La demande de mise en liberté de Julien Coupat à nouveau rejetée
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Coupat veut contre-attaquer
«Nous allons nous déplacer sur le terrain politique, là où toute cette affaire a été fabriquée», prévient l’avocate de Julien Coupat, dont la demande de remise en liberté a été à nouveau rejetée.
L’entourage de Julien Coupat veut contre-attaquer après le nouveau rejet vendredi 13 mars par la cour d’appel de Paris d’une demande de remise en liberté du cerveau présumé des sabotages de lignes TGV, en détention depuis quatre mois.
La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris s’est opposée pour la troisième fois à une demande de remise en liberté de Coupat, 35 ans, mis en examen et incarcéré depuis le 15 novembre pour direction d’une entreprise terroriste et destructions en réunion à visée terroriste.
Le parquet général avait requis son maintien en détention.
«À mes yeux, Julien Coupat fait figure de bouc-émissaire d’un fiasco politico-judiciaire», a déclaré à la presse son avocate, Me Irène Terrel, dénonçant un «déni de justice».
Selon elle, «il s’agit d’une affaire fabriquée de toutes pièces sur le terrain politique, notamment par des interventions de Michèle Alliot-Marie».
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Cinquième mois de détention provisoire
La ministre de l’Intérieur, qui avait exprimé dès janvier 2008 sa crainte d’une résurgence d’un terrorisme d’extrême-gauche, avait elle-même annoncé les interpellations le 11 novembre 2008.
Soupçonné d’avoir commis des dégradations à caractère terroriste qui ont perturbé le trafic TGV en octobre et novembre, Julien Coupat reste ainsi le seul en détention parmi les neuf personnes mises en examen dans cette enquête. Sa compagne, Yldune Levy, avait été remise en liberté le 16 janvier.
Julien Coupat, qui entame son cinquième mois de détention provisoire à la maison d’arrêt parisienne de la Santé, «va bien, en dépit des conditions indignes dans lesquelles il est incarcéré», a précisé son avocate selon laquelle «il réfléchit, il écrit, notamment sur les conditions d’emprisonnement».
L’avocate a par ailleurs annoncé un certain nombre d’«initiatives», parmi lesquelles figure une demande à venir de «déqualification du chef (de mise en examen, ndlr) qui ne repose que sur des constructions intellectuelles».
Opération politique
«Puisque il ne sert visiblement à rien de se limiter au terrain juridique, nous allons nous déplacer sur le terrain politique, là où toute cette affaire a été fabriquée», a prévenu Me Terrel.
«Nous allons également demander à ce que la juridiction antiterroriste soit déclarée incompétente car tout ceci n’a rien à voir avec du terrorisme, c’est totalement démesuré», a-t-elle estimé.
Enfin, l’avocate a annoncé que le dossier d’enquête, théoriquement soumis au secret de l’instruction, serait «ouvert au cours d’une conférence de presse dans les prochaines semaines pour démontrer que Julien Coupat est détenu pour justifier une opération politique». Elle a appelé «les intellectuels et citoyens à s’exprimer et à rejoindre ce combat».
Le père d’Yldune Levy, Michel Levy, présent au palais de justice, a de son côté ironisé sur un dossier qui «plonge et fait plouf !» Il a invité lui aussi les intellectuels à rejoindre le comité de soutien aux mis en examen.
Presse jaune (Le Nouvel Observateur), 13 mars 2009.
Affaire de Tarnac :
«Nous ne répondrons plus aux questions du juge»
Après le refus de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris de remettre en liberté Julien Coupat, les huit autres personnes mises en examen annoncent par la voix de Benjamin Rosoux qu’elles ne répondront plus aux questions du juge afin de «faire front commun contre un processus d’individualisation toujours croissant dans la procédure».
Presse jaune (Le Monde), 13 mars 2009.
Le pique-niqueur aveyronnais qui a été arrêté lors de la manif du 31 janvier avec son Laguiole (et son jambon) passera lundi 23 mars à la 29e chambre à 9 heures, TGI de Paris, palais de Justice de Paris, métro Cité.
Il est accusé de port d’arme de 6e catégorie, insulte et rébellion.
La routine. Je ne serai malheureusement pas à Paris à cette heure-là, c’est important qu’il y ait un peu de monde, il ne fait pas parti des réseaux habituels parisiens.
Courriel, 14 mars 2009.
La cour d’appel de Paris a rejeté vendredi une nouvelle demande de mise en liberté de Julien Coupat, principal suspect dans l’affaire du sabotage de lignes de TGV à l’automne dernier.
Le militant d’extrême gauche est incarcéré depuis le 15 novembre dernier à la prison de la Santé, à Paris.
Jugeant que Julien Coupat est le «bouc émissaire d’un fiasco politico-judiciaire», son avocate et ses proches ont dit qu’ils continueraient à se battre et demanderaient que la justice antiterroriste soit déclarée incompétente.
«Julien Coupat reste en détention, il s’agit d’un déni de justice, d’un déni des principes du droit», a dit à la presse Me Irène Terrel. «C’est une histoire scandaleuse, il faut que ça s’arrête», a renchéri Michel Lévy, le père de la compagne du suspect, Yldune.
Pour André Vallini, ancien secrétaire national du PS à la Justice, «les leçons d’Outreau semblent décidément ne pas avoir été retenues», allusion au fiasco judiciaire autour d’une affaire présentée à l’origine comme de pédophilie.
«Le principe de notre procédure pénale qui veut que la liberté soit la règle et la détention l’exception est violé chaque jour et la présomption d’innocence est aujourd’hui plus que jamais bafouée dans notre pays», dit-il dans un communiqué.
Les Verts dénoncent «un immense fiasco pour la justice et pour le ministère de l’Intérieur». «L’affaire de Tarnac est déjà un scandale politique, elle devient un acharnement judiciaire», écrivent-ils dans un communiqué.
La sénatrice Nicole Borvo Cohen-Seat, présidente du Groupe communiste républicain citoyen et des sénateurs du Parti de gauche, juge que cette situation «choquante» est «directement issue de l’application de la législation antiterroriste, une législation d’exception dont on voit bien là combien elle peut-être source de négation des droits des prévenus».
Julien Coupat, 35 ans, est le dernier membre du «groupe de Tarnac», du nom d’un village de Corrèze où il réside, encore en détention provisoire. Il avait été remis en liberté par un juge en décembre mais le parquet a obtenu de la cour d’appel l’infirmation de cette décision.
«Dérives»
L’affaire porte sur le sabotage de lignes TGV dans la nuit du 7 au 8 novembre ainsi que le 26 octobre 2008. Pour la défense, le dossier est vide et a été construit par le pouvoir avec un but politique. Les services de l’antiterrorisme estiment pour leur part avoir démantelé un groupuscule violent de «l’ultra gauche».
Julien Coupat est présenté comme le chef des saboteurs.
Au total, cinq femmes et quatre hommes, âgés de 22 à 34 ans sont mis en examen, notamment pour »association de malfaiteurs, destructions en relation avec une entreprise terroriste».
Michel Lévy dénonce une «scénarisation» de l’affaire à partir d’un voyage de Julien Coupat au Canada, d’où il serait entré illégalement aux États-Unis en janvier 2008 avec son amie Yldune faute, selon lui, d’avoir un passeport biométrique.
La gendarmerie royale canadienne avait découvert un sac à dos dans une voiture abandonnée et, à l’intérieur, la copie du permis de conduire de Julien Coupat et des notes sur une réunion anarchiste organisée du 10 au 15 janvier 2008 à New York.
«À la suite de quoi on a construit une figure terroriste. L’antiterrorisme est quelque chose qui attaque les libertés publiques et on entre dans des dérives», a dit Michel Lévy à Reuters. «Les auteurs de ces lois (antiterroristes) ne se doutaient pas qu’on s’en servirait pour criminaliser le mouvement social», a-t-il ajouté.
Julien Coupat a beaucoup voyagé, en Grèce ou en Italie, pour participer à des forums sur l’écologie et s’est impliqué dans la défense des sans-papiers et contre le fichage génétique.
La police, qui l’avait placé sous surveillance, affirme l’avoir vu au volant d’une Mercedes avec sa compagne le soir du 7 novembre non loin du lieu du sabotage d’une voie ferroviaire.
Presse jaune (Reuters), 13 mars 2009 (20h23).