Rien n'a changé mais tout commence...
Julien libéré…
Y voir de la simple modestie serait une erreur : comment ne pas comprendre qu’au-delà d’un évident soulagement, la joie reste plombée par l’amertume ? Car la pilule ne passera pas. On aura pas de bouquet de fleurs à envoyer aux magistrats, aux flics ou à Alliot-Marie — tout juste un chapelet d’insultes et une flaque de mépris. Pas de la déception, on n’en a jamais rien attendu ; plutôt quelque chose comme un curieux désir de vengeance, une folle envie de leur faire payer ce qu’ils ont fait : le flicage et la surveillance, l’orchestration médiatique d’une nouvelle chasse aux sorcières, les six mois au trou, les humiliations, le harcèlement d’assouplissement temporaire des contrôles en nouvelles arrestations… Et de leur faire payer ce qu'ils font encore : le flicage et la surveillance — toujours —, les contrôles judiciaires qui se maintiennent, les arrestations qui se poursuivent, les enquêtes qui restent ouvertes et celles qui débutent…
On n’oublie rien. Ni de ce qui s’est passé, ni de ce qui reste.
On lâchera pas.
Évidemment que la nouvelle fut bonne. Mais curieusement, les journalistes venus assister aux grandes manifestations de joie dans le village de Tarnac n’y ont pas trouvé l’exubérance attendue.
Pas de camarades hurlant à la lune leur joie de le voir enfin libre, pas d’explosion festive au comptoir du bar, tout juste quelques coups de klaxon des automobilistes traversant le bourg.
Y voir de la simple modestie serait une erreur : comment ne pas comprendre qu’au-delà d’un évident soulagement, la joie reste plombée par l’amertume ? Car la pilule ne passera pas. On aura pas de bouquet de fleurs à envoyer aux magistrats, aux flics ou à Alliot-Marie — tout juste un chapelet d’insultes et une flaque de mépris. Pas de la déception, on n’en a jamais rien attendu ; plutôt quelque chose comme un curieux désir de vengeance, une folle envie de leur faire payer ce qu’ils ont fait : le flicage et la surveillance, l’orchestration médiatique d’une nouvelle chasse aux sorcières, les six mois au trou, les humiliations, le harcèlement d’assouplissement temporaire des contrôles en nouvelles arrestations… Et de leur faire payer ce qu'ils font encore : le flicage et la surveillance — toujours —, les contrôles judiciaires qui se maintiennent, les arrestations qui se poursuivent, les enquêtes qui restent ouvertes et celles qui débutent…
On n’oublie rien. Ni de ce qui s’est passé, ni de ce qui reste.
On lâchera pas.
Limoges, Noël 1974
Éditorial du 5e numéro des Échos de la Taïga, 30 juin 2009
Bulletin d’information du comité de soutien aux inculpés de Tarnac.