Communiqué suite à l'agression d'une militante lilloise
Le 23 mai 2009 à Lille a eu lieu une manifestation contre la répression d’État qui s’est terminée devant la Maison flamande de Lambersart gérée par la Jeunesse identitaire (groupe d’extrême droite) et Terre celtique.
Un manifestant ayant enfoncé la porte de cette maison, les forces de l’ordre ont procédé à 26 interpellations. Lors de celles-ci, un agent des forces de l’ordre en civil a photographié un par un les visages des interpellé-e-s au sol. Plus tard, il est passé dans les cellules du commissariat central de Lille et a demandé à chacune des personnes photographiées, à ce moment-là placées en garde à vue, leurs noms, prénoms et dates de naissance (renseignements qu’il a noté en dessous des photos).
Le soir même, les personnes présentes devant le commissariat, venues soutenir les interpellé-e-s, ont fait l’objet d’un contrôle et d’une prise d’identité.
Le 3 juin 2009, au Fac bar de Lille 2, a eu lieu une soirée organisée par l’association «Gégène». Yohan, Pierre et Fatima [Par mesure de sécurité, les prénoms des témoins ont été changés], présent-e-s le 23 mai à la manifestation, y ont rencontré le trésorier de la Vlaams huis (Maison flamande), qui les a menacé de violences physiques, a fait un salut nazi, et a qualifié les manifestant-e-s du 23 de «bisounours».
Le 9 juin, la Maison flamande a mis en ligne une vidéo sur le site Youtube : un montage de photos de «black blocs» suivi de photos de l’incident du 23 puis de remerciements adressés aux 26 interpellé-e-s sur la musique du générique des «bisounours» (y figurent prénoms, premières lettres des noms de famille, et villes de résidence donnés aux policiers). Soulignons le fait que l’une des interpellé-e-s, originaire d’Italie, habitant en Belgique, a donné comme lieu de résidence le nom de son village italien inconnu des autres interpellé-e-s et manifestant-e-s.
Il se pose alors la question de l’étendue des informations dont dispose la Maison flamande ainsi que de leur provenance. Comment ont-ils réussi à accéder à des informations dont l’accès est censé être réservé à la police ?
La vidéo a été retirée d’Internet le 14 juin au soir mais a été enregistrée avec des impressions d’écran par des manifestants du 23.
Le vendredi 3 juillet, deux hommes aux crânes rasés ont interpellé et dévisagé devant chez lui Yohan (dont l’identité a été prise devant le commissariat central le soir du 23 mai).
Le lundi 6 juillet 2009, Yohan a effectué son dernier jour de TIG au zoo de Lille (date qu’il a reçue de la médiatrice le jeudi 2 juillet). Il a pris une pause cigarette vers midi et a aperçu les deux hommes du 3 juillet le suivre. À 13 heures il est sorti du zoo, les deux hommes l’ont suivi, interpellé puis poursuivi en courant.
Le même jour, peu avant 20 heures sur le boulevard Victor-Hugo à Lille, Hélène (dont l’identité a été prise devant le commissariat central le soir du 23 mai) a été interpellée par deux hommes (dont la description correspond à celle de ceux qui ont suivi Yohan quelques heures plus tôt) alors qu’elle sortait de chez son ami Antoine (interpellé lors de la manifestation du 23). Ils lui ont entaillé plusieurs fois le visage (joue droite et cou) avec un couteau en la menaçant : «C’est de la prévention, la prochaine fois j’appuie plus fort. Tu diras à tes petits copains de se calmer et d’arrêter leurs conneries.»
Nous déposons donc plainte contre X pour avoir divulgué ou s’être procuré illégalement des informations personnelles sur les personnes mises en garde à vue le 23 mai suite à la manifestation.
Des inculpé-e-s du 23, 10 juillet 2009.