Les Tanneries ne se laisseront pas expulser !

Publié le par la Rédaction


À diffuser !
La nouvelle de la décision de la Mairie de Dijon vient de tomber et la situation presse, nous avons donc écrit le manifeste ci-dessous expliquant pourquoi et comment nous reprenons la lutte pour l’existence du lieu. Nous appelons toutes les personnes qui nous soutiennent à passer l’info à leurs divers contacts et ami-e-s, ainsi qu’à appeler le standard de la Mairie (vous pouvez demander le cabinet du Maire, ou ladjoint à lurbanisme ou au patrimoine…) et à envoyer des mails au Maire pendant toute la journée de lundi. Pour tout-e-s celleux qui peuvent, venez nombreux lundi soir à 17h30 devant la Mairie pour aller ensemble au conseil municipal et pour la fête de rue devant la mairie où seront déjà rassemblé le squat le «Toboggan» et le cinéma indépendant «Eldorado», menacés eux aussi.
    Cest maintenant, entre autres, que se joue notre avenir… mais ça ne sarrêtera pas là. Nous allons évidemment poursuivre et multiplier les actions de pression dans les semaines à venir et prendre le temps de mobiliser plus largement. Tenez vous prêt-e-s !

ON RESTERA… PARCE QUON A LA RAGE !

Espace autogéré des Tanneries 17 bvd. de Chicago – 21000 Dijon
03 80 66 64 81

versus

Mairie de Dijon - à l’attention de M. le Maire François Rebsamen
21000 Dijon
- Standard 03 80 74 51 51


Les Tanneries ne se laisseront pas expulser !

Après 10 ans d’existence, l’espace autogéré est menacé par le méga pôle médical privé décidé en secret par la Mairie de Dijon
Sans consultation publique et dans la discrétion qui caractérise la période électorale sur les dossiers chauds, la mairie PS de Dijon prend des décisions qui pourraient mener à la fin de l’Espace Autogéré des Tanneries, lieu autonome d
activités culturelles, sociales et politiques ouvert en 1997. Mais nous nentendons pas les laisser faire !
Suite à cinq ans de luttes contre l
expulsion et quelques années de status quo, nous annonçons donc aujourdhui la reprise officielle des actions et manifestations en soutien aux Tanneries.
    Nous savions dès le départ que malgré la convention d
occupation gratuite obtenue en 2002, il nous faudrait garder une vigilance permanente. Après diverses rumeurs un peu plus insistantes que dhabitude sur des projets nous menaçant, nous avons contacté la Mairie début mars pour connaître la vérité. Malgré des demandes répétées par téléphone et par courrier, nous navons reçu aucune réponse. Il y a deux jours, nous avons pourtant su de source sûre, mais encore officieuse, que les services concernés de la municipalité avaient fait une proposition par écrit à la Générale de Santé. Ceci en vue doctroyer à celle-ci lensemble de terrains dont nous occuppons une parcelle afin quelle y construise son méga-pôle de clinique privée de dix hectares pour 2009.
    Alors que les services publics de santé sont mis en péril par les stratégies néo-libérales de privatisation en vigueur en Europe, la mairie de Dijon favorise-t-elle à son tour l
instauration dune médecine à deux vitesses ? Veut-elle contribuer aux stratégies de monopole et de conquête de la plus grosse multinationale européenne de santé privée (1,741 milliards deuros de chiffre daffaire en 2006, contrôlé par des fonds de pension et à 10% par Vivendi) en lui offrant un terrain public proche du centre-ville et en quasi vis à vis de lhôpital public ? La Générale de Santé préfère ainsi profiter de laubaine municipale pour fermer ses cliniques de proximité plutôt que de les remettre aux normes.
    Malgré sa propagande pour la dite «démocratie participative», la Mairie n
a consulté ni nous ni aucune autre personne du quartier avant de conclure des tractations qui non seulement menacent notre espace mais décident aussi de lavenir dun morceau de la ville.


Pourquoi soutenir les Tanneries haut et fort…
La politique de la ville met déjà en danger le cinéma indépendant Eldorado et l
espace dactivité squatté «le Toboggan». Si elle planifie avec ce projet la disparition des Tanneries, elle sengage ainsi avec le Parti Socialiste, aux yeux de tous, dans le sens dune France sécuritaire, aseptisée et privée de ses lieux de résistance, dexpérimentation et de culture populaire.
    En effet, les Tanneries, cest une salle de spectacle, un collectif dhabitation, un espace dinformatique populaire, de développement des logiciels libres et de maintenance de serveurs indépendants, une zone de gratuité, un espace mécanique et vélo, des locaux de répétition et de sérigraphie, une salle de réunion, un potager, un centre de diffusion et de création de presse alternative, un centre daide juridique et pratique aux occupants sans droits ni titre, une bibliothèque, des chantiers dauto-construction écologique, des dizaines dassociations/collectifs/réseaux locaux et internationaux qui viennent y organiser des soirées, actions, ateliers et échanges de savoirs, des réunions et des projets…
    Là où les lieux culturels publics tournent avec d
énormes subventions et les privés à base de commerce et de sponsors, il y a aux Tanneries des centaines de personnes qui chaque semaine viennent faire vivre une culture indépendante et participer à des activités accessibles gratuitement ou sur la base de participations aux frais. Pour garantir sa liberté, le lieu a toujours fonctionné sans subventions, ni salarié-e-s.
    Dans un pays où les structures autogérées sont quasi systématiquement réprimées et donc précaires, les Tanneries est un des trop rares exemples de projet qui ait pu s
inscrire dans le long terme. Il est, à ce titre devenu un espace ressource et un maillon important dune scène culturelle et militante autonome en Europe.
    Les Tanneries portent la mise en pratique d
une vision sociale et les outils pour se confronter à ses idées. Nous cherchons à éclater les barrières entre la «vie personnelle» et le «monde politique», à nous organiser sur des bases formelles horizontales plutôt quautoritaires et pyramidales. Nous voulons construire nous-mêmes et changer nos vies, ici et maintenant, plutôt que dattendre le grand soir. Nous remettons en cause les logiques marchandes et laccumulation de biens pour prôner la propriété dusage et les échanges solidaires. Nous croyons toujours quil est possible d’œuvrer en direction dune société qui ne soit pas fondée comme elle lest actuellement sur les rapports de profits et de domination, sur le racisme, le sexisme et lhomophobie.
    Les Tanneries ne se vivent pas comme une gentille alternative parallèle qui se construirait en ne bousculant pas trop les pouvoirs en place : un zoo folklorique censé faire la preuve de la bienveillance démocratique de nos dirigeants. Si nous sommes là, c
est pour faire évoluer la société et lutter !
    Les Tanneries ne se fantasment pas comme «en dehors» de cette société mais comme un processus qui se construit à tâtons sans prêt-à-porter idéologique… Mais a contrario de la norme cynique du monde politico-médiatique, nous ne cesserons pas de nous battre pour prouver qu
il est possible de remettre en cause la logique capitaliste. Nous désirerons toujours plus que les beaux discours électoraux de changement qui nessaiment que du vent. Avec le temps, les Tanneries ont, à ce titre, apporté la preuve précieuse quil était non-seulement réaliste mais pertinent de sauto-organiser sans les institutions, quil ne sagissait pas dune utopie délirante de jeunes idéalistes destinés plus tard à retourner leur veste.
    Les Tanneries, comme tous ces lieux construits envers les normes les environnant, constituent un espace unique, fruit des rêves, des complicités, des rencontres, de la combativité de tant de gens. Son histoire est celle de plusieurs générations, ses murs en reflètent les joies et les colères, les rages et les passions, les aventures et les émotions…


Notre projet ne peut être déplacé ni dépecé. Il doit demeurer dans le quartier…
Quel que soit le projet d
aménagement du quartier, nous lutterons pour quy demeure ce que nous avons construit ici pendant dix ans : nos bâtiments et notre projet dans sa globalité. Ce nest pas sorcier, vu la taille de lespace disponible. Il est évident quavec une volonté politique en ce sens, des solutions techniques adéquates seront trouvées.
C
est grâce au soutien populaire et à une succession de pressions et dactions de rue diversifiées pendant cinq ans, que les Tanneries ont acquis leur maintien dans les lieux. Quatre ans plus tard, nous sommes tout prêt à recommencer à défendre cet espace et à reconstruire un mouvement de résistance fortifié par tous les contacts, expériences et complicités acquises avec le temps. Les Tanneries, bien que solidement implantées localement, sont aussi portées par une large communauté, dont les affinités nont que faire des frontières, qui peut se mobiliser tant par des actions de soutien à travers le monde que par une convergence pour défendre physiquement le lieu contre lexpulsion. Espérons que résonneront à temps dans la tête des dirigeants dijonnais, les longues journées et nuits de manifestations radicales qui ont immobilisé il y a quelques semaines la capitale danoise et les multiples offensives à travers l’Europe en faveur de nos ami-e-s dUngdomshuset. Au même titre queux, notre lutte est une lutte globale pour que demeurent et se multiplient des espaces autogérés et des foyers de subversion en Europe.
    Nous gagnerons avec toutes les petites et grandes initiatives de protestation de chacun-e d
entre vous. Nous encourageons tout type dactions de solidarité. A minima, vous pouvez dès maintenant écrire à la Mairie de Dijon pour lui exprimer votre volonté que les Tanneries perdurent là où elles sont. Si vous voulez être prévenus dactions et de manifs de soutiens concernant les Tanneries, envoyez votre mail ou numéro de portable à tanneries@squat.net.

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