Réseau d’'alerte et de lutte contre l’'exploitation des sans-papiers

Publié le par la Rédaction

Pour Sarkozy, comme pour Royal, il faut défendre «la valeur travail» ou «le travail». Mais de quel travail parle-t-on ? Dans les conditions actuelles nous mettre au travail, c’est nous mettre au pas.
    De plus, tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. Ceux qui ont des papiers bénéficient — avec beaucoup de difficultés, et de moins en moins — de droits, obtenus par les luttes du passé : droit de grève, sécurité sociale, prise en charge d’une partie de transports, un CDI… C’est une très relative stabilité… Tout ça est en train d’être détruit au bénéfice de la précarité et la suppression des libertés et des droits acquis de haute lutte. Mais, il y a encore une couche en dessous : les sans-papiers gagnent beaucoup moins qu’une personne avec papiers pour le même travail fourni, sans sécu, sans assurances, sans aucun droit…
    Les centaines de milliers de sans-papiers sont constamment décrits comme «profiteurs» du chômage, des allocs : C’est un mensonge ! Une calomnie savamment entretenus pour des raisons politiques et économiques, les deux étant liées.
    Raisons politiques : il s’agit de diviser la population, en désignant les étrangers en particulier les sans-papiers, comme source de tous les maux de la société française.
    Raisons économiques : les patrons, petits et grands, ont besoin d’une main d’œuvre docile, pas chère, à leur merci, qui a peur de la police, exploitable et licenciable à tout moment sans aucune formalité, qui n’a qu’un seul droit : se taire et travailler…
    Le politique rejoint l’économique. La campagne de terreur actuelle, rafles, expulsions, non–régularisation, conditions de visa et de séjour… sert à maintenir la pression sur des centaines de milliers de sans-papiers. On ne veut pas expulser tous les sans-papiers, on en expulse un certain nombre, pour térroriser et exploiter les autres.
    Avec ce volant de plusieurs centaines de milliers de personnes maintenus dans la clandestinité, le patronat reconstitue en France, les conditions de travail ses usines délocalisées (Chine, pays de l’Est…). Ce n’est pas pour rien que l’écrasante majorité des sans-papiers travaille dans les secteurs où on ne peut pas délocaliser : bâtiment, restauration, hôtellerie, boulangerie, abattoirs, nettoyage, ménage, entretien…
    Les patrons, en s’appuyant sur l’État, ont recréé les conditions des dictatures du tiers monde (salaire, répression, manque de droits) au cœur même du «pays des droits de l’homme».

Le travail des sans-papiers c’est le travail délocalisé en France même !

La lutte pour la régularisation des sans-papiers n’est pas donc une simple exigence humanitaire, comme c’est souvent présenté. Il s’agit d’une lutte contre la précarisation généralisée, les sans-papiers étant aux premières lignes de cette précarisation. La prétendue «concurrence» dont on parle entre travailleurs avec papiers et sans papiers n’existe pas en réalité.
    Le travail que font les sans-papiers n’enlève pas le travail de la bouche de ceux avec papiers. Ils ne prennent pas le travail des Français ! Quelqu’un doit tenir le marteau piqueur pour casser l’asphalte, creuser les tranchées, décharger les sacs de ciment… On ne peut envoyer ce travail en Chine. Donc pas de concurrence en réalité. De plus, en luttant contre l’application des conditions du tiers monde en France, on lutte pour les droits de TOUS, y compris pour ceux avec papiers sur le plan politique et économique. Chaque millimètre que le patronat gagne en réimplantant en France le travail d’esclavage moderne signifie un recul des droits et des conditions de travail pour tous les autres avec ou sans-papiers. Le maintien du travail sans droits des sans-papiers est le chemin par lequel passe la précarisation de toute la société. L’exigence, la lutte pour la régularisation de toutes et tous sans conditions, est une question de défense des droits de tous.
    La mise en place du réseau d’alerte et de lutte contre l’exploitation des sans-papiers, le RALE-SANS-PAPIERS, a pour objectif de poser la question de la précarité et de l’exploitation des sans-papiers dans le débat public, de motiver des mobilisations autour de cette question, de créer des liens de solidarité entre les sans-papiers, de rendre, par ce biais, plus efficace la lutte pour la régularisation.
    Bien évidement, ce réseau va mettre en place des convergences avec les autres luttes contre la précarisation.

Publié dans Colère ouvrière

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