Hakim est mort : Bavure policière dans le Vieux-Lille

Publié le par la Rédaction


Hakim, 31 ans, habitant d’une cité du Vieux-Lille, s’est fait embarquer par la police jeudi dernier. Il se serait fait tabasser par les flics. Un quart d’heure plus tard, il ressort de la fourgonnette dans le coma. Il meurt quelque temps plus tard. Son corps est couvert de coups. Selon la police (et du coup selon les médias), il s’agira d’auto-mutilation et d’une crise cardiaque subite.

Vendredi et samedi, caillassages de flics et cramages de bagnoles ont eu lieu dans la cité de la rue Paul-Ramadier. Deux jeunes sont arrêtés et ont été jugés hier : 6 mois fermes pour le premier, un mois ferme et trois avec sursis pour le deuxième (18 ans et casier vierge).

Dimanche, la cité a été mise sous couvre-feu : invasion des flics et contrôles d’identité systématiques pour tout le monde. La colère est allée s’exprimer plus loin, à Loos, Wattignies, La Madeleine et Lille-Sud, surtout des feux de bagnoles. Une marche silencieuse a eu lieu ce matin, et a fini sur une rangée de flics anti-émeutes devant le tribunal de Lille. «Hakim on t’oubliera pas.» «Vérité et Justice» pour Hakim.

On sait comment ça va finir : un non-lieu, un acquittement, un doigt d’honneur de «la Justice» [Le flic qui avait tué d’une balle dans la nuque le jeune Riyad Hamlaoui à Lille-Sud il y a quelques années, aurait repris du service à Lille]. D’ailleurs, les jeunes comme les vieux ne s’y tromperont pas. Dans ce cas-là, on fait quoi ?

Indymedia Lille, 29 septembre 2009.



Légers embrasements sur Lille

Alors que la famille de Hakim a appelé à la retenue dès dimanche, beaucoup craignaient que des incidents se produisent les jours suivants. Des réactions ont effectivement été vives dans certains quartiers et des voitures incendiées.

La mort inexpliqué de Hakim en a échauffé certains. Depuis samedi soir, plusieurs voitures ont été incendiées sur Lille et ses environs.

Cette nuit, les pompiers sont encore intervenus, essentiellement à Lille-Sud, tandis que le Vieux-Lille retrouvait son calme.

Bien que la famille de Hakim ait appelé à la retenue dès dimanche, dans une affaire où tous les faits n’ont pas encore été éclaircis, les réactions ont été vives dans certains quartiers.

Une quinzaine de voitures ont été incendiées dans la nuit de dimanche à lundi sur l’agglomération lilloise, dont sept sur Lille. Des départs de feu ont aussi été signalés à La Madeleine, Loos ou Wattignies.

Hier en fin de soirée, les pompiers des casernes Littré et Malus sont à nouveau intervenus une dizaine de fois. Essentiellement des incendies de voiture à Loos et surtout Lille-Sud, la plupart étant concentrés sur le quartier de la Briquetterie.

Près de la plaine Wiston-Churchill, dans le Vieux-Lille, d’où était originaire l’homme de 31 ans décédé samedi, deux sections de CRS en faction ont maintenu le calme et aucun incident n’y a été déclaré.

Leur presse (Nord-Éclair), 29 septembre.


Le procès dune émeute face aux accusations de bavure

Hier, en fin d’après-midi, le tribunal de Lille jugeait les deux hommes interpellés lors des émeutes du Vieux-Lille, dans la nuit de samedi à dimanche. Les prévenus ont rejeté toutes les accusations de violence à l’égard de la police ou des pompiers. Ils demeurent persuadés que l’un de leurs amis a été la victime d’une bavure mortelle.

Ils n’ont pas transformé le box en tribunal, mais presque. Hier, deux hommes, interpellés à l’issue des violences urbaines du Vieux-Lille survenues ce week-end, devaient s’expliquer pour des faits d’outrages et de caillassage à l’égard de la police et des sapeurs-pompiers. Âgés de 38 ans, pour l’un, et de 18 ans pour le plus jeune, les deux prévenus ont nié tout jet de pierre, ou même toute tentative. En revanche, chacun a admis avoir invectivé les forces de l’ordre aux cris, notamment, d’«assassins».

Tension

On entre là dans le cœur des agitations de ce week-end. Le décès, samedi matin, de Hakim Djellassi, 31 ans, après sa prise en charge par la police jeudi (lire en Région, page 8, et nos précédentes éditions). Jusqu’à aujourd’hui, tous les éléments de l’enquête démentent la thèse de brutalités infligées au défunt. Ce dernier pourrait avoir succombé à un arrêt cardiaque, après avoir été recueilli, selon la police, «très excité» et «déjà mal en point» par la patrouille intervenue à l’hôtel. Mais, hier, le plus jeune des prévenus assène : «On a un pote qui vient de se faire assassiner.» Réaction immédiate du procureur Blanguernon : «S’il y a des choses à reprocher à la police, elles le seront ! S’il n’y en a pas, elles ne le seront pas !» Et le magistrat de rappeler qu’une enquête en recherche de la cause de la mort vient d’être confiée à un juge.

Dans la salle, le public est essentiellement composé de proches des prévenus. En début d’après-midi, un dispositif policier serré avait été mis en place. Là, il est invisible mais très présent. En début de soirée, les décisions tombent : six mois de prison ferme pour l’homme de 38 ans. Quatre mois, dont trois avec sursis, et incarcération immédiate, pour le benjamin, au casier judiciaire vierge jusque-là.

Leur presse (La Voix du Nord), 29 septembre.
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