Grève illimitée et blocage de l'usine chez Amora - Dijon et Appoigny
Conflit chez Amora :
Le blocage face à la date butoir
Hervé Laureau est inquiet. Le P-DG d’Amora-Maille le reconnaissait hier soir en rappelant qu’aujourd’hui marque la date butoir fixée pour la signature d’un protocole d’accord avec l’intersyndicale, afin de mettre un terme à la crise née de l’annonce des restructurations, le 20 novembre dernier. L’issue des négociations menées à Dijon, lundi, ne laissait pas beaucoup de place à l’optimisme, même si le P-DG d’Amora se dit prêt à attendre, «ce soir jusqu’à minuit s’il le faut, pour signer».
Du côté de l’intersyndicale (FO/CGT/CFDT) on se réunissait, hier, afin de décider d’une position commune. On évoquait même la nomination, par la municipalité dijonnaise, de Guy Gillot comme médiateur, afin de tenter un déblocage de la situation. Alors qu’au centre logistique de Chevigny, les salariés maintiennent le blocus et conservent la main sur un «trésor de guerre» de 32.000 palettes de produits, l’échéance de ce mercredi risque de peser lourd. «Faute d’accord signé, soulignait Hervé Laureau, il faudra dire adieu au transfert de production de vinaigrette (32.000 tonnes annuelles rapatriées de République tchèque, Ndlr), et les seules indemnités seront les indemnités légales, qui prévoient un maximum de 35.000 € pour les salariés les plus anciens.»
«Aucun autre plan n’est à cette hauteur»
Afin de bien faire comprendre l’urgence de la situation, le P-DG d’Amora-Maille est revenu sur les avancées obtenues jusque-là : «Nous sommes partis d’une indemnité de préjudice échelonnée de 12.000 à 40.000 € en fonction de l’ancienneté pour arriver à 40.000 € pour tous. Si l’on ajoute l’indemnité légale, on parvenait à 50.000 €. Finalement, alors que les syndicats réclamaient 400.000 €, et qu’ils sont à présent descendus à 124.000 €, de notre côté nous sommes parvenus à une position prévoyant de 50.000 à 90.000 €. Je n’ai jamais connu, au sein d’Unilever, d’autre plan qui soit à la hauteur de ce que nous proposons.»
Reste qu’entre 90.000 € d’un côté et 124.000 de l’autre, les 34.000 € de différence cristallisent pour l’instant le mécontentement.
Maintenant leur blocus du site de Chevigny, de nombreux salariés manifestaient hier leur volonté d’aller jusqu’au bout même si une sortie de crise honorable est attendue par tous.
Journée décisive
Il y a fort à parier que la journée d’aujourd’hui sera marquée par des discussions menées de part et d’autre au pas de course afin de parvenir à un accord. On imagine mal les salariés se contenter des indemnités minimum légales après avoir porté avec force leurs revendications.
Cette journée d’aujourd’hui pourrait être celle de tous les dangers et de tous les espoirs. À moins qu’un nouveau délai n’intervienne en dernier recours…
Dijon : Opération coup de poing des salariés d’Amora dans un hypermarché
À quelques heures de la date limite de signature du Plan de sauvetage de l’emploi (PSE), proposé par Unilever dans le cadre de la restructuration d’Amora-Maille, les salariés ont une fois de plus montré leur colère cet après-midi. Une soixantaine de salariés a mené une opération coup de poing dans un hypermarché de Dijon. Ils ont vidé les rayons de moutarde, cornichons et mayonnaise dans des chariots qu’ils ont ensuite abandonné dans le magasin. La date limite de signature du PSE est fixée à minuit, ce 25 mars.
Amora-Maille : Les salariés prêts à «aller jusqu’au bout»
La veille, lundi, l’intersyndicale avait négocié «dix heures durant» le montant de «l’indemnité préjudice» de ce plan que la direction a fixé à «40.000 euros pour tous», soit dix fois moins que ce qu’exigeaient les syndicats.
Depuis, ces derniers ont revu leur chiffre à la baisse : de l’ordre de «130.000 à 140.000 euros compte tenu des bénéfices d’Unilever» chiffrés à «5,3 milliards d’euros» en 2008, comme l’affirme Mamadou N’Ginnue, délégué CGT. «Ils peuvent payer mais ils ne veulent pas, et ceux qui négocient avec nous ne sont que des seconds couteaux et n’ont pas les cordons de la bourse.» Cet avis n’est nullement partagé par la direction d’Amora-Maille, «consciente d’accorder des primes de très haut niveau» qui, en cas de non-réponse d’ici ce soir, seraient «nulles et non avenues».
Amora-Maille : les syndicats rejettent les propositions de la direction
Syndicats et direction d’Amora-Maille (groupe Unilever) ne sont pas parvenus à un accord sur les modalités du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), malgré des «avancées» constatées de part et d’autre, a-t-on appris mardi auprès d’eux. À l’issue d’une assemblée générale, les salariés ont rejeté, à l’appel de l’intersydicale, «l’ultimatum» de la direction, fixé au 25 mars, ainsi que l’ensemble de ses propositions qualifiées de très «insuffisantes» sur le montant des indemnités de licenciement et de préjudice.
La direction proposait «au moins 50.000 euros d’indemnités pour tous dont 40.000 euros de préjudice», a déclaré à l’AFP Patrick Dubois, secrétaire (FO) du CCE. Les syndicats avaient revu leurs «demandes à la baisse» passant de «400.000 à 125.000 euros», selon lui. Pour sa part, la direction d’Amora-Maille a précisé «l’indemnité de préjudice pour tous à 40.000 euros, à laquelle s’ajoutera l’indemnité légale de licenciement en fonction de l’ancienneté».
Les usines de production de Dijon et d’Appoigny (Yonne) «sont totalement fermées» depuis le 16 mars, et le site logistique de Chevigny (Côte-d’Or) est «bloqué et occupé par les salariés», ont affirmé les syndicats. Le 20 novembre 2008, la direction d’Unilever a annoncé la fermeture de deux sites de production de son groupe, celui de son usine historique à Dijon et celui d’Appoigny, entraînant la suppression de 244 emplois.
Début d’une grève illimitée chez Amora
Pas du tout convaincus par la proposition de la direction, les salariés d’Amora-Maille ont voté hier, la grève illimitée qui a pris effet immédiat sur deux des trois sites (Dijon et Appoigny, dans l’Yonne). C’est du point de vue de l’intersyndicale, la dernière solution qui lui resterait, compte tenu des blocages qu’elle impute à la direction et en attendant la réunion de mercredi qu’elle juge cruciale.
Cette proposition de la direction était pourtant destinée à ramener en Bourgogne une grosse activité, puisqu’Hervé Laureau, P-DG d’Amora-Maille a obtenu l’accord du groupe Unilever pour rapatrier à Chevigny-Saint-Sauveur une chaîne de production de vinaigrette, actuellement implantée en République tchèque. Cette décision ne serait pas neutre, puisqu’elle permettrait de produire 11.000 tonnes, dont 5000 sont destinées au marché français. Dans notre édition de samedi, Hervé Laureau expliquait que ce transfert de volume s’ajouterait aux 82.000 tonnes prévues sur ce site, à la suite de la restructuration du groupe. De ce fait, Chevigny deviendrait la plus grosse usine de condiments d’Europe. Elle serait créatrice de nouveaux emplois. Ce sont 32 postes qui s’ajouteraient aux 50 offres d’emplois enregistrées auprès des entreprises de la région, sans omettre les 52 postes transférés à Chevigny dans le cadre de la réorganisation. Au final, Hervé Laureau trouverait ainsi des solutions pour 134 des 244 personnes risquant de perdre leur emploi : «J’arrive même à trouver une solution pour chacun, en prenant en compte les postes ouverts dans le groupe et on n’a même pas démarré le recours à l’antenne emploi. Dans cette affaire, ma responsabilité est l’emploi, pas de faire des chèques valise.»
«On n’y croit pas»
Le problème c’est que l’intersyndicale prend mal cette proposition qui est conditionnée à l’abandon de la revendication des 400.000 € d’indemnité par personne licenciée. Pour la direction, cette revendication n’est tout simplement pas raisonnable. En contrepartie, Hervé Laureau explique qu’il a fait le forcing auprès du groupe pour rapatrier la vinaigrette et limiter autant que possible, l’impact social.
Pour Jean-Pierre Cordier, délégué FO, cette proposition est surtout un effet d’annonce qui fait suite à «des pressions et des chantages». Bien plus, il déclare : «Ce transfert, on n’y croit pas. C’est un leurre. On se moque de nous. Quand la vinaigrette était partie de Dijon vers la Tchéquie, on nous avait expliqué que c’était pour des raisons de rentabilité, alors qu’on sait que cette vinaigrette ne se vendait plus sur le marché français à la suite d’une erreur marketing du flacon. Sur les emplois, on nous ment à propos du recasement sur la plate-forme de logistique à Fauverney. Si on décide aujourd’hui cette grève illimitée, c’est qu’on ’a pas d’autres moyens et qu’on arrive aujourd’hui à une situation de blocage.»
Hervé Laureau répond à cette critique : «Ce transfert de la ligne vinaigrette n’était pas le plus économique pour le groupe Unilever, car la production en Tchéquie était plus rentable en coût global ; mais je ferai en sorte que Chevigny soit plus rentable en coût variable en la rendant plus compétitive, sans les frais fixes. C’est vrai que le changement de bouteille nous a fait perdre des parts de marché ; mais depuis six mois, on en reprend. Ce n’est pas un effet d’annonce, mais une solution pérenne. On va transférer cette ligne sur Chevigny qui avait été investie il y a deux ans et forcément, ça va coûter quelques centaines de milliers d’euros, mais ma priorité reste l’emploi.»
Dans l’état actuel, l’intersyndicale estime qu’elle n’a pas les moyens de se prononcer mercredi sur le Livre III qui portera sur la réorganisation. Pourtant la course contre la montre est engagée, car la direction veut obtenir un accord de fin de conflit avant le 23 mars.
Explication de texte
Dans ces conditions, comment la direction abordera cette journée de mercredi ? Interrogé hier sur ce point, Hervé Laureau ne voyait qu’une perspective : «Je vais réexpliquer mes propositions qui ne sont pas basées sur cette seule indemnité de 400.000 €. Il y a aussi la prime de reclassement rapide. Il y a également un congé de reclassement de 12 mois pour les plus de 55 ans avec le maintien de 80% du salaire net, pendant cette période, ainsi que l’indemnité de différentiel de salaire sur une période pour ceux qui travailleront dans une autre entreprise. Il y a enfin un budget de formation. Certaines de ces propositions ont déjà été validées.»
Le blocage face à la date butoir
Aujourd’hui [mercredi 25 mars 2009], marque la date butoir fixée par la direction d’Amora pour la signature d’un accord de sortie de crise.
Hervé Laureau est inquiet. Le P-DG d’Amora-Maille le reconnaissait hier soir en rappelant qu’aujourd’hui marque la date butoir fixée pour la signature d’un protocole d’accord avec l’intersyndicale, afin de mettre un terme à la crise née de l’annonce des restructurations, le 20 novembre dernier. L’issue des négociations menées à Dijon, lundi, ne laissait pas beaucoup de place à l’optimisme, même si le P-DG d’Amora se dit prêt à attendre, «ce soir jusqu’à minuit s’il le faut, pour signer».
Du côté de l’intersyndicale (FO/CGT/CFDT) on se réunissait, hier, afin de décider d’une position commune. On évoquait même la nomination, par la municipalité dijonnaise, de Guy Gillot comme médiateur, afin de tenter un déblocage de la situation. Alors qu’au centre logistique de Chevigny, les salariés maintiennent le blocus et conservent la main sur un «trésor de guerre» de 32.000 palettes de produits, l’échéance de ce mercredi risque de peser lourd. «Faute d’accord signé, soulignait Hervé Laureau, il faudra dire adieu au transfert de production de vinaigrette (32.000 tonnes annuelles rapatriées de République tchèque, Ndlr), et les seules indemnités seront les indemnités légales, qui prévoient un maximum de 35.000 € pour les salariés les plus anciens.»
«Aucun autre plan n’est à cette hauteur»
Afin de bien faire comprendre l’urgence de la situation, le P-DG d’Amora-Maille est revenu sur les avancées obtenues jusque-là : «Nous sommes partis d’une indemnité de préjudice échelonnée de 12.000 à 40.000 € en fonction de l’ancienneté pour arriver à 40.000 € pour tous. Si l’on ajoute l’indemnité légale, on parvenait à 50.000 €. Finalement, alors que les syndicats réclamaient 400.000 €, et qu’ils sont à présent descendus à 124.000 €, de notre côté nous sommes parvenus à une position prévoyant de 50.000 à 90.000 €. Je n’ai jamais connu, au sein d’Unilever, d’autre plan qui soit à la hauteur de ce que nous proposons.»
Reste qu’entre 90.000 € d’un côté et 124.000 de l’autre, les 34.000 € de différence cristallisent pour l’instant le mécontentement.
Maintenant leur blocus du site de Chevigny, de nombreux salariés manifestaient hier leur volonté d’aller jusqu’au bout même si une sortie de crise honorable est attendue par tous.
Journée décisive
Il y a fort à parier que la journée d’aujourd’hui sera marquée par des discussions menées de part et d’autre au pas de course afin de parvenir à un accord. On imagine mal les salariés se contenter des indemnités minimum légales après avoir porté avec force leurs revendications.
Cette journée d’aujourd’hui pourrait être celle de tous les dangers et de tous les espoirs. À moins qu’un nouveau délai n’intervienne en dernier recours…
A-Infos, 26 mars 2009
Informations par, pour, et au sujet des anarchistes.
Amora toujours bloquée - 24 mars
Amora occupée ! - 17 mars
Dijon : Opération coup de poing des salariés d’Amora dans un hypermarché
Les salariés d’Amora manifestent avant la fermeture du PSE.
À quelques heures de la date limite de signature du Plan de sauvetage de l’emploi (PSE), proposé par Unilever dans le cadre de la restructuration d’Amora-Maille, les salariés ont une fois de plus montré leur colère cet après-midi. Une soixantaine de salariés a mené une opération coup de poing dans un hypermarché de Dijon. Ils ont vidé les rayons de moutarde, cornichons et mayonnaise dans des chariots qu’ils ont ensuite abandonné dans le magasin. La date limite de signature du PSE est fixée à minuit, ce 25 mars.
LSA, 25 mars 2009.
Amora-Maille : Les salariés prêts à «aller jusqu’au bout»
«Nous irons jusqu’au bout !» Le cri du cœur du syndicaliste FO, Patrick Dubois, est vivement applaudi par les quelque 200 salariés d’Amora-Maille en grève depuis dix jours et rassemblés hier devant le site logistique de Chevigny-Saint-Sauveur, près de Dijon. Le conflit, débuté le 16 mars, trois jours avant le dernier comité central d’entreprise sur le plan social prévoyant la fermeture de l’usine historique de Dijon et de celle d’Appoigny (Yonne), avec la suppression de 244 emplois, s’est subitement radicalisé. Les deux usines de production sont «totalement fermées» et le site logistique de Chevigny-Saint-Sauveur, que la direction veut développer, est «bloqué», «cadenassé» et «occupé» par des grévistes qui veillent jalousement sur leur «trésor de guerre», un stock de «22.000 palettes de produits Amora».
La veille, lundi, l’intersyndicale avait négocié «dix heures durant» le montant de «l’indemnité préjudice» de ce plan que la direction a fixé à «40.000 euros pour tous», soit dix fois moins que ce qu’exigeaient les syndicats.
Depuis, ces derniers ont revu leur chiffre à la baisse : de l’ordre de «130.000 à 140.000 euros compte tenu des bénéfices d’Unilever» chiffrés à «5,3 milliards d’euros» en 2008, comme l’affirme Mamadou N’Ginnue, délégué CGT. «Ils peuvent payer mais ils ne veulent pas, et ceux qui négocient avec nous ne sont que des seconds couteaux et n’ont pas les cordons de la bourse.» Cet avis n’est nullement partagé par la direction d’Amora-Maille, «consciente d’accorder des primes de très haut niveau» qui, en cas de non-réponse d’ici ce soir, seraient «nulles et non avenues».
Est Eclair, 25 mars 2009
Amora-Maille : les syndicats rejettent les propositions de la direction
Syndicats et direction d’Amora-Maille (groupe Unilever) ne sont pas parvenus à un accord sur les modalités du plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), malgré des «avancées» constatées de part et d’autre, a-t-on appris mardi auprès d’eux. À l’issue d’une assemblée générale, les salariés ont rejeté, à l’appel de l’intersydicale, «l’ultimatum» de la direction, fixé au 25 mars, ainsi que l’ensemble de ses propositions qualifiées de très «insuffisantes» sur le montant des indemnités de licenciement et de préjudice.
La direction proposait «au moins 50.000 euros d’indemnités pour tous dont 40.000 euros de préjudice», a déclaré à l’AFP Patrick Dubois, secrétaire (FO) du CCE. Les syndicats avaient revu leurs «demandes à la baisse» passant de «400.000 à 125.000 euros», selon lui. Pour sa part, la direction d’Amora-Maille a précisé «l’indemnité de préjudice pour tous à 40.000 euros, à laquelle s’ajoutera l’indemnité légale de licenciement en fonction de l’ancienneté».
Les usines de production de Dijon et d’Appoigny (Yonne) «sont totalement fermées» depuis le 16 mars, et le site logistique de Chevigny (Côte-d’Or) est «bloqué et occupé par les salariés», ont affirmé les syndicats. Le 20 novembre 2008, la direction d’Unilever a annoncé la fermeture de deux sites de production de son groupe, celui de son usine historique à Dijon et celui d’Appoigny, entraînant la suppression de 244 emplois.
Le Monde avec AFP, 24 mars 2009.
Début d’une grève illimitée chez Amora
Ils prennent la vinaigrette pour des «salades».
À la direction qui propose le rapatriement de la vinaigrette tchèque, l’intersyndicale oppose une grève illimitée car elle n’y croit pas.
Pas du tout convaincus par la proposition de la direction, les salariés d’Amora-Maille ont voté hier, la grève illimitée qui a pris effet immédiat sur deux des trois sites (Dijon et Appoigny, dans l’Yonne). C’est du point de vue de l’intersyndicale, la dernière solution qui lui resterait, compte tenu des blocages qu’elle impute à la direction et en attendant la réunion de mercredi qu’elle juge cruciale.
Cette proposition de la direction était pourtant destinée à ramener en Bourgogne une grosse activité, puisqu’Hervé Laureau, P-DG d’Amora-Maille a obtenu l’accord du groupe Unilever pour rapatrier à Chevigny-Saint-Sauveur une chaîne de production de vinaigrette, actuellement implantée en République tchèque. Cette décision ne serait pas neutre, puisqu’elle permettrait de produire 11.000 tonnes, dont 5000 sont destinées au marché français. Dans notre édition de samedi, Hervé Laureau expliquait que ce transfert de volume s’ajouterait aux 82.000 tonnes prévues sur ce site, à la suite de la restructuration du groupe. De ce fait, Chevigny deviendrait la plus grosse usine de condiments d’Europe. Elle serait créatrice de nouveaux emplois. Ce sont 32 postes qui s’ajouteraient aux 50 offres d’emplois enregistrées auprès des entreprises de la région, sans omettre les 52 postes transférés à Chevigny dans le cadre de la réorganisation. Au final, Hervé Laureau trouverait ainsi des solutions pour 134 des 244 personnes risquant de perdre leur emploi : «J’arrive même à trouver une solution pour chacun, en prenant en compte les postes ouverts dans le groupe et on n’a même pas démarré le recours à l’antenne emploi. Dans cette affaire, ma responsabilité est l’emploi, pas de faire des chèques valise.»
«On n’y croit pas»
Le problème c’est que l’intersyndicale prend mal cette proposition qui est conditionnée à l’abandon de la revendication des 400.000 € d’indemnité par personne licenciée. Pour la direction, cette revendication n’est tout simplement pas raisonnable. En contrepartie, Hervé Laureau explique qu’il a fait le forcing auprès du groupe pour rapatrier la vinaigrette et limiter autant que possible, l’impact social.
Pour Jean-Pierre Cordier, délégué FO, cette proposition est surtout un effet d’annonce qui fait suite à «des pressions et des chantages». Bien plus, il déclare : «Ce transfert, on n’y croit pas. C’est un leurre. On se moque de nous. Quand la vinaigrette était partie de Dijon vers la Tchéquie, on nous avait expliqué que c’était pour des raisons de rentabilité, alors qu’on sait que cette vinaigrette ne se vendait plus sur le marché français à la suite d’une erreur marketing du flacon. Sur les emplois, on nous ment à propos du recasement sur la plate-forme de logistique à Fauverney. Si on décide aujourd’hui cette grève illimitée, c’est qu’on ’a pas d’autres moyens et qu’on arrive aujourd’hui à une situation de blocage.»
Hervé Laureau répond à cette critique : «Ce transfert de la ligne vinaigrette n’était pas le plus économique pour le groupe Unilever, car la production en Tchéquie était plus rentable en coût global ; mais je ferai en sorte que Chevigny soit plus rentable en coût variable en la rendant plus compétitive, sans les frais fixes. C’est vrai que le changement de bouteille nous a fait perdre des parts de marché ; mais depuis six mois, on en reprend. Ce n’est pas un effet d’annonce, mais une solution pérenne. On va transférer cette ligne sur Chevigny qui avait été investie il y a deux ans et forcément, ça va coûter quelques centaines de milliers d’euros, mais ma priorité reste l’emploi.»
Dans l’état actuel, l’intersyndicale estime qu’elle n’a pas les moyens de se prononcer mercredi sur le Livre III qui portera sur la réorganisation. Pourtant la course contre la montre est engagée, car la direction veut obtenir un accord de fin de conflit avant le 23 mars.
Explication de texte
Dans ces conditions, comment la direction abordera cette journée de mercredi ? Interrogé hier sur ce point, Hervé Laureau ne voyait qu’une perspective : «Je vais réexpliquer mes propositions qui ne sont pas basées sur cette seule indemnité de 400.000 €. Il y a aussi la prime de reclassement rapide. Il y a également un congé de reclassement de 12 mois pour les plus de 55 ans avec le maintien de 80% du salaire net, pendant cette période, ainsi que l’indemnité de différentiel de salaire sur une période pour ceux qui travailleront dans une autre entreprise. Il y a enfin un budget de formation. Certaines de ces propositions ont déjà été validées.»
Le Bien Public, 17 mars 2009.