bureaux de votes bloquées, relais télé incendiés, parmi d’autres actes de destruction).


La pilule démocratique passerait-elle de plus en plus mal ?

Le ras le bol s’exprime, des grèves dures aux émeutes, en passant par les mouvements de résistances, notamment face aux expulsions, des écoles aux centres de rétention, etc. L’atomisation, l’isolement sont combattus. Même si les protagonistes sont encore peu nombreux, des regroupements affinitaires se constituent, sur des quartiers, des facs, au taf, au hasard des rencontres. Hors des structures classiques, un début de conflit asymétrique et diffus se répand. Certains, auto-organisés, débarrassés des habituelles revendications démonstratives, développent des pratiques d’action directe radicales. Ponctuellement, le monopole de la violence étatique est remis en question. Même si la rupture avec les représentations institutionnelles, qu’elles soient syndicales ou politiques n’est pas encore consommée, le temps n’est plus aux illusions sur un aménagement possible avec le capital. La gauche au pouvoir a prouvé qu’elle n’était qu’une oligarchie parmi les autres. Elle a toujours été là pour protéger l’exploitation au nom du progrès social. C’est la politique de la schizophrénie et de l’hypocrisie. Gérer l’impossible, c’est-à-dire la catastrophe ; le totalitarisme au nom de l’humanisme.
    Le conflit s’étend. Réaction ou stratégie, la répression se durcie. État de siège sur les cités et les quartiers «difficiles» à la moindre alerte ; rafles de sans-papiers ; répression violente de tout défi à la police et de nombreuses manifestations ; longues instructions, perquisitions, police scientifique et gestion antiterroriste pour les actes de sabotage, etc. L’État d’exception est devenu la norme. Vigipirate, LSQ, LSI offrent la possibilité au système de prévenir tout antagonisme. Les commissariats, prisons et hopitaux se remplissent (plus de mille arrestations pour le soir et le lendemain du 2e tour). Les tribunaux donnent une justice exemplaire, entendez punir pour l’exemple. Peu importe la culpabilité de l’accusé, les peines de prison pleuvent. Il faut faire passer l’envie de se révolter.


Que l’État, depuis toujours pénal, s’enrobe de moins en moins d’aménagements sociaux est aujourd’hui une évidence visible partout et dans tous les domaines : scolaire, éducatif, administratif, public, privé, économique, culturel, etc. Que la démocratie n’est pas le système politique du libre choix, mais bien celui du totalitarisme capitaliste ne peut plus être mis en doute quand les deux grands partis, PS et UMP, n’hésitent pas à dire que «le travail rend libre» ! (Comment oublier que c’était la phrase inscrite à l’entrée du camp d’Auschwitz ?) Et à faire du non-travailleur, un assisté et un ennemi de l’intérieur.

    Les médias, la voix de son maître, appuient la répression en cours. Ils cherchent à présenter un ennemi aisément identifiable par le bon citoyen. Il s’agit tout simplement de nier la généralisation de la révolte en la limitant à une expression homogène. On passe donc tour à tour des «bandes ethniques» et des «barbus», aux «anarcho-autonomes». Ainsi orchestrée, la séparation des protagonistes de toutes ces révoltes alimente la manne sécuritaire. Ils voudraient faire croire que rien n’est lié. La lutte des classes à la trappe d’une histoire présentée comme dépassée, voir achevée. Et pourtant, les riches sont de plus en plus riches, toujours si peu nombreux. Les pauvres, toujours plus nombreux, de plus en plus pauvres et de plus en plus dépossedés de leurs choix d’existence. Des centres de rétention pour les sans-papiers, aux radiations express qui s’intensifient pour tous types d’allocataires, les perspectives pour tous ces surnuméraires, sans-emplois, sans domicile fixe ou «sans» tout court, se rétrecissent vers un aboutissement unique et inéluctable, l’enfermement.
    Il n’est donc pas très étonnant que les médias, qui appartiennent à plus de 90% à ceux qui ont le pouvoir ou à leurs proches (Bouygues, Lagardère, Bolloré, etc.), présentent les révoltes comme émanant de complots anti-démocratiques. Ce qui l’est plus, c’est qu’autant de gens continuent d’aller voter ! Or ce que permet l’usage de la novlangue, faire passer la démocratie pour la victime, c’est de masquer que se sont eux, les membres de la classe bourgeoise, de l’aristocratie capitaliste, qui ont déclaré la guerre aux pauvres !

Ne nous laissons pas faire.
Solidarité avec tous les incarcérés.
Guerre totale contre le capital.


Relevé sur A-infos, 11 juin 2007

Publié dans Agitation

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