À Montreuil comme ailleurs, désarmons la police
Mercredi soir à Croix de Chavaux suite à l’expulsion du squat de la Clinique de Montreuil, un jeune homme à perdu son œil à cause d’un tir de flash ball de la police.
Appel à manifester
Depuis janvier, la clinique de la Croix de Chavaux, vide depuis 10 ans, est occupée. Une vingtaine de personnes l’ont investie, pour l’habiter mais aussi pour en faire un lieu d’organisation, de construction de luttes sociales. Continuer à occuper d’autres lieux vacants, lutter contre le contrôle des institutions sociales, contre les arrestations de sans-papiers et le contrôle policier dans notre ville, organiser des magasins gratuits, des concerts, des cantines dans la rue…
Bien qu’il n’y ait pas de projet sur le site de la Clinique, que le propriétaire voulait la vendre avec les occupants, la justice a décidé de respecter le Droit, c’est-à-dire la propriété privée, et de virer tout le monde. Mercredi matin, à 6 heures, un dispositif militaire se met en place dans tout le quartier de Croix de Chavaux pour évacuer la clinique, plus de 200 flics dont le RAID. Les occupants sont bastonnés pour qu’ils descendent du toit. Mercredi soir, une cantine est organisée pour se regrouper, se compter, manger ensemble, un feu d’artifice est tiré devant la Clinique, puis une déambulation démarre, et nous nous regroupons devant celle-ci gardée par deux vigiles. Les flics débarquent rapidement, suréquipés, arrêtent une personne, quelques-uns protestent et là les flics chargent, et tirent au flash ball dans la foule qui détale.
Cinq personnes se sont fait shooter, toutes au-dessus du torse. Les flics visaient la tête, avec l’intention claire de nous mater, au risque de tuer ou mutiler. Les flics ont continué à poursuivre les gens jusqu’à la rue piétonne. Plusieurs personnes ont été arrêtées durant la charge et les flics ont continué à patrouiller dans la ville toute la nuit. Peu de temps après, ils ont arrêté une autre personne à quelques rues de là.
Finalement, deux des trois personnes arrêtées sont sorties, la troisième sera déférée ce samedi et une autre est à l’hôpital. Elle a perdu son œil. On ne connaît pas les inculpations exactes pour les trois arrêtés, mais il est sûr qu’après la «bavure» ils vont les charger pour justifier leurs actes.
Ces violences ne sont pas isolées. À Nantes, Grenoble, Villiers-le-Bel, d’autres personnes ont perdu leur œil après un tir de flash ball. Le nombre de gardes à vue bat des records, et les suicides s’y multiplient. On ne s’étonne pas des violences policières. Ce serait ne pas voir quel rôle la police assure. Il n’y a pas de bonne police. Même une police de proximité nous virera des lieux occupés, arrêtera les sans-papiers, protégera les biens des riches propriétaires. On ne s’indigne pas mais nous constatons qu’ils font de plus en plus facilement usage de leurs armes, font de plus en plus de blessés en toute impunité. Qu’au moindre début de révolte ils emploient des moyens de plus en plus disproportionnés pour qu’elle ne se propage pas.
Nous ne voulons pas que la police tire sur des gens en silence.
Nous ne voulons pas de police du tout.
Nous ne voulons pas de police du tout.
MANIFESTATION LUNDI 13 JUILLET
À 19H À CROIX DE CHAVAUX,
AU DÉBUT DE LA RUE PIÉTONNE PLACE JACQUES-DUCLOS.
Concernant les gardes à vue :
— Une personne est sortie sans rien.
— Une autre est sortie mais comparaît le 7 octobre pour dégradation.
— Une autre personne est toujours en GAV et sera déférée au dépôt pour passer en comparution immédiate demain samedi 11 juillet à 13 heures au TGI de Bobigny, elle est poursuivie pour jet de projectiles.
Enquête IGS en cours à Croix de Chavaux, tout les habitants de la place sont interrogés. Ils recherchent des images.
10 juillet 2009 - 20h54.
La préfecture s’exprime, la Presse imprime
«Un jeune homme a perdu son œil mais pour le moment il n’y a pas de lien établi de manière certaine entre la perte de l’œil et le tir de flashball.» (sic)
Une fois de plus, c’est la version policière qui sert à nier les brutalités commises par la police elle-même. Il est inadmissible que la presse ne prenne pas en compte la parole des premiers concernés : ceux qui subissent l’ultra-violence policière.
Ainsi sur le site du Monde, repris par Libération et tiré de l’AFP on peut lire : «Un jeune squatteur perd un œil après un affrontement avec la police.»
De quel affrontement parle-t-on ? Voici le témoignage d’un participant à la déambulation de mercredi soir :
«Les manifestants arrivent devant la Clinique, lieu dont ils ont été expulsés le matin.
À l’arrivée de la police, les manifestants décident de partir, lançant de vive voix : “On s’casse !”
Des policiers se sont alors précipités sur un participant, le jetant à terre.
Tandis que quelques-uns d’entre nous se retournaient vers le camarade au sol, d’autres policiers, situés à quelques mètres seulement, ont tiré un nombre très important de coups de flashball, immédiatement et sans sommation. Cinq manifestants ont été touchés par ces salves — tous au-dessus du torse. Un premier au front, un second à la clavicule, un troisième à l’épaule, un quatrième à la main alors qu’il se protégeait la tête, le dernier en plein visage. Il s’écroule ensanglanté ; des camarades l’aident à se relever, puis il est emmené dans un bar où les pompiers viennent le chercher. Nous avons appris vendredi matin que malgré une opération d’urgence, ce tir lui a coûté l’œil droit.»
Trois interpellations ont eu lieu, dans le but habituel de justifier les violences policières. Deux des interpellés ont été relâchés au bout de 45 heures avec une convocation au tribunal le 7 octobre pour destruction d’un distributeur de billets et refus d’empreintes génétiques, le troisième est encore en garde à vue. Il sera déféré dans la nuit et passera demain en comparution immédiate à Bobigny. Nous demandons l’abandon des poursuites contre ces personnes (et la libération de celle qui se trouve encore emprisonnée sans raison).
Nous rappelons que des communiqués ont été envoyés dès jeudi 9 juillet par les expulsés de Montreuil eux-mêmes et la CIP-IDF.
Nous continuons à recueillir les témoignages sur la violence banale de la Police ce 8 juillet au soir à Montreuil. Déjà, récemment, la Commission nationale de déontologie de la sécurité a pointé une intervention abusive de la police de Montreuil sur des manifestants le 4 juin 2008 devant le commissariat.
Jamais nous n’accepterons la répression policière qui pour terroriser les opposants et dissuader toute insoumission, tire et vise ostensiblement la tête. Désarmons la police !
Lettre ouverte de la Parole errante
À Montreuil comme ailleurs, désarmons la police
La police éborgne à Montreuil
Montreuil : La police vise la tête
Communiqué de La Clinique expulsée
Expulsion de La Clinique à Montreuil
Clinique et 2milunes menacées
La Clinique
CIP-IDF