De la maternelle au lycée, attrapons le bon virus, celui de la grève !
Luc Chatel, nouveau ministre, vieille rengaine ! Sur la forme comme sur le fond, cette rentrée ressemble à s’y méprendre aux précédentes. Un ministre prompt à redire qu’il poursuivra la politique de son prédécesseur ; des syndicats qui nous préparent la sempiternelle journée «ballons»… Bref, une rentrée à désirer la grève !
L’école n’est pas seulement soumise au régime sec, suppression de milliers de postes, ou gérée à flux tendu avec l’emploi de personnels à statuts précaires et bas salaires (profs vacataires, aides éducateurs, emplois de vie scolaire, médiateurs…) ; l’avalanche des mesures gouvernementales dessine les contours d’une école soumise aux lois du marché : compétition, évaluation, performance, mérite. De l’école caserne à l’école entreprise, une vaste opération privative est en cours.
Défendre une autre école, celle de l’émancipation, de la coopération et de l’entraide, tel doit être notre objectif. Dégonflons les baudruches et réaffirmons nos désobéissances dans la grève !
En cette rentrée, nous aurions pu aussi bien titrer «On prend les mêmes et on recommence ?», tant ministère et directions syndicales forment un duo si désespérément routinier et prévisible.
Un nouveau ministre certes mais toujours la même rengaine : régression pédagogique, suppressions massives de postes, masterisation et disparition des IUFM, réformes des lycées, généralisation du Bac pro 3 ans… L’avalanche des mesures gouvernementales dessine les contours d’une école soumise aux lois du marché : compétition, évaluation, performance. De l’école caserne à l’école entreprise, une vaste opération privative est en cours.
Des années que ça dure et ils auraient tort de se géner tant les dirigeants syndicaux, censés jouer dans notre camp, sont encore plus caricaturaux par leur entêtement dans des stratégies perdantes jamais remises en question. Et l'année passée, ils ont fait très fort, le formidable élan issu de la grève historique du 20 novembre 2008, ayant donné lieu localement à des reconductions, a été sacrifié sur l'autel des élections professionnelles. Quand quelques milliers d’heures de décharges comptent plus que l’intérêt collectif… Rebelote au printemps avec des journées de grève interprofessionnelles tout aussi massives mais laissées sans suite alors que le pays est touché par une crise sociale majeure…
Quoi de neuf aujourd’hui, à part des appels désespérés au dialogue social en direction du ministère ? Pas grand chose, même pas encore le sempiternel appel à une grève de 24H mais patience ça viendra. Remarquez, on sait pas, des fois qu’ils aient peur qu’on attrape la grippe à la manif…
Pourtant loin de ce marasme au sommet, l’année passée fut aussi riche en luttes : collectifs regroupant parents et personnels, Ags et coordinations organisant diverses actions de façon autonome, enseignants du primaire «désobéisseurs» à la mise en place de l’aide personnalisée ou encore boycottant les évaluations nationales…
Si la CNT a directement pris part ou soutenu ces luttes, en particulier en cas de répression, nous ne nous leurrons pas, elles ne peuvent se substituer dans la durée à l’arme la plus efficace des salariés : la grève !
Efficace ? Nous entendons aussi les critiques de nombreux collègues qui disent, «cette année je ne ferai plus leur grève». Efficace, oui mais à condition de lui redonner tout son sens. Effectivement, faire grève 24H tous les deux mois, ça ne mène à rien, on commence à le savoir ! Une grève qui a du sens, c’est une grève qui se fixe des objectifs précis et se poursuit jusqu’à les avoir atteints. Tachons donc cet automne de contaminer écoles et bahuts par le virus de cette grève combative bien plus virulente que la traditionnelle grève saisonnière épisodique !
Du reste, cette recherche de sens concerne aussi le syndicalisme dans son ensemble, tant il est majoritairement englué depuis des années dans ses dérives : co-gestion, concentration sur les cas individuels et non collectifs, permanents déconnectés du travail et frein à l’action des personnels quand elle déborde leurs directives… Il apparaît donc urgent de forger une alternative syndicale combative et autogérée, soutien et actrice des luttes. Construisons-la ensemble pour que l’on ait toujours raison de se syndiquer !
Fédération CNT des travailleurs de l’Éducation, 5 septembre 2009.