Murs blancs, Évreux muette
Les tagueurs dans le viseur des juges
«La récréation est finie !» tonne Me Marc François, avocat de la Ville d’Évreux, à l’adresse des quinze tagueurs poursuivis hier devant le tribunal correctionnel pour être les auteurs présumés d’une série impressionnante de tags et autres graffs — courant 2006 et 2007 — commis dans la capitale de l’Eure et dans la quasi-totalité des villages limitrophes.
Une vraie marée où les tagueurs ont pris pour cible des bâtiments communaux, les ponts et les wagons de la SNCF et fait des victimes chez des dizaines de particuliers, associations, sociétés HLM, entreprises… À la clé, la facture est très lourde. La SNCF réclame 86.000 € en réparation de son préjudice matériel.
La Ville d’Évreux en demande 36.000 €. Les constitutions de partie civile — plusieurs dizaines — se chiffrent à plus de 50.000 € : «Les gens de ma commune sont excédés», explique à la barre le maire de Parville, [NDLR : 320 habitants] qui réclame plus de 8000 € de réparation «et des travaux d’intérêt généraux pour que ces jeunes viennent effacer ce qu’ils ont fait !»
La journée spéciale «tags» du tribunal correctionnel — une première qui en appelle d’autres affirme une source proche du dossier — est aussi la conclusion d’une enquête de gendarmerie d’une ampleur inédite dans l’Eure. Confiée à la gendarmerie de Conches-en-Ouche près d’Évreux, elle est partie d’un blog (vandal27 illégale attitude) où les tagueurs se donnaient rendez-vous. La gendarmerie a réussi à lever le masque sur les pseudos les plus variés (Bier, Kroder, Losher, Dizo…) derrière lesquels se cachaient les tagueurs et à leur associer les tags correspondant à leur signature : «Le blog avait créé une véritable émulation dans le milieu des tagueurs», confirme le directeur d’enquête.
Quarante-huit personnes ont dû rendre des comptes à la justice ces derniers mois dont une partie de mineurs jugés mardi dernier. Hier à Évreux étaient jugés les plus «grosses» prises parmi les adultes.
À la barre défilent des Ébroïciens d’une vingtaine d’années pas plus. Ils se connaissent tous. Jeans, basket, polo. Des jeunes sans autre trace sur leur casier que de plus vieilles affaires de tags. «C’est l’adrénaline aussi qui compte quand on tague…» admet Laurent, 24 ans, pour expliquer sa passion qu’il sait illégale, «c’est un peu le jeu du chat et de la souris avec la police». «Moi, j’en ai rien à faire de me faire connaître par le tag, explique son copain qui vient d’ouvrir son auto entreprise de design, ce qui me plaisait c’était de passer la nuit dehors avec des copains et des bières.» «Le tag, c’est pas vraiment de l’art» déclare Benoît, étudiant aux Beaux Arts, qui estime, comme les autres, que la justice charge la barque : «Certains tags, c’est pas moi.» Le substitut n’a réclamé que des peines de prison avec sursis (1 à 3 mois maximum), des travaux d’intérêt généraux quelques fois mais pas d’amende. Compte tenu des dommages et intérêts conséquents que ces jeunes (plusieurs sont sans emploi) doivent s’apprêter à payer. «J’espère que cette audience fera jurisprudence et pas qu’à Évreux», explique le responsable du service municipal chargé à Évreux d’effacer les tags. En constatant que depuis que la justice a décidé de poursuivre, les surfaces taguées ont diminué de 70% dans sa ville. Délibéré le 2 juillet 2009.
Le tribunal correctionnel d’Évreux a jugé vendredi des jeunes accusés d’avoir tagué plusieurs murs de l’agglo ébroïcienne. Ils vont devoir payer.
«La récréation est finie !» tonne Me Marc François, avocat de la Ville d’Évreux, à l’adresse des quinze tagueurs poursuivis hier devant le tribunal correctionnel pour être les auteurs présumés d’une série impressionnante de tags et autres graffs — courant 2006 et 2007 — commis dans la capitale de l’Eure et dans la quasi-totalité des villages limitrophes.
Une vraie marée où les tagueurs ont pris pour cible des bâtiments communaux, les ponts et les wagons de la SNCF et fait des victimes chez des dizaines de particuliers, associations, sociétés HLM, entreprises… À la clé, la facture est très lourde. La SNCF réclame 86.000 € en réparation de son préjudice matériel.
La Ville d’Évreux en demande 36.000 €. Les constitutions de partie civile — plusieurs dizaines — se chiffrent à plus de 50.000 € : «Les gens de ma commune sont excédés», explique à la barre le maire de Parville, [NDLR : 320 habitants] qui réclame plus de 8000 € de réparation «et des travaux d’intérêt généraux pour que ces jeunes viennent effacer ce qu’ils ont fait !»
La journée spéciale «tags» du tribunal correctionnel — une première qui en appelle d’autres affirme une source proche du dossier — est aussi la conclusion d’une enquête de gendarmerie d’une ampleur inédite dans l’Eure. Confiée à la gendarmerie de Conches-en-Ouche près d’Évreux, elle est partie d’un blog (vandal27 illégale attitude) où les tagueurs se donnaient rendez-vous. La gendarmerie a réussi à lever le masque sur les pseudos les plus variés (Bier, Kroder, Losher, Dizo…) derrière lesquels se cachaient les tagueurs et à leur associer les tags correspondant à leur signature : «Le blog avait créé une véritable émulation dans le milieu des tagueurs», confirme le directeur d’enquête.
Quarante-huit personnes ont dû rendre des comptes à la justice ces derniers mois dont une partie de mineurs jugés mardi dernier. Hier à Évreux étaient jugés les plus «grosses» prises parmi les adultes.
À la barre défilent des Ébroïciens d’une vingtaine d’années pas plus. Ils se connaissent tous. Jeans, basket, polo. Des jeunes sans autre trace sur leur casier que de plus vieilles affaires de tags. «C’est l’adrénaline aussi qui compte quand on tague…» admet Laurent, 24 ans, pour expliquer sa passion qu’il sait illégale, «c’est un peu le jeu du chat et de la souris avec la police». «Moi, j’en ai rien à faire de me faire connaître par le tag, explique son copain qui vient d’ouvrir son auto entreprise de design, ce qui me plaisait c’était de passer la nuit dehors avec des copains et des bières.» «Le tag, c’est pas vraiment de l’art» déclare Benoît, étudiant aux Beaux Arts, qui estime, comme les autres, que la justice charge la barque : «Certains tags, c’est pas moi.» Le substitut n’a réclamé que des peines de prison avec sursis (1 à 3 mois maximum), des travaux d’intérêt généraux quelques fois mais pas d’amende. Compte tenu des dommages et intérêts conséquents que ces jeunes (plusieurs sont sans emploi) doivent s’apprêter à payer. «J’espère que cette audience fera jurisprudence et pas qu’à Évreux», explique le responsable du service municipal chargé à Évreux d’effacer les tags. En constatant que depuis que la justice a décidé de poursuivre, les surfaces taguées ont diminué de 70% dans sa ville. Délibéré le 2 juillet 2009.
Leur presse, 16 mai 2009
(Richard Mesnildrey, Paris Normandie)