Bas les pattes l'Armée ! Contre les uniformes dans les écoles : Résistance !

Publié le par la Rédaction

Il y a longtemps déjà que l’Armée tente de s’imposer dans les écoles. Les généraux français de la guerre d’Algérie, tenants de l’idéologie de «l’ennemi intérieur», ont-ils fait des petits ? Veulent-ils seulement recruter les jeunes de 11 à 14 ans en «échec scolaire» ? Ou bien doivent-ils faire comprendre aux futurEs civilEs que toute résistance, toute révolte, est vaine face aux forces impressionnantes de l’ordre établi ? Force est de constater que la présence de l’Armée se banalise partout.

L’année dernière à la même époque, l’Armée organisait des manœuvres sons-&-lumières en pleine ville de saintClaude pendant plusieurs semaines. À Moirans-en-Montagne, petite ville située dans le périmètre pluri-départemental choisi par l’Armée pour ses exercices grandeur nature, les élèves ramassaient les douilles usagées de l’opération séduction sur le trottoir les menant au collège et c’était à celui ou à celle qui s’en bourrait le plus les poches.


Plein les yeux, plein les oreilles :
Tandis qu’une campagne d’affichage pour le recrutement bat actuellement son plein partout, tout cet hiver la Bresse jurassienne a connu le vacarme des rase-mottes des avions de chasse de l’Armée de l’air décollant de Dijon quasi-quotidiennement. — Sachant que l’heure de vol d’un Rafale coûte 20.000 €, combien d’heures de cours et combien de titularisations pérennes d’«emplois de vie scolaire» pourrait-on assurer à la place ?
    Pour les «18 à 21 ans, en situation de retard ou de difficulté scolaire, sans diplôme et sans emploi, de nationalité française», l’Armée remplace à la fois l’école et l’ANPE en pratiquant, depuis deux ans, «l’éducation comportementale» de jeunes travailleurEs militariséEs dans des camps de la «deuxième chance». «Centres qui s’inspirent eux-mêmes d’un dispositif créé par l’Armée dans les Dom-Tom.» Ceci afin de livrer cette main d’œuvre aux patrons «du BTP et du service à la personne» (interview du colonel Sauvonnet à Topo, magazine des Missions Jeunes de Franche-Comté).
    Parallèlement, le ministère de la Défense envoie systématiquement à destination des CDI et sur papier glacé son hebdomadaire L’Armée magazine, et le ministère de l’Intérieur le sien, Intérieur magazine. Mais il y a plus grave.
    Grâce à la casse du service public d’éducation et au zèle propagandiste de l’institution militaire, unE élève de troisième sur deux suit d’ores et déjà l’option «découverte des métiers de la Défense» au collège Jeanne-d’Arc de Champagnole. Et l’expérience s’élargit, puisqu’une convention entre l’Armée et l’Éducation nationale vient d’être signée le 22 mars dernier, prévoyant l’instauration d’une option «initiation à la Défense» dans certains établissements scolaires volontaires. En plus des deux établissements privés jurassiens qui le faisaient déjà depuis 2004 (Fénelon à Lons et Jeanne-d’Arc à Champagnole), trois autres lycées du Doubs sont impliqués : le lycée technique Jules-Haag, le lycée privé saintPaul-saintJoseph à Besançon, ainsi que le lycée Toussaint-Louverture à Pontarlier. Établissements dans lesquels le 19e régiment du Génie propose ses conférences aux élèves «volontaires».
    Enfin, les bornes ont
été largement dépassées au lycée Duhamel (Dole). Toute la journée mercredi 28 et jeudi 29 mars, deux soldats armés et casqués étaient postés sur le parking. Dans le périmètre scolaire, près de l’internat, deux camions de munitions, deux jeeps dont une avec une arme lourde et les troufions allant avec, armés et casqués. Ainsi deux jours durant, les élèves et leurs professeurEs ont pu travailler… comme au spectacle, mais sous bonne garde, sous le joug de la paix kakie. La vieille France veille sur ses colonies de l’intérieur, sur ses «jeunes» dont elle a peur, sur ses classes dangereuses.


Pourquoi l’Éducation aurait-elle intérêt à s’allier avec l’Armée ? Et surtout, quelle stratégie poursuit cette dernière, en déployant ainsi ses manœuvres jusque dans les cours de récréation ? Où est le retour sur cet investissement ? D’abord, la propagande de recrutement par le spectaculaire mensonge de «l’aventure» sous les drapeaux. Et puis en définitive,
la menace visible et tangible d’une répression guerrière, inculquée et martelée dans les inconscients enfantins et adolescents : futurEs travailleurEs qui auront tant de raisons de s’élever contre les injustices qui leur seront faites — ces injustices que le sabre et le goupillon perpétuent depuis toujours.

Avec l’ensemble de la communauté éducative, avec les élèves et les parents, nous revendiquons l’interdiction d’accès aux lieux d’éducation, quels qu’ils soient, à l’Armée, à la Police, à la Gendarmerie et autres corps assimilés. Collectivement, nous devons et nous pouvons nous opposer à toute incursion illégitime.

Alors que les
pouvoirs publics criminalisent les pauvres et conduisent l’offensive non seulement contre les déboutéEs de tous les droits (d’asile, à l’éducation, à la culture, à l’emploi, au logement, à la santé, à la retraite…) mais aussi contre celles et ceux qui les soutiennent, toute intrusion des forces répressives à l’école est lourde de sens. Alors si, comme tous les signes l’indiquent, certains serviteurs de l’État rêvaient réellement à un remake de la Semaine sanglante, nous travaillerions à ce que les prolétaires y jouent leur propre scénario. En se remettant à chanter que «nos balles sont pour nos propres généraux».

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