Auto-organisation des travailleurs-euses, Auto-organisation des lieux de vie !

Publié le par la Rédaction


Aujourd’hui plus que jamais le capitalisme précarise et parque les travailleurs-euses. Sous couvert de rénovations urbaines et de Grands plans de ville, les politiques, de gauche comme de droite, n’ont eu qu’un seul but : la gestion sécuritaire de l’espace urbain et rural. Habitat social, HLM et zones pavillonnaires ne sont là que pour mieux contrôler les groupes sociaux. Un exemple parmi tant d’autres : si les banlieues protestent, on les karchérise.
   
L’espace géographique n’est plus le résultat d’une politique, plus ou moins vague, d’urbanisme, mais bel et bien une construction intentionnée de l’État pour contrôler au mieux, efficacement, les populations enclines à la révolte : expulsions de squats politiques à travers l’Europe, répression des sans domicile fixe (lois anti-mendicité, anti-bivouac…), gestion para-militaire des banlieues (renforcement des milices appelées «municipales», création de la police régionale des transports, utilisation massive des CRS…)… Répression à tous les étages !
   
Même les couches moyennes commencent à en sentir l’effet… Avec la multiplication des zones et banlieues pavillonnaires où la voiture est essentielle ! Là se retrouvent des politiques régressives. Politique sécuritaire : caméras de surveillance, interventions brutales des forces de l’ordre, transports en commun desservant très mal les banlieues populaires, tarifs exorbitants, propagande publicitaire du tout voiture… Politique économique libérale : endettement des foyers, destruction du tissu socio-économique, ventes à la découpe… De même, les sans logis et les sans logés [
Bâtiments vides] sont une variable d’ajustement du marché immobilier, tout comme les chômeurs-euses pour le marché de l’emploi.
   
Le/la locataire n’est finalement qu’un-e travailleur-euse. Flexibilité au travail : flexibilité géographique. Lors de certaines délocalisations, n’explique-t-on pas aux salarié-e-s qu’ils/elles peuvent garder leur travail… à condition qu’ils/elles déménagent à l’autre bout de l’Europe ? Et que penser des zones franches urbaines (et autres manipulations) qui réduisent les charges sociales et fiscales que les entreprises payent à la collectivité ? Et les centres villes, où habitent souvent les plus riches, qui font s’envoler le prix de l’immobilier ? Sous couvert de rénovation, ils/elles créent une plus value financière et donc des loyers hors de prix pour les précaires et les travailleurs-euses modestes.
   
Nous proposons de nous organiser collectivement, sur les lieux de travail… et nos lieux de vie ! Nous ne devons plus laisser le terrain de certaines luttes, comme celles du logement. Quand nous parlons de luttes sur le logement, nous n’entendons pas les seules luttes des sans-logis ou mal logés, mais bien de toutes les luttes qui remettent en question continuellement la spéculation du logement : auto-réquisition, squats artistiques, habitats alternatifs, nomadisme, gratuité des transports urbains, lieux associatifs et syndicaux autonomes des institutions publiques, etc… Nous devons développer les liens, et bien plus, entre les «précarisé-e-s du logement». Concrètement, cela peut passer par un travail de terrain. En s’associant à des initiatives de résistances et de solidarités, à des comités de sans-logis, des collectifs de dénonciation de la politique urbaine. En réquisitionnant des bâtiments pour et avec les sans-logis et les mals logés, en s’opposant aux expulsions.
   
Il n’y a pas un chemin unique vers l’autogestion ; mais l’autogestion sera le chemin vers l’émancipation de chacun et chacune. Dans chacune de nos démarches, nous devons appliquer, expliquer et démontrer nos valeurs politiques : libertés, émancipation, autogestion, fédéralisme… Ce n’est qu’en mettant en pratique nos fonctionnements collectifs (rencontres, débats, dialogue, démocratie directe…) que l’on peut convaincre et fédérer, que l’on pourra créer la solidarité… par le fait ! Créons, re-créons, développons des lieux de vie autonomes pouvant regrouper les travailleurs-euses, les prolétaires, les artistes, les étudiant-e-s, etc… Discutons et débattons d’alternatives à l’habitat que l’on nous propose. Portons hors de l’entreprise et des mouvements sociaux nos pratiques autogestionnaires.

Motion du 64e Congrès de la Fédération anarchiste,
26-27-28 mai 2007 à Ganges (34)
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