Villiers-le-Bel : Vengeance pour Laramy et Mouhsin !
Villiers-le-Bel, au bord de l’implosion
Une douzaine d’explosions assourdissantes, des gerbes d’étincelles tombent au-dessus des fonctionnaires. L’arrivée de renforts, équipés de casques, de boucliers, de Flash-Ball et de lanceurs de grenades lacrymogènes met fin à l’affrontement une petite dizaine de minutes plus tard. «Ils vont se calmer pour ce soir mais ils recommenceront demain soir», commente, désabusé, un père de famille qui regarde la scène depuis le parking. Les adolescents s’éparpillent dans les immeubles. Jusqu’à la prochaine fois.
Un an et demi après les émeutes de l’automne 2007, provoquées par le décès de deux adolescents dans une collision avec une voiture de police, le climat s’est à nouveau dégradé dans cette ville de 27.000 habitants, au nord de la région parisienne. Depuis début mai, c’est la quatrième fois que des groupes de jeunes s’en prennent violemment aux forces de l’ordre.
Le 9 mai, plusieurs dizaines d’individus, dont certains cagoulés, ont attaqué des policiers, blessant légèrement cinq d’entre eux. Au cours de ces incidents, deux habitants de Villiers-le-Bel ont été grièvement blessés à l’œil, probablement touchés par un tir de Flash-Ball. Les 5 et 6 juin, les quartiers étaient secoués par de nouvelles violences. Cette fois, un CRS a fait l’objet d’une «tentative d’homicide», renversé par un jeune homme qui conduisait une voiture et qui a foncé sur lui, le traînant sur 70 mètres : le CRS n’a été que légèrement blessé. Jeudi 11 juin, les policiers ont à nouveau été pris à partie, victimes de jets de projectiles et, «vraisemblablement», de tirs de fusil ou de pistolet à grenaille.
Villiers-le-Bel traverse une phase critique, moins spectaculaire, moins concentrée qu’à l’automne 2007, où, en deux nuits d’émeutes, plus d’une centaine de policiers avaient été blessés et des dégâts considérables occasionnés. Mais la situation est jugée «très inquiétante» par la poignée de jeunes adultes qui font office de porte-parole de la jeunesse dans la ville.
Fin mai, après avoir été contactés par un rappeur de Seine-Saint-Denis, dénommé Larsen, qui fait partie des rares personnalités à pouvoir pénétrer dans tous les quartiers de la banlieue parisienne, six de ces «grands frères» ont été discrètement reçus par la secrétaire d’État à la ville, Fadela Amara, qui cherchait à établir des contacts directs dans la cité. Avec un intérêt bien compris : ces interlocuteurs, âgés de 24 à 30 ans, sont quasiment les seuls à disposer d’une autorité suffisante pour intervenir auprès des adolescents.
Aujourd’hui, ces «cadres» informels du quartier — qui travaillent comme commerçants, responsables d’associations ou patrons de leurs propres entreprises — disent craindre une implosion et lancent un «cri d’alarme». Sur les rapports avec la police et la mairie. Sur l’avenir des adolescents du quartier. Et sur la non-prise en compte, par la société française, des difficultés des banlieues sensibles. «On est à deux doigts de la catastrophe. Il y avait de la haine chez les petits, aujourd’hui c’est encore pire. Ça s’est dégradé depuis un an», explique Saïd, 28 ans, figure du quartier, gérant d’une petite entreprise spécialisée dans la finance. «Quand il n’y a plus de repères, plus d’avenir, on tombe dans une logique de kamikazes», prévient un des membres du groupe, commerçant de 24 ans, en demandant, comme les autres, un strict anonymat.
La discussion est interrompue par l’arrivée d’une patrouille de policiers. Sur la placette où se réunit le petit groupe, au cœur du quartier, forces de l’ordre et habitants se regardent en chiens de faïence. Les premiers se déplacent, Flash-Ball en main, parfois pointé vers les étages, en longeant les murs pour éviter d’éventuels jets de projectiles. Les seconds les dévisagent en silence. Pas un mot n’est échangé. Les policiers appartiennent à une unité territoriale de quartier (Uteq), un dispositif imaginé par la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, pour recréer une forme de police de proximité, capable de tisser des liens avec les habitants.
Mais à Villiers-le-Bel, depuis son installation début juin, la proximité reste, pour l’heure, largement théorique. Ces patrouilles, sur le qui-vive, sont suivies en permanence par plusieurs véhicules de soutien qui vont et viennent sur l’avenue principale, une ligne droite de 500 mètres à peine qui relie la «ZAC» et la Cerisaie, les deux cités difficiles de la ville. «Les autres communes où des Uteq ont été mises en place ont aussi connu des phases de tensions», veut croire le maire socialiste de Villiers-le-Bel, Didier Vaillant.
La nuit, ces renforts augmentent encore : dimanche soir, six camionnettes de CRS, au moins trois véhicules banalisés, une voiture de patrouille et deux fourgons se trouvaient en permanence à proximité des fonctionnaires à pied. Les autorités policières expliquent que ce déploiement de forces est temporaire : «L’objectif, c’est que les patrouilles n’en aient plus besoin. Mais si on baissait la garde trop vite, on aurait immédiatement des incidents», souligne le commissaire Frédéric Auréal, directeur départemental de la sécurité publique du Val-d’Oise. «Les policiers viennent ici en mode guérilla. Ils arrivent habillés en Robocop et font comme s’ils étaient en territoire occupé», se désole un des animateurs du petit groupe.
Policiers et «grands frères» s’accordent sur le profil des émeutiers actuels. Entre 13 et 16 ans, le plus souvent. Un âge et une période de l’année où la déscolarisation fait des dégâts. Mais la police privilégie d’abord l’analyse criminelle pour expliquer leurs comportements. «Par notre présence, on dérange la voyoucratie. Les incidents sont le fruit de jeunes — une minorité — qui ont une stratégie guerrière à notre égard. Ils sont dans une logique de territoire», explique le commissaire Auréal, en évoquant des «trafics» de voitures et de cannabis. Le responsable policier en veut pour preuve une opération «coup de poing», réalisée mercredi 10 juin dans un des quartiers, qui a permis la saisie de motos et de voitures volées.
Les «grands frères» insistent, eux, sur les traumatismes subis par les «petits» du quartier depuis deux ans. «Il y a d’abord eu la mort de leurs copains. Puis deux nuits d’émeutes pendant lesquelles ils ont pris le pouvoir. Vous imaginez ce que ça peut faire dans la tête d’adolescents ?», souligne l’un d’eux, 27 ans, patron d’une petite entreprise spécialisée dans l’événementiel, également président d’une association locale. Cette génération les inquiète. «Ils sont enfermés sur Villiers-le-Bel, enfermés dans leurs collèges, dans leurs quartiers. Avec les mêmes copains, qui ont la même vision, la même rage», poursuit ce responsable associatif. «Pour un accident d’avion, on prévoit des psychologues. Et pour des gamins qui ont vécu les émeutes de 2007, il n’y a rien», relève Larsen.
Le choc de 2007 n’a pas été digéré. Ni par les policiers, à cause du nombre important de blessés dans leurs rangs. Ni par les jeunes, convaincus que rien n’a changé. Depuis les émeutes, la situation sociale a même eu tendance à se dégrader. Le taux de chômage, en légère hausse, atteint désormais 19% pour l’ensemble de la ville et 30% pour les 16-25 ans. L’urbanisme n’a pas évolué non plus. «Les choses ne bougent jamais assez vite, c’est évident. En matière d’urbanisme, deux ans, c’est court. Mais, vu d’une cage d’escalier, c’est très long», relève le maire. Une barre d’immeuble de la Cerisaie symbolise les difficultés de la politique de la ville. Dix étages, 230 logements en copropriété, dont beaucoup en mauvais état, des parties communes abandonnées. C’est là que les incidents ont été les plus violents depuis un mois. Là aussi que les pouvoirs publics peinent à trouver des solutions. «On se trouve dans une situation comparable à celle de Clichy-Montfermeil ou de Grigny, avec des copropriétés en grande difficulté où les habitants ne peuvent plus financer les charges», explique Mohammed Abdi, conseiller spécial de Fadela Amara.
Reste l’espoir que la justice vienne un jour apaiser les esprits. Dans le petit groupe, personne ne se fait d’illusion. L’enquête sur l’accident à l’origine des émeutes est certes toujours en cours, mais peu croient en l’indépendance des magistrats face au pouvoir politique. «Le sentiment largement partagé, c’est qu’il y a une justice pour les fonctionnaires de police, une autre pour les jeunes de banlieue», résume Saïd. Comme les autres, il est convaincu que le premier grand procès des émeutes de 2007 — une dizaine de prévenus accusés de violences contre les policiers seront jugés les 2 et 3 juillet — ne changera pas la donne judiciaire. Au pire, dans l’hypothèse de condamnations sévères, il donnera des arguments aux jeunes les plus remontés.
Vendredi 12 juin, des membres des comités de soutien aux «inculpés» de Tarnac, accusés de sabotage de lignes SNCF, sont venus à Villiers-le-Bel pour tenter d’établir des passerelles avec les jeunes de la ville. Accueillis poliment, ils sont partis avant la tombée de la nuit en laissant une pile de tracts appelant à une manifestation le 21 juin à Paris. Sans grand succès. «On n’a pas grand-chose à voir avec eux», glissait un jeune en lisant leur appel avant de l’abandonner par terre. Les autres tracts, qui établissent un lien entre Tarnac et Villiers-le-Bel, n’ont pas non plus trouvé preneurs.
Villiers-le-Bel : Les émeutiers présumés
face aux juges les 2 et 3 juillet
C’est le premier procès des émeutes de Villiers-le-Bel. Un an et huit mois après les événements, dix jeunes, âgés de 20 à 25 ans, vont comparaître pour violences volontaires avec plusieurs circonstances aggravantes. Ils sont soupçonnés d’avoir jeté divers projectiles sur les policiers lors des nuits d’émeutes qui ont suivi la mort des deux adolescents, les tirs d’armes à feu faisant l’objet d’une autre procédure. Pavés, bouteilles et cocktails molotovs ont été jetés ces nuits-là sur les fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction. Les auteurs de ces jets risquent jusqu’à 7 ans de prison. Parmi les dix prévenus, deux sont en état de récidive après avoir été condamnés pour des faits semblables indiquait Le Parisien Val-d’Oise dans son édition du 12 juin.
Ce premier procès se tiendra les 2 et 3 juillet prochains au palais de justice de Pontoise. Les dix prévenus feront face aux 31 policiers, qui se sont constitués partie civile.
Dans la nuit, le petit groupe d’adolescents, probablement âgés d’une quinzaine d’années, a ouvert une armoire électrique. Des fils arrachés, un court circuit et l’éclairage public s’est éteint. Il est 23 heures, ce vendredi 12 juin, et les quartiers sensibles de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) se préparent à vivre une nouvelle soirée de tensions. Comme tous les week-ends ou presque depuis un mois, dans une effrayante routine, le face-à-face entre adolescents et policiers se met en place. Une demi-heure plus tôt, une patrouille avait déjà été la cible de jets de bouteilles. Cette fois-ci, les forces de l’ordre, qui accompagnent un camion de pompiers, reçoivent une pluie de tirs de «mortiers» — des feux d’artifice tirés à plusieurs dizaines de mètres grâce à un tube en plastique.
Une douzaine d’explosions assourdissantes, des gerbes d’étincelles tombent au-dessus des fonctionnaires. L’arrivée de renforts, équipés de casques, de boucliers, de Flash-Ball et de lanceurs de grenades lacrymogènes met fin à l’affrontement une petite dizaine de minutes plus tard. «Ils vont se calmer pour ce soir mais ils recommenceront demain soir», commente, désabusé, un père de famille qui regarde la scène depuis le parking. Les adolescents s’éparpillent dans les immeubles. Jusqu’à la prochaine fois.
Un an et demi après les émeutes de l’automne 2007, provoquées par le décès de deux adolescents dans une collision avec une voiture de police, le climat s’est à nouveau dégradé dans cette ville de 27.000 habitants, au nord de la région parisienne. Depuis début mai, c’est la quatrième fois que des groupes de jeunes s’en prennent violemment aux forces de l’ordre.
Villiers-le-Bel traverse une phase critique, moins spectaculaire, moins concentrée qu’à l’automne 2007, où, en deux nuits d’émeutes, plus d’une centaine de policiers avaient été blessés et des dégâts considérables occasionnés. Mais la situation est jugée «très inquiétante» par la poignée de jeunes adultes qui font office de porte-parole de la jeunesse dans la ville.
Fin mai, après avoir été contactés par un rappeur de Seine-Saint-Denis, dénommé Larsen, qui fait partie des rares personnalités à pouvoir pénétrer dans tous les quartiers de la banlieue parisienne, six de ces «grands frères» ont été discrètement reçus par la secrétaire d’État à la ville, Fadela Amara, qui cherchait à établir des contacts directs dans la cité. Avec un intérêt bien compris : ces interlocuteurs, âgés de 24 à 30 ans, sont quasiment les seuls à disposer d’une autorité suffisante pour intervenir auprès des adolescents.
Aujourd’hui, ces «cadres» informels du quartier — qui travaillent comme commerçants, responsables d’associations ou patrons de leurs propres entreprises — disent craindre une implosion et lancent un «cri d’alarme». Sur les rapports avec la police et la mairie. Sur l’avenir des adolescents du quartier. Et sur la non-prise en compte, par la société française, des difficultés des banlieues sensibles. «On est à deux doigts de la catastrophe. Il y avait de la haine chez les petits, aujourd’hui c’est encore pire. Ça s’est dégradé depuis un an», explique Saïd, 28 ans, figure du quartier, gérant d’une petite entreprise spécialisée dans la finance. «Quand il n’y a plus de repères, plus d’avenir, on tombe dans une logique de kamikazes», prévient un des membres du groupe, commerçant de 24 ans, en demandant, comme les autres, un strict anonymat.
La discussion est interrompue par l’arrivée d’une patrouille de policiers. Sur la placette où se réunit le petit groupe, au cœur du quartier, forces de l’ordre et habitants se regardent en chiens de faïence. Les premiers se déplacent, Flash-Ball en main, parfois pointé vers les étages, en longeant les murs pour éviter d’éventuels jets de projectiles. Les seconds les dévisagent en silence. Pas un mot n’est échangé. Les policiers appartiennent à une unité territoriale de quartier (Uteq), un dispositif imaginé par la ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, pour recréer une forme de police de proximité, capable de tisser des liens avec les habitants.
Mais à Villiers-le-Bel, depuis son installation début juin, la proximité reste, pour l’heure, largement théorique. Ces patrouilles, sur le qui-vive, sont suivies en permanence par plusieurs véhicules de soutien qui vont et viennent sur l’avenue principale, une ligne droite de 500 mètres à peine qui relie la «ZAC» et la Cerisaie, les deux cités difficiles de la ville. «Les autres communes où des Uteq ont été mises en place ont aussi connu des phases de tensions», veut croire le maire socialiste de Villiers-le-Bel, Didier Vaillant.
La nuit, ces renforts augmentent encore : dimanche soir, six camionnettes de CRS, au moins trois véhicules banalisés, une voiture de patrouille et deux fourgons se trouvaient en permanence à proximité des fonctionnaires à pied. Les autorités policières expliquent que ce déploiement de forces est temporaire : «L’objectif, c’est que les patrouilles n’en aient plus besoin. Mais si on baissait la garde trop vite, on aurait immédiatement des incidents», souligne le commissaire Frédéric Auréal, directeur départemental de la sécurité publique du Val-d’Oise. «Les policiers viennent ici en mode guérilla. Ils arrivent habillés en Robocop et font comme s’ils étaient en territoire occupé», se désole un des animateurs du petit groupe.
Policiers et «grands frères» s’accordent sur le profil des émeutiers actuels. Entre 13 et 16 ans, le plus souvent. Un âge et une période de l’année où la déscolarisation fait des dégâts. Mais la police privilégie d’abord l’analyse criminelle pour expliquer leurs comportements. «Par notre présence, on dérange la voyoucratie. Les incidents sont le fruit de jeunes — une minorité — qui ont une stratégie guerrière à notre égard. Ils sont dans une logique de territoire», explique le commissaire Auréal, en évoquant des «trafics» de voitures et de cannabis. Le responsable policier en veut pour preuve une opération «coup de poing», réalisée mercredi 10 juin dans un des quartiers, qui a permis la saisie de motos et de voitures volées.
Les «grands frères» insistent, eux, sur les traumatismes subis par les «petits» du quartier depuis deux ans. «Il y a d’abord eu la mort de leurs copains. Puis deux nuits d’émeutes pendant lesquelles ils ont pris le pouvoir. Vous imaginez ce que ça peut faire dans la tête d’adolescents ?», souligne l’un d’eux, 27 ans, patron d’une petite entreprise spécialisée dans l’événementiel, également président d’une association locale. Cette génération les inquiète. «Ils sont enfermés sur Villiers-le-Bel, enfermés dans leurs collèges, dans leurs quartiers. Avec les mêmes copains, qui ont la même vision, la même rage», poursuit ce responsable associatif. «Pour un accident d’avion, on prévoit des psychologues. Et pour des gamins qui ont vécu les émeutes de 2007, il n’y a rien», relève Larsen.
Le choc de 2007 n’a pas été digéré. Ni par les policiers, à cause du nombre important de blessés dans leurs rangs. Ni par les jeunes, convaincus que rien n’a changé. Depuis les émeutes, la situation sociale a même eu tendance à se dégrader. Le taux de chômage, en légère hausse, atteint désormais 19% pour l’ensemble de la ville et 30% pour les 16-25 ans. L’urbanisme n’a pas évolué non plus. «Les choses ne bougent jamais assez vite, c’est évident. En matière d’urbanisme, deux ans, c’est court. Mais, vu d’une cage d’escalier, c’est très long», relève le maire. Une barre d’immeuble de la Cerisaie symbolise les difficultés de la politique de la ville. Dix étages, 230 logements en copropriété, dont beaucoup en mauvais état, des parties communes abandonnées. C’est là que les incidents ont été les plus violents depuis un mois. Là aussi que les pouvoirs publics peinent à trouver des solutions. «On se trouve dans une situation comparable à celle de Clichy-Montfermeil ou de Grigny, avec des copropriétés en grande difficulté où les habitants ne peuvent plus financer les charges», explique Mohammed Abdi, conseiller spécial de Fadela Amara.
Reste l’espoir que la justice vienne un jour apaiser les esprits. Dans le petit groupe, personne ne se fait d’illusion. L’enquête sur l’accident à l’origine des émeutes est certes toujours en cours, mais peu croient en l’indépendance des magistrats face au pouvoir politique. «Le sentiment largement partagé, c’est qu’il y a une justice pour les fonctionnaires de police, une autre pour les jeunes de banlieue», résume Saïd. Comme les autres, il est convaincu que le premier grand procès des émeutes de 2007 — une dizaine de prévenus accusés de violences contre les policiers seront jugés les 2 et 3 juillet — ne changera pas la donne judiciaire. Au pire, dans l’hypothèse de condamnations sévères, il donnera des arguments aux jeunes les plus remontés.
Vendredi 12 juin, des membres des comités de soutien aux «inculpés» de Tarnac, accusés de sabotage de lignes SNCF, sont venus à Villiers-le-Bel pour tenter d’établir des passerelles avec les jeunes de la ville. Accueillis poliment, ils sont partis avant la tombée de la nuit en laissant une pile de tracts appelant à une manifestation le 21 juin à Paris. Sans grand succès. «On n’a pas grand-chose à voir avec eux», glissait un jeune en lisant leur appel avant de l’abandonner par terre. Les autres tracts, qui établissent un lien entre Tarnac et Villiers-le-Bel, n’ont pas non plus trouvé preneurs.
Leur presse (Luc Bronner, Le Monde), 17 juin 2009.
Villiers-le-Bel : Les émeutiers présumés
face aux juges les 2 et 3 juillet
Dix jeunes soupçonnés d’avoir lancé des projectiles sur les forces de l’ordre lors des émeutes qui se sont déroulées en novembre 2007 à Villiers-le-Bel comparaîtront au tribunal de Pontoise les 2 et 3 juillet prochain. Deux nuits de violences avaient suivi la mort de Mohsin et Lakamy dans un accident entre leur mini-moto et un véhicule de police.
C’est le premier procès des émeutes de Villiers-le-Bel. Un an et huit mois après les événements, dix jeunes, âgés de 20 à 25 ans, vont comparaître pour violences volontaires avec plusieurs circonstances aggravantes. Ils sont soupçonnés d’avoir jeté divers projectiles sur les policiers lors des nuits d’émeutes qui ont suivi la mort des deux adolescents, les tirs d’armes à feu faisant l’objet d’une autre procédure. Pavés, bouteilles et cocktails molotovs ont été jetés ces nuits-là sur les fonctionnaires de police dans l’exercice de leur fonction. Les auteurs de ces jets risquent jusqu’à 7 ans de prison. Parmi les dix prévenus, deux sont en état de récidive après avoir été condamnés pour des faits semblables indiquait Le Parisien Val-d’Oise dans son édition du 12 juin.
Ce premier procès se tiendra les 2 et 3 juillet prochains au palais de justice de Pontoise. Les dix prévenus feront face aux 31 policiers, qui se sont constitués partie civile.
Leur presse (VOnews), 16 juin.