Les cheminots contre les casseurs du service public

font de l’ombre à la grande vitesse
En grève depuis le 23 avril, ils ont empêché les responsables de la SNCF d’accéder à la rencontre sur la grande vitesse prévue hier à Besançon
«On empêchera les casseurs du service public d’entrer.» C’était la décision prise hier, par les cheminots cégétistes de Dole épaulés de leurs collègues bisontins, devant le Nouveau théâtre à Besançon où se déroulait la deuxième Rencontre de la grande vitesse en Franche-Comté.
Après de très vifs échanges avec Marie-Guite Dufay, présidente du conseil régional et surtout avec Charles Joder, directeur SNCF Bourgogne Franche-Comté, les grévistes ont empêché ce dernier ainsi que Thomas Hennetier, directeur délégué TER en Franche-Comté, de rejoindre la réunion.

Charles Joder ne l’entend pas de cette oreille. De l’avis du directeur régional, les mesures mises en œuvre sont à même d’obtenir un meilleur rendement et permettront à la SNCF de rester compétitive. L’ouverture du transport des voyageurs à la concurrence est annoncée pour 2010. Dans cette perspective, il y a un peu moins d’un an, la SNCF avait annoncé qu’elle entendait augmenter son chiffre d’affaires de 50% et doubler son résultat net pour le porter à deux milliards d’euros.
Mais, selon les grévistes, on n’est pas dans la bonne voie et certains n’hésitent pas à sortir la calculette. «Le déplacement de la charge contrôleurs de Dole à Besançon conduit ces agents à rejoindre leur lieu de prise d’activité en taxi. Rien que pour samedi dernier, c’était six cents euros de frais et en 2008 on a dépensé 48.000 euros en taxi, sans compter les cadres de la DTER qui prennent régulièrement leurs repas dans de grands restaurants bisontins. Mais ils ne sortent pas leurs cartes bleues, c’est sur le compte de la SNCF», lance un syndicaliste.
Marie-Guite Dufay se dit scandalisée par la suppression de la ligne Paris-Berne. «J’ai déjà envoyé un courrier en ce sens au président de la SNCF Guillaume Pepy», explique-t-elle. Les cheminots redoutent qu’après la SNCF, RFF (Réseau ferré de France) annonce, à son tour, que l’axe ferroviaire n’est plus rentable.
Hier, les cheminots ont montré une très grande détermination et, à présent, ils veulent des réponses claires de toutes les parties. «À la table ronde du mardi 19 mai, nous ne viendrons pas pour faire les pots de fleurs quant aux élus, nous saurons comment utiliser nos bulletins de vote», avertit Michel Lenzi (CGT).
Leur presse (Dahmane Soudani, Le Progrès), 15 mai 2009.