Prolétaires de tous les pays, unissons-nous !
Combien sont-ils/elles à avoir acheté le single de renommée mondiale, vendu à plusieurs dizaines de millions d’exemplaires que John Lennon avait produit à la charnière des années 60 et 70 ? Combien à s’être payé Imagine ? À se l’être fredonné en chœurs, en cliques, en groupes, en processions ? À se l’être repassé de phono en phono ? À ressasser : «Imagine qu’il n’y a pas de paradis, c’est facile si t’essaies, pas d’enfer sous nous, au-d’ssus d’nous juste le ciel, imagine tous les gens vivant au jour le jour… Imagine qu’il n’y ait pas de pays, c’est pas dur à faire, rien pour quoi mourir ou tuer, et pas de religion non plus, imagine tous les gens vivant en paix… Vous direz peut-être que je suis un rêveur mais je ne suis pas le seul, j’espère qu’un jour vous nous rejoindrez et que tout le monde vivra comme un seul». Vœu pieu. Car celles/ceux-là qui ont fredonné ça, qui l’ont chanté, l’ont adoré, y ont sans doute adhéré, que sont-ils/elles devenuEs ? Toujours en vie pour la plupart, vieux et vieilles mais en vie ! Où sont-elles/ils ? Un peu partout, en retraite, sur la côte ou dans leurs pavillons de banlieues dortoirs, ou au boulot, à la tête des banques, des médias, des grandes entreprises. Ces doux rêveurs n’ont pas rejoints Lennon, bien leur aurait pris, ils ont au contraire rejoints les jaunes, les briseurs de rêves.
Les banquiers, les assureurs qu’ils sont devenus ont récupéré la musique et l’image de Lennon. Et les anciens contempteurs de Lennon ont fini par adhérer au capitalisme. Rétrogrades, ils se tassent, se recroquevillent, rapetissent, rabougrissent. Avec la réaction morale, nationale et sociale, ils sont à nouveau prêts à équiper leurs armes de têtes nucléaires, à brandir leur drapeau tricolore et scander leur hymne guerrier pour défendre les frontières de l’Europe forteresse. Ils vont au pré voter Ségo ou Sarkozy. Non contents de fouler aux pieds leurs anciennes utopies, ils participent au retour en arrière, à la féodalisation sociale, au triomphe des guerres du capital, à l’accroissement de la misère et à l’atomisation de la conscience de classe.
Heureusement que ces baby-boomers sont aujourd’hui des papys : il ne leur reste plus très longtemps à nuire. Certes une poignée reste fidèle. Celles/ceux-là ne m’en voudront pas de constater que leur génération, passés les apports importants que leurs luttes de jeunesse ont donné à l’humanité, n’a, au final, engendré qu’une dégradation de la situation des prolétaires à l’échelle mondiale.
Et cette génération pitoyable, avec les liquidateurs zélés de 68 et de tous les spectres révolutionnaires, approuve les pouvoirs, les interdits, l’autorité, l’Europe et ses frontières xénophobiques, la domination de l’homme et son exploitation par lui-même. Les sans-papiers ? Peut-être mais faut voir au cas par cas, les footeux, d’accord mais pas les voyous. Les frontières ? Mazette, comment s’en passer si l’on veut que la France puisse à nouveau gagner la coupe du monde.
Et avec Sardou, cette génération chante aujourd’hui : «Allons danser pour oublier tout ça». Ils parlent encore de 68. «Allons danser sur n’importe quoi» mais pas l’Internationale, trop ringarde et criminogène. Avec Sardou, ils parlent «de l’égalité qui plombe à la naissance», de «se prendre en charge et pas charger l’État», de «dire aux enfants qu’on va changer l’éducation qu’ils ont par celle qu’ils n’ont pas (?)» et qu’«il faut travailler». Et, le meilleur pour la fin (dernier couplet du dernier tube de Sardou Allons danser dont ces phrases sont extraites) : «Parlons enfin des droits acquis (…) il faudra bien qu’on en oublie sous peine de n’plus jamais avoir de droits». Va comprendre ! Si y’a une logique derrière tout ça, ce n’est sûrement pas la nôtre. Alors brisons Sardou, Sarko et leurs sarcasmes, brisons les égarés de l’enragement qui aujourd’hui les servent. Vivent les enragés, les émeutiers et les Sardons d’aujourd’hui qui ont encore à briser leurs chaînes (hi fi pourquoi pas) pour qu’advienne un monde qu’encore on imagine.
Les banquiers, les assureurs qu’ils sont devenus ont récupéré la musique et l’image de Lennon. Et les anciens contempteurs de Lennon ont fini par adhérer au capitalisme. Rétrogrades, ils se tassent, se recroquevillent, rapetissent, rabougrissent. Avec la réaction morale, nationale et sociale, ils sont à nouveau prêts à équiper leurs armes de têtes nucléaires, à brandir leur drapeau tricolore et scander leur hymne guerrier pour défendre les frontières de l’Europe forteresse. Ils vont au pré voter Ségo ou Sarkozy. Non contents de fouler aux pieds leurs anciennes utopies, ils participent au retour en arrière, à la féodalisation sociale, au triomphe des guerres du capital, à l’accroissement de la misère et à l’atomisation de la conscience de classe.
Heureusement que ces baby-boomers sont aujourd’hui des papys : il ne leur reste plus très longtemps à nuire. Certes une poignée reste fidèle. Celles/ceux-là ne m’en voudront pas de constater que leur génération, passés les apports importants que leurs luttes de jeunesse ont donné à l’humanité, n’a, au final, engendré qu’une dégradation de la situation des prolétaires à l’échelle mondiale.
Et cette génération pitoyable, avec les liquidateurs zélés de 68 et de tous les spectres révolutionnaires, approuve les pouvoirs, les interdits, l’autorité, l’Europe et ses frontières xénophobiques, la domination de l’homme et son exploitation par lui-même. Les sans-papiers ? Peut-être mais faut voir au cas par cas, les footeux, d’accord mais pas les voyous. Les frontières ? Mazette, comment s’en passer si l’on veut que la France puisse à nouveau gagner la coupe du monde.
Et avec Sardou, cette génération chante aujourd’hui : «Allons danser pour oublier tout ça». Ils parlent encore de 68. «Allons danser sur n’importe quoi» mais pas l’Internationale, trop ringarde et criminogène. Avec Sardou, ils parlent «de l’égalité qui plombe à la naissance», de «se prendre en charge et pas charger l’État», de «dire aux enfants qu’on va changer l’éducation qu’ils ont par celle qu’ils n’ont pas (?)» et qu’«il faut travailler». Et, le meilleur pour la fin (dernier couplet du dernier tube de Sardou Allons danser dont ces phrases sont extraites) : «Parlons enfin des droits acquis (…) il faudra bien qu’on en oublie sous peine de n’plus jamais avoir de droits». Va comprendre ! Si y’a une logique derrière tout ça, ce n’est sûrement pas la nôtre. Alors brisons Sardou, Sarko et leurs sarcasmes, brisons les égarés de l’enragement qui aujourd’hui les servent. Vivent les enragés, les émeutiers et les Sardons d’aujourd’hui qui ont encore à briser leurs chaînes (hi fi pourquoi pas) pour qu’advienne un monde qu’encore on imagine.
Raymonde Vache, Anger, de base
Article publié ici malgré qu’il réduise les luttes historiques à une simple question de «génération». Il est vrai qu’on ne pouvait guère penser, jadis, à accuser la «génération» de la Commune de Paris d’avoir cessé de chanter La Canaille : les lois scélérates s’en chargeaient. Mais si le dernier assaut du prolétariat contre la société de classes, et sa défaite, puis le réarmement de la bourgeoisie, montrent une chose, ce n’est que l’accomplissement actuel du spectacle marchand. Bien que les forces respectives ne soient plus les mêmes, œuvrer à l’abolition du capitalisme reste bel et bien à l’ordre du jour, en théorie, en pratique et en stratégie.
¶ Enragés et situationnistes dans le mouvement des occupations (octobre 1968)
¶ L’humanité ne sera heureuse que quand le dernier cardinal aura été pendu avec les tripes du dernier homme d’État (janvier 1969)
¶ Le commencement d’une époque (IS no12, septembre 1969)
¶ Le retour de Charles Fourier (IS no12, septembre 1969)
¶ L’humanité ne sera heureuse que quand le dernier cardinal aura été pendu avec les tripes du dernier homme d’État (janvier 1969)
¶ Le commencement d’une époque (IS no12, septembre 1969)
¶ Le retour de Charles Fourier (IS no12, septembre 1969)
¶ Grands soirs et petits matins (William Klein, 1978)
¶ «Liquider enfin une bonne fois pour toutes…» (Nicolas Sarkozy, mai 2007)