España en el corazón

Publié le par Debordiana


«En juillet 1964, l’I.S. a publié, en espagnol et en français, le tract España en el corazón, attirant l’attention sur une nouvelle forme de propagande actuellement expérimentée en Espagne.»
Internationale situationniste no 9, août 1964.




España en el corazón

Estas fotos que circulan en España demuestran, por el éxito que tienen, hasta que punto el amor de la libertad y la libertad en el amor continuan a definir el espíritu revolucionario, en todos aquellos lugares en donde su prohibición y sus diversas falsificaciones definen sin lugar a dudes el régimen opresor.

Denunciando la unión sagrada de la hipocresía clerical y de la dictatura franquista, este tipo de propaganda recuerda — el humor no excluye la oportunidad — a los responsables de las próximas insurrecciones que no puede existir cambio que no sea total, que no cubra la totalidad de la vida cotidiana. No se pueden suprimir algunos detalles de la opresión, sino suprimir la opresión en su totalidad. No se trata de cambiar de dueño o de patrón como tienen tendencia a creerlo los dirigentes y los políticos especializados de los partidos socialistas, comunistas, cristianos, progresistas, trotskystas. Se trata de cambiar el modo de vida, de llegar a ser los dueños de nosotros mismos. Es para imponer directamente su poder que las masas revolucionarias, dispuestas a liquidar el franquismo, luchan espontáneamente.

Los situacionistas se reconocen perfectamente en este tipo de propaganda, en este porvenir.

Editado por la Internacional situacionista
(Región Europa del Oeste), julio de 1964.


«L’émancipation des travailleurs
sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes !»

«Là où il y a liberté, il n’y a pas d’État.»

«Le bonheur est une idée neuve en Espagne.»

«Que l’omelette se retourne,
que les pauvres mangent du pain
et les riches de la merde !»

«Les falangistes n’ont pas de couilles.»


L’Espagne au cœur

Ces photos circulant clandestinement en Espagne attestent, par le succès qu’elles rencontrent, jusqu’à quel point l’amour de la liberté et la liberté dans l’amour continuent à définir l’esprit révolutionnaire, partout où leur interdiction et leurs falsifications diverses définissent immanquablement le régime oppressif.

Dénonçant l
union sacrée de lhypocrisie cléricale et de la dictature franquiste, un tel type de propagande rappelle — et lhumour nexclut pas lopportunité — aux responsables des insurrections prochaines quil ne peut exister de changement que total, couvrant la totalité de la vie quotidienne. On ne peut supprimer quelques détails de loppression, on peut seulement supprimer loppression tout entière. Il ne sagit pas de changer de maître ou demployeur, comme le croient les dirigeants ou les politiciens spécialisés des partis socialistes, communistes, chrétiens, progressistes, trotskystes. Il sagit de changer lemploi de la vie, den devenir les maîtres. Cest pour imposer directement leur pouvoir que les masses révolutionnaires sur le point de liquider le franquisme luttent spontanément.

Les situationnistes se reconnaissent parfaitement dans cette forme de propagande, dans cet avenir.

Édité par l’Internationale situationniste
(Région Ouest-Europe), juillet 1964.




Tract situationniste au Danemark

En écho aux «comics» espagnols, qui défient d’un seul coup la censure proprement politique et la censure morale des curés, l’I.S. a diffusé cette photographie au Danemark, où les fiançailles de la fille du roi social-démocrate avec le souverain grec soulevaient les protestations polies de la gauche. Christine Keeler, sur la fameuse photo attribuée à Tony Armstrong-Jones, y déclare : «Comme le dit l’I.S., il est plus honorable d’être une putain comme moi que l’épouse de ce fasciste de Constantin».

Internationale situationniste no 9, août 1964.


Au début de 1965, l’inculpation de J.V. Martin au Danemark à propos de l’édition des «comics subversifs» dont le précédent numéro de cette revue a publié trois exemples (pages 21, 36 et 37) faisait quelque bruit. Martin se trouvait personnellement poursuivi, en tant que responsable de l’I.S., sur une plainte de la branche danoise du mouvement du «Réarmement moral», la fameuse organisation idéologique de choc du capitalisme américain, concernant essentiellement des tracts que nous avions diffusés clandestinement en Espagne. Ces tracts étant formellement un détournement des comics, des filles dévêtues y exprimaient quelques vérités en faveur de la liberté morale et politique, inscrites dans le traditionnel «ballon». Ceci donnait l’occasion au «Réarmement moral» d’exiger la condamnation de l’I.S., en commençant par Martin, pour offenses à la morale et aux bonnes mœurs, érotisme, pornographie, activité anti-sociale, outrages à l’État, etc. Jointe à ces documents, la célèbre image de Christine Keeler, déclarant sa supériorité évidente sur la princesse danoise qui avait consenti à épouser le roi Constantin (justement qualifié de fasciste avant qu’il ait fait ses preuves, l’été dernier, contre la quasi-totalité du peuple grec), amenait l’accusation supplémentaire d’injure à la famille royale danoise. L’énormité du procédé dont le «Réarmement moral» entendait faire le test émut la presse danoise dans son ensemble. Martin convint aussitôt, dans une déclaration publique, que les situationnistes étaient effectivement ennemis de toutes les valeurs défendues par le «Réarmement moral» et s’employaient activement au désarmement moral de la société que nous connaissons. Il admit que «les photographies de filles nues pouvaient avoir une certaine résonnance érotique, heureusement». Il rappela que la question de l’édition pornographique était sans rapport avec nos tracts, quoique non sans rapport avec la morale répressive qui la provoque, et du reste la tolère généralement. Enfin, il fit voir la profondeur paradoxale de l’attitude des autorités social-démocrates d’un pays officiellement ennemi du franquisme, s’efforçant de réprimer chez elles des publications injurieuses pour l’ordre franquiste. Finalement, la justice préféra renoncer à déférer Martin devant un tribunal. Elle abandonna l’accusation avant un procès qui eût été instructif. (…)


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