Explosion de Cognin : Troisième mise en examen

Mickaël D…, 25 ans, le blessé de l’explosion mortelle de Cognin, a été mis en examen sur son lit d’hôpital. Pour «association de malfaiteurs en vue de la préparation d’une entreprise terroriste» et pour «fabrication, détention de produits explosifs» lui ont notifié les juges antiterroristes en fin de semaine dernière. Il a été placé en détention provisoire à l’hôpital Jules Courmont de Lyon. Il a subi, également, son premier interrogatoire.
«Mon client a déclaré qu’il était seul, sur place dans l’usine, avec sa copine» confie, hier, son avocat, Me Bernard Ripert. Le couple fabriquait une bombe «pour faire une expérience, sans projet, sans mobile, sans intention. Exactement comme des tas de gens possèdent une arme chez eux sans pour autant vouloir tuer qui que ce soit. Comme d’autres encore lisent Lénine ou Bakounine sans penser faire la révolution.»
«Pas de terroriste à Chambéry»
D’après son défenseur, Mickaël D… est très gravement blessé et il risque encore la perte d’une main et de la vue. «Je suis scandalisé par la mise en examen et la poursuite» commente Me Ripert. «Car ces juges oublient l’intensité du drame vécu par mon client. Sa copine a été tuée par l’expérience et lui a été défiguré. Par ailleurs, cette affaire n’a rien à voir avec le terrorisme, elle n’a été confiée à cette juridiction d’affaires politiques que pour lui assurer une activité. C’est pour justifier la pérennité de la section antiterroriste qu’on la saisit quand quelqu’un fait péter un pétard mouillé !»
Mickaël D… est Suisse. Son père est professeur à Genève, sa mère femme au foyer. Il n’était pas en rupture de relation avec eux. «C’est un rebelle, oui. Mais, son rêve n’a pas de lien avec l’explosion. C’est quelqu’un qui déteste la société de consommation, injuste et inégalitaire. Et qui a fait le choix de vivre en marge, de manière différente, en attendant qu’elle change d’elle-même. Ce n’est pas un révolté qui décide, avec d’autres, d’exprimer cette révolte de manière collective ou structurée. Cette extrême gauche organisée n’existe plus. Il n’y a pas de terroriste à Chambéry.»
Il s’agirait d’une mouvance commune à Zoé Av…, Mickaël D… et beaucoup d’autres, «qui rejettent le mode de vie établi plus qu’ils ne le combattent», confirme l’avocat des deux autres mis en examen, Raphaël S… et Joris Al…, Me Laurent Pascal.
Mickaël D… vivait dans son camion. Zoé Av…, tuée par l’explosion, dans un squat rue de Tarentaise, à Chambéry. Les autres, dans le squat surnommé Château Chamouth, à Chambéry. «Ils se connaissaient et c’est tout. On a inventé l’affaire. On a mis des gens en détention pour conjurer la gravité des conséquences corporelles de l’explosion.» Les éléments suspects ? «Un extincteur comme il y en avait dans d’autres squats, un condensateur électrique, de l’adhésif. Rien. C’est bidon !» conclut Me Pascal.

L’explosion — Elle se produit pendant la nuit du 30 avril au 1er mai, dans une usine désaffectée de Cognin. Deux jeunes manipulent du chlorate de soude et du sucre, ingrédients connus pour servir aussi à la fabrication des bombes artisanales. L’Ardéchoise Zoé Av…, 23 ans, est tuée par un éclat de l’extincteur qui servait de récipient. Le Suisse Mikaël D…, 25 ans, son copain, est très gravement blessé.
L’enquête — Elle est confiée à la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire le jour même. Plusieurs squats de Chambéry sont fouillés. Deux occupants de celui surnommé Château Chamouth, Raphaël S…, 25 ans, et Joris Al…, 24 ans, sont mis en examen et placés en détention provisoire à la Santé et à Fresnes depuis le 8 et le 15 mai.
Leur presse (Frédéric Chiola, Le Daubé), 20 mai 2009.