Vive la belle ! à Bruxelles et ailleurs
Abattons les murs de la prison sociale !
Dans la cacophonie des opinions, tout sonne faux. Le seul son sincère ces derniers jours fût sans doute les acclamations de prisonniers quand l’hélicoptère a décollé du préau de la prison de Bruges. Aucun politicien, flic, journaliste, criminologue ou psychiatre ne réussira jamais à faire taire les cris de joie lors d’une reconquête audacieuse de liberté.
Depuis plusieurs années, la révolte et l’insubordination couvent dans les prisons belges. Ashraf Sekkaki, qui venait d’être transféré du nouveau module d’isolement à Bruges à la section «normale», est l’un de ces prisonniers qui se sont aventurés sur le chemin de la rébellion. Il n’a jamais voulu se résigner face à son enfermement, n’a jamais voulu faire la paix avec ceux qui l’enferment. L’évasion réussie la semaine dernière prouve une fois de plus que quatre murs et des uniformes ne suffisent pas à briser le désir de liberté.
Une réaction de panique a suivi chez des inspecteurs de police de Malines, chez le directeur général des prisons belges, Hans Meurisse, et chez les juges qui n’ont aucune envie se voir présenter l’addition. Depuis des années, ils tentent d’échapper grâce au jeu de rôles démocratique à leurs responsabilités dans l’humiliation, la dégradation et l’enfermement d’êtres humains. Mais il y en a encore des gens qui osent agir selon leurs convictions, qui ne veulent pas se retrouver désarmé face à l’autorité et qui ne se soucient guère des règles du jeu démocratique et de ces codes pénaux…
Ashraf ne regrette pas les braquages dont il est accusé. Voici la grande honte qu’ils ont voulu cacher en l’internant et en le livrant à l’arbitraire le plus absolu. Mais qu’aurait-il à regretter ? Qu’il est allé chercher l’argent là où il se trouve en abondance ? Qu’il est fier de n’avoir jamais accepté le salariat ou de devenir lui-même exploiteur ou capitaliste ? Il n’y a aucun sens à glorifier des braquages et des expropriations ou à dépeindre les braqueurs pour ce qu’ils sont ou ne sont pas. Mais ceci n’enlève rien au fait que nous pouvons parfois reconnaître une partie de nos désirs d’un monde sans exploitation dans les parcours de ceux qui choisissent ici et maintenant d’exproprier les riches, leurs banques et leurs magasins.
Ces derniers jours, nous avons été inondés par les opinions des chacals de la démocratie. Non seulement les politiciens se sont lâchés avec une série interminable d’insultes à l’adresse des évadés. Les journalistes ont joué leur rôle crucial en creusant un fossé entre les évadés et ceux qui pourraient peut-être se reconnaître dans cette conquête de liberté. Ils ont dépeint les évadés comme des barbares et des psychopathes ivres de sang ; ainsi ils ont contribué à évacuer d’autres questions qui auraient pu être mises sur la table (la question de l’enfermement, de la prison, de l’internement, de la justice, de l’exploitation, de la pauvreté…). En tant que mercenaires de la Justice, leur lynchage médiatique prépare celui de la répression. Une armée de charognards les ont rejoints : des criminologues qui font des discours exigeant plus de modules d’isolement ; des psychiatres judiciaires qui disent tout et n’importe quoi pour nier aux évadés toute individualité et volonté ; des spécialistes en problèmes relationels qui réduisent la complice féminine à «une petite amie de gangster qui s’est laissé tromper» ; des porte-paroles des syndicats de matons qui prennent le premier pas dans l’élaboration de la répression ; des architectes et des entrepreneurs qui trépignent de pouvoir faire du fric avec plus de barreaux, plus de filets, plus de murs.
L’État est en train de préparer sa réponse à l’agitation à l’intérieur des murs. Après la construction de deux nouveaux modules d’isolement à Lantin et à Bruges — de véritables prisons dans la prison —, la construction d’un nouveau centre fermé (destiné avant tout aux clandestins réfractaires) a débuté à Steenokkerzeel, un accord a été conclu avec les Pays-Bas pour la «location» d’une prison à Tilburg pour enfermer 500 prisonniers de Belgique et les plans pour la construction de quatre nouvelles prisons se finalisent. En outre, les matons semblent avoir été remis au pas par leurs patrons et les conflits corporatistes résolus en lâchant du fric, des mesures de sécurité et en leur laissant les mains un peu plus libres.
Disons les choses clairement. La prison n’est pas «un monde à part» ; elle est simplement le produit de la société dans laquelle nous vivons. Cette société est elle-même une prison où tout le monde se retrouve d’une manière ou d’une autre enfermé dans l’engrenage de l’autorité, de l’exploitation et de l’oppression. Malheureusement il semble que de plus en plus de gens non seulement n’essayent plus de s’évader de cette société-prison, mais ne le désirent même plus. Alors faisons sentir en mots et en actes qu’aujourd’hui il y a encore des individus dont l’estomac ne peut supporter l’exploitation et l’humiliation ; dont le cœur continue à désirer la liberté ; dont le cerveau en a marre des idioties et des opinions de masse préfabriquées ; dont les mains deviennent des poings serrés face aux défenseurs de l’ordre établi.
Bruxelles - Trois prisonniers s’évadent du Palais de Justice
Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui vécu en janvier dernier, déjà au palais de justice de la capitale, lorsque deux inculpés comparaissaient devant la chambre des mises en accusation. Un comparse armé avait jailli dans la salle, qui n’était pas verrouillée, et embarqué dans une fuite deux braqueurs récidivistes. Un seul d’entre eux a été repris, quelques semaines plus tard.
Hier, c’est devant la chambre des vacations du tribunal correctionnel que l’exploit a été répété. Quatre prévenus devaient comparaître dans le cadre d’un violent home-jacking commis à Londerzeel (Brabant flamand), la nuit du 27 au 28 novembre 2008.
Toute une famille, avec enfants, avait été menacée par cinq individus armés. Leur butin ne sera pourtant que d’environ 250 euros et un ordinateur portable. Auparavant, les bandits avaient car-jacké une Audi. Et lors de leur fuite, ils avaient ouvert le feu sur les deux policiers alertés et lancés à leur trousse, ce qui leur vaut une inculpation de tentative de meurtre — contestée par la défense.
Trois récidivistes
L’affaire aurait dû être plaidée hier. Mais des pièces du dossier n’étaient pas traduites, une avocate en vacances remplacée par un collaborateur, un des prévenus sans conseil… Il a donc été décidé de reporter le procès. Et les détenus ont été amenés de cellule et démenottés pour une minute, le temps de leur expliquer la remise. C’est alors que deux individus cagoulés et armés ont surgi dans la salle en hurlant. «Ils ont crié : “Couchez-vous ! Tout le monde à terre !”, raconte l’avocat d’un des évadés, Me Olivier Martins. Ça a été la panique.»
Trois des quatre prévenus ont pris la fuite avec leurs «libérateurs». Le quatrième, Hakim Aït Hammouche (23 ans, de Molenbeek), le seul à ne pas avoir d’antécédents judiciaires, n’a pas suivi le mouvement.
Les trois autres sont déjà bien connus de la justice. Oussama Trimini (28 ans, de Bruxelles) a déjà été condamné à 2 ans de prison en 2005, pour vol avec violence. «J’ai l’impression qu’il a profité de la situation et qu’il ne savait pas qu’une évasion se tramait», dit son avocat, Me Martins. «Je l’avais encore rencontré la veille à la prison pour préparer notre ligne de défense.»
Youssef Oulad Haj Chaïb (27 ans, d’Anderlecht), a aussi écopé de 5 ans de prison en 2002 devant la cour d’appel de Bruxelles, également pour vol avec violence.
Quant à Abdelhalim Hakil (27 ans, d’Ixelles), il a été sanctionné d’une peine de 4 ans de prison en mai 2005, toujours pour vol avec circonstances aggravantes.
Aucun n’a été retrouvé.
«Vive les évasions» : bureau de la Poste attaqué à Louvain
Des inconnus ont attaqué le Bureau de la Poste de Kessel-Lo. Ils ont cassé l’entrée et tous les vitres du bâtiments. Un slogan a été peint sur le mur : «Vive les évasions».
La Banque de la Poste gère les comptes des prisons et des centres fermés en Belgique.
À propos de l’évasion à Bruges
Dans la cacophonie des opinions, tout sonne faux. Le seul son sincère ces derniers jours fût sans doute les acclamations de prisonniers quand l’hélicoptère a décollé du préau de la prison de Bruges. Aucun politicien, flic, journaliste, criminologue ou psychiatre ne réussira jamais à faire taire les cris de joie lors d’une reconquête audacieuse de liberté.
Depuis plusieurs années, la révolte et l’insubordination couvent dans les prisons belges. Ashraf Sekkaki, qui venait d’être transféré du nouveau module d’isolement à Bruges à la section «normale», est l’un de ces prisonniers qui se sont aventurés sur le chemin de la rébellion. Il n’a jamais voulu se résigner face à son enfermement, n’a jamais voulu faire la paix avec ceux qui l’enferment. L’évasion réussie la semaine dernière prouve une fois de plus que quatre murs et des uniformes ne suffisent pas à briser le désir de liberté.
Une réaction de panique a suivi chez des inspecteurs de police de Malines, chez le directeur général des prisons belges, Hans Meurisse, et chez les juges qui n’ont aucune envie se voir présenter l’addition. Depuis des années, ils tentent d’échapper grâce au jeu de rôles démocratique à leurs responsabilités dans l’humiliation, la dégradation et l’enfermement d’êtres humains. Mais il y en a encore des gens qui osent agir selon leurs convictions, qui ne veulent pas se retrouver désarmé face à l’autorité et qui ne se soucient guère des règles du jeu démocratique et de ces codes pénaux…
Ashraf ne regrette pas les braquages dont il est accusé. Voici la grande honte qu’ils ont voulu cacher en l’internant et en le livrant à l’arbitraire le plus absolu. Mais qu’aurait-il à regretter ? Qu’il est allé chercher l’argent là où il se trouve en abondance ? Qu’il est fier de n’avoir jamais accepté le salariat ou de devenir lui-même exploiteur ou capitaliste ? Il n’y a aucun sens à glorifier des braquages et des expropriations ou à dépeindre les braqueurs pour ce qu’ils sont ou ne sont pas. Mais ceci n’enlève rien au fait que nous pouvons parfois reconnaître une partie de nos désirs d’un monde sans exploitation dans les parcours de ceux qui choisissent ici et maintenant d’exproprier les riches, leurs banques et leurs magasins.
Ces derniers jours, nous avons été inondés par les opinions des chacals de la démocratie. Non seulement les politiciens se sont lâchés avec une série interminable d’insultes à l’adresse des évadés. Les journalistes ont joué leur rôle crucial en creusant un fossé entre les évadés et ceux qui pourraient peut-être se reconnaître dans cette conquête de liberté. Ils ont dépeint les évadés comme des barbares et des psychopathes ivres de sang ; ainsi ils ont contribué à évacuer d’autres questions qui auraient pu être mises sur la table (la question de l’enfermement, de la prison, de l’internement, de la justice, de l’exploitation, de la pauvreté…). En tant que mercenaires de la Justice, leur lynchage médiatique prépare celui de la répression. Une armée de charognards les ont rejoints : des criminologues qui font des discours exigeant plus de modules d’isolement ; des psychiatres judiciaires qui disent tout et n’importe quoi pour nier aux évadés toute individualité et volonté ; des spécialistes en problèmes relationels qui réduisent la complice féminine à «une petite amie de gangster qui s’est laissé tromper» ; des porte-paroles des syndicats de matons qui prennent le premier pas dans l’élaboration de la répression ; des architectes et des entrepreneurs qui trépignent de pouvoir faire du fric avec plus de barreaux, plus de filets, plus de murs.
L’État est en train de préparer sa réponse à l’agitation à l’intérieur des murs. Après la construction de deux nouveaux modules d’isolement à Lantin et à Bruges — de véritables prisons dans la prison —, la construction d’un nouveau centre fermé (destiné avant tout aux clandestins réfractaires) a débuté à Steenokkerzeel, un accord a été conclu avec les Pays-Bas pour la «location» d’une prison à Tilburg pour enfermer 500 prisonniers de Belgique et les plans pour la construction de quatre nouvelles prisons se finalisent. En outre, les matons semblent avoir été remis au pas par leurs patrons et les conflits corporatistes résolus en lâchant du fric, des mesures de sécurité et en leur laissant les mains un peu plus libres.
Disons les choses clairement. La prison n’est pas «un monde à part» ; elle est simplement le produit de la société dans laquelle nous vivons. Cette société est elle-même une prison où tout le monde se retrouve d’une manière ou d’une autre enfermé dans l’engrenage de l’autorité, de l’exploitation et de l’oppression. Malheureusement il semble que de plus en plus de gens non seulement n’essayent plus de s’évader de cette société-prison, mais ne le désirent même plus. Alors faisons sentir en mots et en actes qu’aujourd’hui il y a encore des individus dont l’estomac ne peut supporter l’exploitation et l’humiliation ; dont le cœur continue à désirer la liberté ; dont le cerveau en a marre des idioties et des opinions de masse préfabriquées ; dont les mains deviennent des poings serrés face aux défenseurs de l’ordre établi.
Abattons les murs de la prison sociale !
Notre désir de liberté ne peut laisser debout aucun Etat,
aucune institution, aucun patron, aucune frontière… !
Quelques individus en révolte contre la prison sociale - Belgique, 26 juillet 2008
Ce texte a été traduit du néerlandais - CEMAB, 9 août.
Bruxelles - Trois prisonniers s’évadent du Palais de Justice
Et trois évadés de plus, trois ! Quelques jours après les retentissantes évasions de Bruges et de Merksplas, c’est au palais de justice de Bruxelles que trois détenus sont parvenus à se faire la belle, avec l’aide de deux complices armés qui ont surgi à l’audience.
Un scénario qui n’est pas sans rappeler celui vécu en janvier dernier, déjà au palais de justice de la capitale, lorsque deux inculpés comparaissaient devant la chambre des mises en accusation. Un comparse armé avait jailli dans la salle, qui n’était pas verrouillée, et embarqué dans une fuite deux braqueurs récidivistes. Un seul d’entre eux a été repris, quelques semaines plus tard.
Hier, c’est devant la chambre des vacations du tribunal correctionnel que l’exploit a été répété. Quatre prévenus devaient comparaître dans le cadre d’un violent home-jacking commis à Londerzeel (Brabant flamand), la nuit du 27 au 28 novembre 2008.
Toute une famille, avec enfants, avait été menacée par cinq individus armés. Leur butin ne sera pourtant que d’environ 250 euros et un ordinateur portable. Auparavant, les bandits avaient car-jacké une Audi. Et lors de leur fuite, ils avaient ouvert le feu sur les deux policiers alertés et lancés à leur trousse, ce qui leur vaut une inculpation de tentative de meurtre — contestée par la défense.
Trois récidivistes
L’affaire aurait dû être plaidée hier. Mais des pièces du dossier n’étaient pas traduites, une avocate en vacances remplacée par un collaborateur, un des prévenus sans conseil… Il a donc été décidé de reporter le procès. Et les détenus ont été amenés de cellule et démenottés pour une minute, le temps de leur expliquer la remise. C’est alors que deux individus cagoulés et armés ont surgi dans la salle en hurlant. «Ils ont crié : “Couchez-vous ! Tout le monde à terre !”, raconte l’avocat d’un des évadés, Me Olivier Martins. Ça a été la panique.»
Trois des quatre prévenus ont pris la fuite avec leurs «libérateurs». Le quatrième, Hakim Aït Hammouche (23 ans, de Molenbeek), le seul à ne pas avoir d’antécédents judiciaires, n’a pas suivi le mouvement.
Les trois autres sont déjà bien connus de la justice. Oussama Trimini (28 ans, de Bruxelles) a déjà été condamné à 2 ans de prison en 2005, pour vol avec violence. «J’ai l’impression qu’il a profité de la situation et qu’il ne savait pas qu’une évasion se tramait», dit son avocat, Me Martins. «Je l’avais encore rencontré la veille à la prison pour préparer notre ligne de défense.»
Youssef Oulad Haj Chaïb (27 ans, d’Anderlecht), a aussi écopé de 5 ans de prison en 2002 devant la cour d’appel de Bruxelles, également pour vol avec violence.
Quant à Abdelhalim Hakil (27 ans, d’Ixelles), il a été sanctionné d’une peine de 4 ans de prison en mai 2005, toujours pour vol avec circonstances aggravantes.
Aucun n’a été retrouvé.
Leur presse, 3 août.
«Vive les évasions» : bureau de la Poste attaqué à Louvain
Des inconnus ont attaqué le Bureau de la Poste de Kessel-Lo. Ils ont cassé l’entrée et tous les vitres du bâtiments. Un slogan a été peint sur le mur : «Vive les évasions».
Suie et cendres, 8 août
Brèves de la guerre sociale.