Solidarité avec les grévistes de la faim de Vincennes !

Publié le par la Rédaction

Hier soir à Vincennes

Vendredi 3 juillet, un rassemblement a eu lieu au pied du centre de rétention de Vincennes. Les retenus et les personnes à l’extérieur ont pu échanger des «Liberté !», «Libérez les sans-papiers» pendant une bonne quinzaine de minutes. Les retenus sont montés sur les grilles ce qui a déclenché l’alarme. Le dispositif policier ne s’est mis en place à l’extérieur que cinq à dix minutes après la dispersion. Les flics ont cherché les manifestants dans tous les coins et recoins des abords du centre. Les gens ont ainsi pu manifester leur solidarité avec les retenus qui ont entamé un mouvement depuis mardi 30 juin.

Depuis maintenant quatre jours, l’ensemble des retenus est en grève de la faim. L’élément déclencheur a été une énième tentative de suicide lundi dernier. Les retenus se sont dit qu’ils ne pouvaient plus l’accepter et qu’il ne fallait pas qu’ils s’habituent aux tentatives de suicide, sous peine de devenir des monstres (voir les témoignages postés sur indymedia). Ils ont très rapidement tenu des assemblées générales et écrit une liste de revendications. La plus importante pour eux étant : fermeture des centres de rétention et régularisation des sans-papiers !

Solidarité ! Liberté de circulation et d’installation pour tous !

4 juillet.


Centre de rétention de Vincennes, le 4 juillet 2009

La personne que nous avons au téléphone nous raconte que des manifestants sont venus hier soir aux abords du centre. On en profite pour lui lire l’article de l’Humanité publié la veille. La grève de la faim continue au centre.

«Hier, vers 20h30 à côté du centre il y a eu une foule qui manifestait pour nous. Un ami qui appelait sa fiancée dehors est rentré dans la chambre pour nous dire qu’il y avait des manifestants qui criaient pour nous. Il a dit qu’il fallait sortir, on ne s’attendait pas à ça, on est sortis d’un seul coup.

Ça m’a vraiment touché. On ne pouvait pas voir mais on a entendu crier, on nous parlait en criant. La petite foule demandait la libération des retenus, la liberté. Ça m’a fait beaucoup plaisir, ça m’a chauffé le cœur. On a crié avec eux même si on est fatigués par la grève de la faim. On a fait des efforts pour qu’ils nous entendent. Je sais pas combien de minutes ils sont restés puis ils sont partis, je pense à cause de la sécurité. Peut-être la police a dispersé les manifestants. On était très heureux. Ça m’a vraiment touché pour moi et pour les autres, ça nous a donné le courage pour qu’on continue la grève.

Avec la police ça a été mais on peut pas écouter ce qu’ils disent entre eux. Ils ne savent jamais quand ça peut chauffer dans le centre, mais nous on n’est pas agressifs. On crie pour qu’on nous entende. On a commencé à rigoler et après les policiers sont partis.

On était dans le petit jardin, ce n’est pas grand, mais on a entendu bien comme il faut les cris et les paroles.

Les policiers font leur travail au niveau sécurité mais on leur a expliqué qu’on était pacifiques, qu’on n’aime pas faire des trucs pas bien. On n’est pas ici parce qu’on est des criminels, on crie pour notre liberté, c’est tout.

On a déclenché l’alarme pour être entendus de l’extérieur.

On a été très heureux, on a dit que les autres essayent de combattre pour nous et nous on doit pas craquer, on doit continuer le combat.

En ce moment il y a toujours des nouveaux qui arrivent en rétention, des Chinois et des Blacks mais certains mangent. On parle à ceux qui mangent pour qu’ils comprennent. Il y a aussi des gens malades et eux on ne peut pas les obliger. Mais la grande majorité tient toujours le courage et le souffle pour notre liberté. Les nouveaux disent qu’ils s’en foutent, que demain ils partiront au bled ou à Bangkok.

La dernière fois on a demandé du sucre, la police était d’accord, elle a demandé du sucre au personnel civil du réfectoire. Les travailleurs nous en ont donné mais quand leur chef a vu ça il a gueulé, il a dit que si on voulait du sucre on n’avait qu’à prendre les repas. On a refusé. Après le personnel civil ne voulait plus nous donner de sucre.

Alors on a protesté auprès du capitaine pour avoir du sucre et on a fini par obtenir du capitaine de pouvoir aller chercher du sucre et du sel à l’infirmerie.

On continue de faire des réunions entres les grévistes, il y a toujours le commandant et le capitaine qui viennent discuter avec nous pour voir comment ça se passe. Nous on lui parle de nos problèmes même si on n’arrive pas bien à s’exprimer : par exemple il y a des gens qui ont une famille dehors. Mais il ne peut rien faire, il est là comme chef de la police ou de la rétention qui observe et qui fait les commandes de nourriture. Par rapport à nous le commandant ne peut rien faire, malgré tout on est là et on attend le jour de notre libération.

Il y a des policiers qui montent dans les chambres et viennent chercher les gens pour manger.

En ce moment il y a beaucoup d’expulsions vers l’Asie, vers Bangkok, pas trop vers l’Algérie. Chaque jour il y a deux ou trois expulsions.

[On lui demande si les flics continuent à les compter plusieurs fois par jour avec leur carte de retenus.]

J’ai une carte avec mon nom et ma photo, c’est pour les visites et les repas. La police ne compte pas avec les cartes. Pourquoi ils nous compteraient ? On n’est pas militaires, ni policiers, ni criminels !

Je suis depuis 25 jours dans le centre. La dernière fois je suis rentré dans la chambre et j’ai trouvé un ami pendu. Quelques secondes plus tard il serait mort. Je n’ai jamais vu ça, depuis que je suis ici j’ai vu cinq tentatives de suicide. Les gens qui font ça ils se disent : «S’il y a quelqu’un qui vient à mon secours tant mieux, sinon je suis mort», ça leur évite de partir au bled. Y a rien au bled, ils aimeraient bien rester ici, ils ont un travail ici. Il y a même des gens qui ont une famille ici, comme moi par exemple.

[Il nous décrit le centre.]

C’est un grand chalet avec des compartiments. À l’étage, chaque chambre est soit de 2 personnes soit de 4 personnes, et il y a les cabines téléphoniques. Il n’y a pas de poste de police à l’étage mais de temps en temps il y a des rondes. Au rez-de-chaussée il y a le réfectoire et la salle télé et une Playstation. À l’extérieur il y a un jardin. Avant il y avait deux chalets mais ça a brûlé et à la place ils ont mis un gazon. C’est là qu’on était quand on criait hier soir. Au-dessus du jardin il y a un couloir réservé à la circulation des flics, avec deux guérites.

Il y a des cameras partout de tous les côtés, dans les couloirs et le jardin, c’est une observation totale, heureusement il n’y en a pas dans les chiottes et les douches.»

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