Séquestrons nos patrons : Molex à Villemur
retiennent deux cadres dirigeants
Des salariés de l’entreprise Molex à Villemur-sur-Tarn ont décidé, ce lundi soir 20 avril, de retenir «gentiment» sur le site deux cadres dirigeants de l’entreprise, la directrice des ressources humaines, Mme Colboc, et l’un des directeurs, M. Keriou. Un autre directeur, M. Fort, a été «mis à la porte» de l’usine, selon l’expression d’un responsable syndical.
Selon Denis Parise, le secrétaire du Comité d’entreprise, cette décision est liée à la découverte par les salariés d’un «détournement» de la production. «La semaine dernière, on a appris qu’une livraison de pièces provenant des Usa avait été effectuée le 8 octobre chez un client en Allemagne, peu avant l’annonce de la fermeture de l’usine de Villemur-sur-Tarn faite le 23 octobre. C’est, pour nous, une entrave au fonctionnement du Comité d’entreprise. On aurait dû être informés. D’ailleurs, nous avons saisi le procureur de la République aujourd’hui.»
Les responsables syndicaux de l’usine de Molex entendent bien garder les deux cadres dans l’usine toute la nuit.
Leur presse (La Dépêche du Midi), 20 avril 2009 (19h13).
«(…) “Nous retenons deux dirigeants de l’usine depuis 18 heures et nous ne les relâcherons que quand nous aurons obtenu satisfaction sur nos revendications”, a déclaré Pierre Bellegarde, délégué CGT.
“Pour l’instant, tout se passe bien. Il n’y a pas eu de violences. Des gendarmes ont pris position devant l’usine mais ils ne sont que trois. Ça ne suffira pas pour nous déloger par la force”, a-t-il ajouté. (…)»
Leur presse (Reuters), 20 avril 2009 (20h05).
«(…) “Nous retenons ces deux dirigeants depuis la fin de l’après-midi et nous leur avons apporté de la nourriture et des matelas dans la soirée pour qu’ils passent la nuit”, a précisé lundi soir à Reuters Pierre Bellegarde, délégué CGT de cette entreprise appartenant à un groupe américain.
“À plus d’une centaine, nous allons passer la nuit à les veiller. Ils ne bougeront pas jusqu’à ce que nos revendications principales soient acceptées”, a-t-il ajouté.
(…) “Nous avons choisi la voie de la force pour obtenir satisfaction. Notre usine est rentable. Nous voulons continuer de travailler !”, a dit encore à Reuters ce syndicaliste.
“Quitte à passer outre à la loi, nous irons jusqu’au bout de notre combat. La nuit sera longue pour tous, mais demain, mardi […] si les CRS n’ont pas pas chargé à l’aube, nous pourrons enfin discuter sérieusement d’économies, de travail, de rentabilité, et non plus de profits et de dividendes seulement, avec notre direction en Amérique.”»
Leur presse (Reuters), 20 avril 2009 (22h50).
Les salariés de Molex à leur tour séquestrent leurs dirigeants
Les salariés du site de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) de l’équipementier automobile américain Molex, après ceux de Sony France ou de Caterpillar, ont séquestré lundi soir des dirigeants de leur entreprise pour s’opposer à un plan social.
La direction a annoncé en octobre 2008 son intention de fermer à la mi-2009 cette unité de connecteurs électriques et de licencier la plupart des 283 salariés. Ceux-ci ont depuis multiplié les manifestations, avec le soutien des élus locaux et régionaux.
Ils ont franchi un pas supplémentaire lundi soir à l’issue d’un comité d’entreprise en décidant de retenir toute la nuit deux dirigeants, pour dénoncer la volonté du groupe de «détourner» déjà, selon eux, la production vers d’autres usines.
«Nous avons mis dehors le directeur de l’usine, Philippe Fort, et nous retenons le co-gérant de Molex SARL (la filiale française de Molex) Marcus Kerriou et la directrice des ressources humaines Coline Colboc», a déclaré à l’AFP Pierre Bellegarde, délégué CGT, à l’issue d’un comité d’entreprise.
Pour relâcher les dirigeants, les salariés réclament «le rapatriement d’un stock qui a été constitué aux Pays-Bas pour nous contourner», a dit le secrétaire du CE Denis Parise (CGT). «Nous voulons en outre 100 millions d’euros (bien 100) d’indemnité», a-t-il ajouté.
Le co-gérant de Molex SARL, Marcus Kerriou,
écoute les revendications du secrétaire du CE
Denis Parisé (CGT) et du représentant de la CGT, Guy Pavan (D)
le 20 avril 2009 sur le site de Villemur-sur-Tarn
écoute les revendications du secrétaire du CE
Denis Parisé (CGT) et du représentant de la CGT, Guy Pavan (D)
le 20 avril 2009 sur le site de Villemur-sur-Tarn
Pierre Bellegarde a expliqué la colère des salariés en soulignant que la direction avait «mis en place un système de double source de production en utilisant ses usines américaines et en constituant un stock chez un soi-disant client néerlandais, Power and Signal».
Marcus Kerriou, retenu depuis 17h30, a pu être rencontré dans un bureau en compagnie de sa collègue et d’un huissier appelé à constater les faits. Vers 23h00 les deux dirigeants séquestrés avaient pu se restaurer. Ils s’apprêtaient à passer la nuit sous la surveillance d’une dizaine de salariés dans le bâtiment et d’une cinquantaine autour.
Le dirigeant, constatant que sa liberté de mouvement était «entravée» s’est déclaré «prêt à renouer le dialogue mardi matin, mais pas à négocier dans ces conditions».
Les salariés contestent le bien-fondé économique de la décision de fermeture. Ils retardent depuis la fin 2008 la procédure du plan social dans l’attente d’un rapport d’expertise deamndé par le CE au cabinet Syndex.
Les syndicalistes disent avoir «remis au procureur de la République de Toulouse des documents montrant que la fermeture de l’usine était planifiée de longue date».
Denis Parise dit qu’il sera entendu à sa demande par la police judiciaire mardi sur de nouveaux documents «prouvant qu’avant même d’annoncer la fermeture de Villemur, la direction livrait déjà l’Europe avec des doubles des moules et des outillages installés aux États-Unis».
Pour M. Kerriou, «l’ampleur de la crise a contraint Molex à supprimer 8250 emplois dans le monde soit 25% de ses effectifs depuis septembre, en essayant de traiter les salariés le mieux possible». Il a nié toute «préméditation à l’encontre de Villemur».
Il a assuré que l’utilisation des stocks néerlandais ne datait que «de quelques jours» et était nécessaire pour satisfaire un regain de demande des clients, qui doivent être livrés «au jour le jour, en flux tendu sous peine de pénalité financière».
«Villemur tournait à 30% de sa capacité mais nous n’avons pas réussi à augmenter le régime pour revenir à 60% ces derniers jours, sans doute par manque de motivation des salariés», a-t-il ajouté.
Leur presse (AFP), 20 avril 2009 (23h49).
«(…) “Ce n’est pas une séquestration, ils ont 300 m² de bureaux à eux”, a précisé le secrétaire Denis Parisé (CGT). (…)»
Leur presse (Le Télégramme), 21 avril 2009.