Explosion de Cognin : Lucas libéré, Dauphiné enchaîné

Publié le par la Rédaction

Lucas libéré !

Lucas [Lucas est un pseudonyme], placé à Fresnes le 15 mai dans l’affaire de Chambéry/Cognin, est sorti de prison hier vendredi 29 mai.

Il a été placé sous contrôle judiciaire strict :
— Assignation au domicile de ses parents,
— Obligation de travailler,
— Interdiction d’entrer en contact avec les autres personnes mises en cause dans l’affaire (témoins/accusés),
— Pointage chaque semaine au commissariat local, pour une durée encore indéterminée.

Rafou
, quant à lui à la Santé depuis le 8 mai (arrêté le 4 mai), a été gardé, la demande de remise en liberté a été refusée.

Mike est toujours à Lyon, dans un établissement médico-pénitentiaire.

Soutien à touTEs les prisonnierEs !
Feu à toutes les prisons !

30 mai - 20h23.


Feuilleton policier dans le Dauphiné libéré

Dans la nuit du 30 avril au premier mai, une jeune femme se tue et son compagnon est grièvement blessé dans une explosion près de Chambéry. L’enquête est confiée de suite à la SDAT.

Le 4 mai, la police perquisitionne Les Pilos, lieu de vie et dactivités autogéré. Les onze personnes présentes sur place sont arrêtées et interrogées. Un habitant dun autre squat est emmené à Paris et incarcéré, malgré le vide du dossier. Quelques jours plus tard, un autre se présente à la SDAT et demande à être entendu. Lui aussi sera mis en garde à vue, puis en détention provisoire.

Cette affaire fait l
objet dun véritable feuilleton dans le Dauphiné : à chaque jour ou presque son épisode, avec sa dose de suspens, et ses éléments «nouveaux», vrais ou faux… Même si on nest pas à une contradiction près, même si pour avoir une «association de malfaiteurs», il faut faire fi de la présomption dinnocence, et divulguer des informations sans se poser la question des conséquences.

Dès le 2 mai, le journal accroche avec un gros titre : «Déflagration mortelle : ils manipulaient des explosifs». L
article indique que «Daprès les premières constatations des enquêteurs, lhypothèse dune erreur de manipulation dans la confection dune bombe artisanale paraît la plus vraisemblable.» À lheure ou le journaliste écrit, les produits «sont en cours didentification». Laffirmation qui sert de gros titre na donc dautre source quune hypothèse des policiers.

Quant au jeune homme, «ses jours ne sont pas en danger», même si dans un autre article du même numéro, l
accident a «coûté la vie [aux] deux jeunes gens» !

Le lendemain, on revient sur l
affaire. L’article est intitulé «On a fait une connerie». Cest ce quaurait dit Mickaël en demandant du secours. Cela confirme la manipulation dexplosifs. En plus des témoignages de voisins, premiers renseignements sur Zoé et Mickaël. «Elle avait été repérée au cours dune manifestation dans les rangs des militants anarchistes ou altermondialistes» et lui «fréquentait les mêmes milieux politiques»… On admire la précision. Et les amalgames, mais, nous y reviendrons.

Lédition du 5 mai mentionne la perquisition des Pilots, avec «plus dune centaine de militaires, de policiers, denquêteurs» mobilisés pour «investir le bâtiment», ça méritait en effet quon le mentionne. «Sept garçons sont partis un à un dans les voitures de la PJ pour être entendus ; lun dentre eux est revenu avant même que le dispositif ait été levé.» Ce ne sont pas sept garçons, mais onze personnes, hommes et femmes qui ont été emmenées. Dont Raphaël, qui est toujours en prison. Comment le journaliste sest-il renseigné pour faire son article ?

Mais où habitaient-ils ?

Parfois ensemble, parfois séparément, suivant les articles. Ou, dans «Sur les traces de Zoé» (DL du 7 mai), séparément au début de l
article et ensemble à la fin.

Le 3, «le couple était constitué depuis un an et vivait dans un fourgon depuis l
automne».

Le 5 : «Ils avaient habité dans un squat de Cognin pendant six mois, puis avaient été expulsés lorsque les recours avaient autorisé l
intervention de la police. Ils sétaient ainsi rapprochés des “Pilos” de manière plus étroite. Pour repartir ensuite ailleurs. Entre un fourgon et un autre squat.» Rapprochés pour repartir ? Ils auraient donc vécu un temps aux Pilos ? Cest faux. Ni le couple, ni seulement Zoé, comme indiqué dans larticle du lendemain.

Et contrairement à ce qui est dit le 8 mai, Raphaël n
habitait pas aux Pilos non plus. Dailleurs, ce «résident des Pilos» a été gardé à vue «en raison de sa présence dans un autre squat, surnommé “Château Chamouth”» (il habitait les Pilos, mais on la arrêté parce quil vivait au Château Chamouth).

Le 9 mai, Raphaël «cohabitait avec Zoé et Mickaël et d
autres, dans un squat (…), entre Chambéry et Cognin». La veille, Zoé vivait, seule ou avec Mickaël, dans un cabanon de jardin, dans un autre quartier.

D
ailleurs, le 12, ils vivaient bien à ladresse de Zoé. Toujours ensemble. Il faudra attendre le 20 mai pour que le Dauphiné dise enfin que Zoé vivait dans sa maisonnette, et Mickaël dans son camion.

Le Dauphiné oublie-t-il les articles qu
il publie la veille ? Jamais un mot pour dire quil y avait des erreurs dans le(s) numéro(s) précédent(s). Au mieux, on nous donne une version différente, sans préciser quon avait fait erreur avant (charge au lecteur de démêler les contradictions), au pire : rien.

Les changements d
un jour à lautre (sur les lieux de résidence, par exemple) donnent au lecteur la sensation davancer «pas à pas» dans lenquête avec la police. Ils révèlent par là même la principale source des journalistes. Il ny a pas de recoupement des informations : les révélations de chaque source font lobjet darticles distincts. La plupart sont basés sur la version policière uniquement et sans prise de distance.

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G
Lucas a été libéré hier soir, vendredi 29 mai, il est sous contrôle judiciaire, on connaît pas encore les conditions. Rafou et Mikael restent emprissonnés.
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