Pourquoi sommes-nous contre la prison de Vivonne ?

Publié le par la Rédaction


La prison de Vivonne est une vaste mascarade. Si nous sommes contre cette prison, c’est que lenfermement en tant que tel nous répugne, mais sa spécialisation peut-être encore plus.

Nous pourrions être contre la prison de Vivonne parce que l’association AIRE, qui se veut une aide pour les familles de détenus, sest vue retirer tout son espace dintimité dont elle disposait à la prison de la Pierre Levée à Poitiers (maison indépendante, à lextérieur des murs de la prison), échangée contre un local, un local où nous serons fouillés à lentrée, surveillé-e-s par des matons et intégré-e-s directement entre les quatre murs de béton, donc rien de bien propice à une décompression passagère, après la rencontre avec un-e proche rongé-e par le temps carcéral.

Nous pourrions être contre la prison de Vivonne, parce que malgré les soi-disantes promesses des gardes des «Sots», il n
y a pas de cellule individuelle, que les matelas sont déjà entassés par trois dans les geôles, et que lespace de rencontre des détenu-e-s est relativement réduit, mis-e-s en quarantaine dans leur cellule de «luxe», empêchant toute tentative déchappatoire dans une complicité, une solidarité malgré le vide qui les entoure.

Nous pourrions être contre la prison de Vivonne, parce que l
administration pénitentiaire joue le spectacle de lutile, de lamélioration et de la lutte contre la surpopulation carcérale, pour justifier ce nouveau lieu denfermement. La liste dattente est déjà saturée.

Nous pourrions être contre la prison de Vivonne parce que, comme dans toutes les nouvelles prisons, c
est un contrat public/privé qui régit la construction et la teneur de ce lieu, et quen conséquence le trafic lié à lenfermement et à la mort à petit feu sétend de Bouygues à Alliot-Marie, proposant ainsi une Justice privée par une Milice privée.

De nombreuses raisons semblent ainsi cautionner le fait de notre engagement contre cette nouvelle prison, mais l
essentiel nest pas dit.

La prison, toutes les prisons, c
est là où on enferme ceux et celles qui nont pas voulu se soumettre à une vie de misère, ou qui ont été accablé-e-s par linstabilité quon leur impose. La prison, cest là où on enferme les pauvres qui refusent leur condition en se frayant un passage débrouillard entre le code civil, le code pénal, et tous ces codes faits pour reproduire léternelle inéquité, faits pour défendre les intérêts dune petite partie bourgeoise et de ceux et celles qui tendent à en faire partie. La prison, cest un lieu de mort, où les longues peines ne sont quhomicides, et les petites, le début des emmerdes.

Si nous combattons la prison, c
est aussi parce que son agencement nous rappelle vilainement celui de nos rues, de nos usines et de nos écoles — des matons aux flics, des murs de béton aux panneaux publicitaires, comme dispositif infranchissable — et que nous combattons un ensemble bien enclenché, où cet effet dexception souveraine, cet espèce danachronisme des temps modernes humanitaires quest la prison, comporte finalement des similarités flagrantes avec le grand commun.

Si vous pensez vous aussi que la prison na rien de «justicière» et que le Tribunal nest pas la métaphore parfaite de la balance équitable, venez vous joindre à nous pour quensemble, nous puissions nous renforcer et peut-être ouvrir une brèche, le samedi 10 octobre, à 15h sur la Place darmes.
Sagissant dun rassemblement festif, venez vêtu-e-s de tous les accoutrements possibles et imaginables, loin de leur image terne et morbide !

Réunion publique : La prison de Vivonne : Un exemple ?, samedi 5 septembre, à 17h, salle Timbaud à la Maison du peuple (centre ville).

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