Et surtout, n'appelez pas la police !
Les musiques “alternatives” entre liberté et répression
Le film documentaire Et surtout, n'appelez pas la police ! retrace l’histoire du Rock à Paris au travers des interdictions, de 1958 à 1988 — de Vince Taylor à la génération “ainsi squattent-ils”.
Le film documentaire Et surtout, n'appelez pas la police ! retrace l’histoire du Rock à Paris au travers des interdictions, de 1958 à 1988 — de Vince Taylor à la génération “ainsi squattent-ils”.

Mercredi 14 juin 2006, de 18 à 21h
Au Coffre-Fort, rue de Bonneville
(en face de l’IME) à saintClaude.
(en face de l’IME) à saintClaude.
Pascal Suquet, dit “Rascal” (ici avec son copain Ronan), a participé activement à la création et à la vie d’une scène musicale alternative dans les années 1980s et 1990s sur Paris et Bourges, en montant des associations comme les Barrocks et Emmetrop pour organiser des concerts et animer des lieux, ou en manageant des groupes comme les Wampas, les Soucoupes Violentes…
Dernier pogo à Paris, reportage de Michel Vuillermet (Les Enfants du Rock, 1986) :
Dernier pogo à Paris, reportage de Michel Vuillermet (Les Enfants du Rock, 1986) :
Interview de Cochran, parue en octobre 2002 dans le numéro 9 de Barricata : « Les Barrocks, c’est la preuve que de temps en temps, y’a des choses qui dégénèrent pas. La chanson de gros François (le chanteur de Pigalle. Ndlr) sur Rascal et Ronan est très jolie. Les Barrocks, c’est donc Rascal qui fait aujourd’hui du fromage bio dans un village du Jura, il a des vaches, il s’occupait du fan-club des Meteors quand je l’ai connu. Il a créé les Barrocks avec Ronan, qui vit maintenant dans les Pyrénées. C’est comme cela que j’ai connu les Corbières. Il a l’âge de mes vieux, il est bien rock’n roll. Va savoir pourquoi, mais les Barrocks, c’était l’endroit où les gens ne se chagnaient pas. À l’époque, il pouvait y avoir Sniff et son escorte et les mecs de l’Usine qui venaient, ils ne se frittaient pas, parce que tous le monde respectait Rascal et Ronan, tout le monde respectait le fait que les groupes jouent pour presque rien, que l’entrée soit gratos, sauf pour ceux qui pouvaient filer 20 balles. On a été pendant deux ans une réelle communauté. Sans réfléchir et sans le faire exprès. De temps en temps, quand un fouille-merde, comme un neusk de province, arrivait et faisait le chaud, Cambouis lui faisait traverser la vitrine. Il y a eu quelques embrouilles, avec les Sharks, avec les Kaïras, mais une violence normale, quotidienne. Pour les gens entre eux, c’était l’oasis : “si tu viens boire à l’abreuvoir, tu fais pas chier”. C’était un bouillon de culture, à l’origine de tout ce qui allait devenir “l’alternatif”. Il y a une époque où être branché à mort, c’était d’avoir un tremplin, une salopette tachée de peinture, faire les beaux-arts et écouter les Washington Dead Cats. C’est comme si d’un seul coup, il y avait des millions de neuskis, avec des fringues plus chères les unes que les autres. C’est donc Rascal et Ronan qui sont à l’origine de tout ça, et ils n’ont jamais gagné un rond. (…) Je me rappelle encore de la réunion fondatrice, en 1984. Ma participation, au départ, consista à arrêter de jouer au baby-foot avec Alain, car cela faisait trop de bruit et qu’on empêchait les autres de réfléchir aux statuts. »
« La musique est prophétie. Dans ses styles et son organisation économique, elle est en avance sur le reste de la société, parce qu’elle explore, dans un code donné, tout le champ du possible, plus vite que que la réalité matérielle ne peut le faire. Elle fait entendre le monde nouveau qui, peu à peu, deviendra visible, s’imposera, réglera l’ordre des choses ; elle n’est pas seulement l’image des choses mais le dépassement du quotidien, et l’annonce de leur avenir. En cela, le musicien, même officiel, est dangereux, subversif, inquiétant, et on ne pourra détacher son histoire de celle de la répression et de la surveillance. »
