Séquestrons nos patrons : Molex à Villemur (mardi matin)
une médiation attendue
Les salariés de l’équipementier automobile américain Molex à Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne), qui doit fermer à la mi-2009, continuaient mardi matin de séquestrer deux dirigeants retenus depuis lundi après midi, ont indiqué les deux parties.
Une médiation de la direction départementale du Travail devrait avoir lieu dans la matinée, ont précisé par téléphone le secrétaire du Comité d’entreprise Denis Parise (CGT), ainsi que l’un des deux dirigeants retenus, le co-gérant de Molex SARL (la filiale française), Marcus Kerriou.
Le blocage est resté complet toute la nuit.
«Il n’est pas question de négocier dans cette situation de séquestration», rétorque M. Kerriou interrogé par l’AFP. «Nous avons dormi deux heures, nous sommes fatigués, mais la réponse est non tant que nous sommes retenus contre notre gré», a précisé le dirigeant, rappelant que l’usine française a été «achetée à la Snecma (groupe Safran) avec son savoir-faire il y a cinq ans pour 25 millions d’euros».
La préfecture a proposé une médiation de la direction départementale du Travail, qui devrait avoir lieu dans la matinée, précisent les deux camps.
En cas d’échec de la médiation, les syndicalistes craignent une intervention des forces de l’ordre. «La directrice de cabinet du préfet m’a dit que nous commettions un délit, mais est-ce plus grave que de mettre 300 salariés à la porte ?», a déclaré le cégétiste.
De son côté Marcus Kerriou espère que si la médiation n’aboutit pas, «l’État fera respecter une règle élémentaire, la liberté d’aller où nous voulons».
La direction a annoncé en 2008 son intention de fermer à la mi-2009 cette unité de connecteurs électriques frappée par la crise et de licencier la plupart des 283 salariés. Ceux-ci ont depuis multiplié les manifestations, avec le soutien des élus locaux et régionaux.
La séquestration a été décidée à l’issue d’un comité d’entreprise pour dénoncer la volonté du groupe de «détourner» déjà, selon la CGT, la production vers d’autres usines.
Leur presse (AFP), 21 avril 2009.
Molex, séquestration contre délocalisation masquée
Les salariés du site de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) de l’équipementier automobile américain Molex retiennent depuis lundi soir des dirigeants de leur entreprise pour s’opposer à un plan social.
À Philippe Fort, l’un des directeurs du site, les salariés de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) se sont contentés de dire : «Toi, tu t’en vas. On ne veut plus te revoir.» L’autre directeur, Marcus Kiriou, n’a pas eu à être salué : «On le garde avec nous cette nuit.» Les 283 salariés de l’unité de connectique automobile séquestrent depuis 17 heures hier le patron de la filiale française du groupe américain Molex Automotive.
C’est un petit tour sur les tableaux Excel du cerveau informatique de l’industriel américain à Lincoln, dans le Nebraska, qui a déchaîné les métallos de Villemur. Le 28 octobre, la direction informait les salariés de la prochaine délocalisation de leur unité en Slovaquie, malgré des exercices 2007 et 2008 bénéficiaires. Depuis, le groupe a annoncé qu’il comptait aussi fermer le site slovaque : le marché ralentissant, les constructeurs automobiles auraient besoin de moins de boîtiers pour l’électronique des feux arrière, des lève-vitres ou des tableaux de bord. La faute à la crise. Sauf que l’avocat du comité d’entreprise va aujourd’hui déposer une plainte auprès du procureur de la République. Avec, sous le bras, des documents affirmant le contraire : les pièces que produisait Villemur-sur-Tarn, et dont le marché ne voudrait plus, seraient en fait fabriquées en cachette sous les mêmes références dans le Nebraska et stockées en Allemagne…
«Un patron a le droit de disposer de son bien comme il l’entend, développe ainsi maître Jean-Marc Denjean. À condition de ne pas raconter n’importe quoi aux instances représentatives de ses salariés.» Des salariés qui ont opté pour la manière coercitive lorsque leur direction locale a reconnu en comité d’entreprise hier avoir copié tous les moules de leur production pour les envoyer aux États-Unis.
Leur presse (Gilbert Laval, Libération), 21 avril - 6h52.