Manifestation patronale dissoute par les grévistes en Martinique
Martinique : Des békés et des gendarmes,
«c’est trop» pour le fief de Césaire
Vendredi, la tension est montée d’un cran dans l’île, qui vit depuis un mois sous le régime de la grève et du blocus économique organisés par le «Collectif du 5 février» contre la vie chère, en négociation avec le patronat.
Ce dernier avait organisé vendredi une opération Molokoi, autrement dit escargot avec des véhicules, tracteurs et semi-remorques qui convergeaient de «toute la Martinique» vers Fort-de-France, selon Frédéric de Reynal, président de Banamart, premier groupement de planteurs de bananes.
La première tension a été perceptible dès le matin, quand le convoi devait gagner le centre-ville pour revendiquer le «droit de travailler». L’itinéraire devait passer devant la Maison des syndicats, siège du Collectif.
«Nous sommes confrontés à une provocation patronale, des békés», ces descendants de colons blancs, a dénoncé Philippe Pierre-Charles, membre du Collectif.
Finalement, le convoi empruntera la rocade qui contourne la ville. Mais lorsque le 4×4 d’un fils Hayot, du nom d’un des plus riches entrepreneurs békés, a voulu tout de même pénétrer dans Fort-de-France, des jeunes ont barré la route et molesté des gens. Uniquement des békés.
Pris dans la nasse de la rocade, les chefs d’entreprise ont dû leur sortie à l’intervention des forces de l’ordre, juste à l’endroit où la voie rapide traverse le quartier populaire de Trénelle, qui abrite le siège du Parti progressiste martiniquais (PPM), la place du 22 mai (date de l’abolition de l’esclavage) et des immeubles à flanc de coteau.
Entre jets de pierres et salves de lacrymogènes, Jean-Sébastien Zéphir, 25 ans et en création d’entreprise, dénonce ces patrons qui «ont adopté une stratégie de pourrissement pour que ça dégénère et que cela délégitimise la grève et ses revendications».
«Ils ont poussé le préfet à sévir, ils vont le payer très cher», vitupère Guy Louiset, professeur de musique et figure locale. Pour lui, les «Antillais sont considérés comme moins que rien et le béké (Alain Despointes, mis en examen pour “incitation à la haine raciale” après avoir affirmé qu’il “voulait préserver sa race”, ndlr) a dit tout haut ce que pensent tout bas les technocrates à Paris».
Pour J.S., commercial de 29 ans, «ça a énervé encore plus la population de voir qu’ils mettaient leurs ouvriers agricoles sur les tracteurs devant alors qu’eux restaient derrière dans leurs 4×4». Dont certains ont été endommagés, un autre incendié.
«Oser attaquer le fief d’Aimé Césaire !» Médhine Gebré, la bonne cinquantaine, est en colère. «Envoyer des lacrymos sur des immeubles avec des enfants et des personnes âgées, on ne leur pardonnera pas», murmure-t-il agitant un drapeau vert (espoir), rouge (sang versé) et noir (couleur de la diaspora africaine) symbole de la Martinique et de ses luttes.
«Le passage des békés plus le passage des gendarmes mobiles, c’est trop pour le quartier» où vit une «jeunesse chauffée à blanc dans une ambiance insurrectionnelle», estime de son côté Raphaël Séminor, conseiller général du canton.
Le député-maire Serge Letchimy (PPM, app. PS), natif du quartier et dauphin de Césaire, s’est interposé, négociant d’un côté l’arrêt des heurts, de l’autre le retrait des forces de l’ordre. Qui iront bientôt affronter d’autres manifestants dans le centre-ville.
Martinique : Fort-de-France est frappée
par de violents affrontements
Fort-de-France s’embrase. Tirs de grenades lacrymogènes, jets de pierre et de bouteille, feux de véhicules et de poubelles, Fort-de-France a été frappée de plein fouet par de violents affrontements une bonne partie de l’après-midi du vendredi 6 mars.
Des «incidents extrêmement graves», c’est en ces termes que le préfet de la Martinique a qualifié les événements, vendredi soir, en direct sur RFO. Ange Mancini a lancé «un appel solennel à tous ceux qui n’ont rien à faire en ville», les incitant «à rester chez eux».
Ange Mancini a également précisé que, «ce soir, avec la mairie de Fort-de-France, le même système de sécurisation que celui déployé après les deux nuits d’émeute, a été de nouveau mis en place», ajoutant que le centre-ville était «maîtrisé». Des centaines de gendarmes mobiles, casqués et munis de boucliers, occupaient toutes les entrées de la ville vendredi soir, où un calme relatif semblait revenir.
«Une souricière»
L’explosion de violences, survenue dans l’après-midi, s’est produite, alors que des chefs d’entreprises, des agriculteurs et des représentants du BTP (Bâtiment et travaux publics) organisaient une «manifestation pacifique», demandant au préfet de libérer les sites industriels, occupés par les grévistes depuis 30 jours, pour pouvoir «reprendre le travail».
De leur côté, les grévistes barraient l’accès à Fort-de-France à ce cortège de véhicules, qui s’étirait sur plusieurs kilomètres, les empêchant de pénétrer dans la capitale martiniquaise. Alors que le «collectif des entreprises» avait déjà fait demi-tour, des dizaines de personnes l’ont forcé à s’arrêter sur la rocade, l’axe qui contourne Fort-de-France, au niveau de Trénelle et du quartier populaire de Foyalais.
Des tracteurs et des 4×4 ont alors été attaqués et certains dirigeants d’entreprise ont reçu des coups, selon les premiers éléments officiels. «On a été pris dans une souricière, il y a des gens qui ont été tabassés et leurs voitures saccagées. Les premiers incidents ont éclaté à 13h20 et les gendarmes ne sont arrivés qu’à 14h45 !», s’est exclamé Jean-François Hayot, membre de ce «collectif des entreprises».
Suspension des discussions
De même, Juvénal Rémir, président du Codema-Modef, l’un des principaux syndicats agricoles, s’est dit «scandalisé» : «Les chefs d’entreprises et les salariés qui veulent travailler n'ont pas le droit de manifester! C’est déplorable pour la démocratie, car je tiens à préciser que cette manifestation pacifique n’ était absolument pas une provocation.»
À la préfecture, où les négociations sur la fonction publique territoriale allaient commencer, le «collectif du 5 février» a, de son côté, décidé de suspendre toutes les discussions en cours après ces incidents.
«La provocation du grand patronat béké, voulant venir à Fort-de-France, a produit les effets qui étaient prévisibles et cela traduit la même arrogance qu ’ils expriment dans les négociations», a estimé Philippe Pierre-Charles du syndicat CDMT, tout en se disant prêt à reprendre les négociations dès ce samedi.
Le maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, qui se trouvait au cœur des affrontements, a été pris d’un léger malaise à cause des fumées lacrymogènes. Il s’est ensuite montré rassurant sur son état de santé et a demandé «un retour au calme» et à ce que «le collectif, l’État, les collectivités et tous ceux qui sont dans les discussions signent un document qui répertorie les points déjà actés, afin que cesse cette violence qui s’installe».
Tensions à Fort-de-France pendant une contre-manifestation
Aucune confirmation n’a pu être obtenue dans l’immédiat auprès des autorités.
Les incidents ont éclaté en marge d’une opération de protestation lancée par des chefs d’entreprises et des planteurs contre le blocage économique de l’île, paralysée par une grève générale depuis plus d’un mois.
Des jeunes partisans du mouvement contre la vie chère s’en sont pris au cortège de véhicules des contre-manifestants, jetant des cailloux ou crevant des pneus.
«Nous avions dit au préfet d’éviter que cette manifestation atteigne Fort-de-France pour empêcher des débordements (…) Quand la population a su que des békés (ndlr, propriétaires blancs) organisaient une manifestation à Fort-de-France, ils se sont révoltés», a déclaré à l’agence Reuters Michel Monrose, porte-parole du Collectif du 5 février, qui mène le mouvement de grève contre la vie chère.
Les forces de l’ordre sont intervenues pour mettre un terme aux incidents, faisant usage de grenades lacrymogènes, a-t-on poursuivi de même source.
Des accrochages ont eu lieu à proximité immédiate de la Maison des syndicats, siège du Collectif du 5 février. «Le député-maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, a été placé sous oxygène par les pompiers après avoir respiré trop de lacrymogènes», a ajouté le porte-parole du Collectif.
Trois membres des forces de sécurité auraient été légèrement blessés par balles, a-t-il poursuivi. L’information n’a pu être confirmée dans l’immédiat.
Comme en Guadeloupe, la Martinique est le théâtre d’un mouvement de contestation contre la vie chère depuis plus d’un mois. En Guadeloupe, le collectif LKP a signé mercredi soir un protocole de suspension du conflit et appelé à une reprise de l’activité.
Martinique : Appel au calme du préfet après des heurts violents
«Je voudrais faire un appel solennel à la population parce qu’aujourd’hui des incidents extrêmement graves ont eu lieu», a déclaré à la télévision M. Mancini.
Il a demandé «à l’ensemble de la population de rester calmes et chez eux» après 20H00 et précisé qu’il remettait «en place, en concertation avec la ville, le système de protection» comme après les émeutes des nuits du 24 au 25 février et du 25 au 26, c’est-à-dire un déploiement massif de forces de l’ordre.
Pour vendredi, «si nous sommes intervenus, c’est parce que des personnes ont été menacées», a-t-il justifé, faisant référence aux békés — descendants de colons blancs — molestés lors d’une manifestation qu’ils avaient organisée à Fort-de-France avec d’autres agriculteurs et socio-professionnels pour réclamer «le droit de travailler».
Le préfet a «remercié personnellement» le député-maire de Fort-de-France Serge Letchimy, qui s’est interposé à plusieurs reprises pour calmer les gens. Les premiers incidents intervenus lors de cette opération escargot, qui se tenait sur la rocade de la ville, se sont rapidement propagés au centre-ville.
La Maison des syndicats, siège du Collectif du 5 février qui mène le mouvement contre la vie chère et la paralysie économique de l’île depuis un mois, a été envahie de gaz lacymogènes, tandis que des affrontements se déroulaient dans des rues adjacentes.
«Des heurts extrêmement violents» ont eu lieu dans le centre, «où des coups de feu ont à nouveau été tirés sur les forces de l’ordre», a poursuivi le préfet Mancini. «Trois policiers ont été légèrement blessés par des plombs» de munitions de chasse, a-t-il précisé. «Nous utiliserons tous les moyens nécessaires avec la mesure nécessaire pour éviter des drames», a assuré M. Mancini, qui a déploré les «dommages collatéraux» mais aussi fustigé les «petits malfaiteurs» qui «agressent les forces de l’ordre».
«Le Collectif n’a rien à voir avec cette violence», a assuré le préfet, interrogé peu après sur ATV (chaîne locale privée), estimant que les incidents était le fait de «gens qui profitent de la situation».
«Nous sommes en train de formaliser les accords. Il ne faut pas jouer les gros bras», a-t-il affirmé. «Il faut sortir de cette crise avec fierté et avec des résultats concrets pour les Martiniquais», a-t-il conclu.
«c’est trop» pour le fief de Césaire
Le bastion d’Aimé Césaire a rugi de colère vendredi à Fort-de-France : pendant quelques heures, des békés martiniquais et des gendarmes mobiles venus de métropole ont défié le quartier populaire de Trénelle avant finalement de repartir, les uns abandonnant leurs voitures, les autres sous les quolibets.
Vendredi, la tension est montée d’un cran dans l’île, qui vit depuis un mois sous le régime de la grève et du blocus économique organisés par le «Collectif du 5 février» contre la vie chère, en négociation avec le patronat.
Ce dernier avait organisé vendredi une opération Molokoi, autrement dit escargot avec des véhicules, tracteurs et semi-remorques qui convergeaient de «toute la Martinique» vers Fort-de-France, selon Frédéric de Reynal, président de Banamart, premier groupement de planteurs de bananes.
La première tension a été perceptible dès le matin, quand le convoi devait gagner le centre-ville pour revendiquer le «droit de travailler». L’itinéraire devait passer devant la Maison des syndicats, siège du Collectif.
«Nous sommes confrontés à une provocation patronale, des békés», ces descendants de colons blancs, a dénoncé Philippe Pierre-Charles, membre du Collectif.
Finalement, le convoi empruntera la rocade qui contourne la ville. Mais lorsque le 4×4 d’un fils Hayot, du nom d’un des plus riches entrepreneurs békés, a voulu tout de même pénétrer dans Fort-de-France, des jeunes ont barré la route et molesté des gens. Uniquement des békés.
Pris dans la nasse de la rocade, les chefs d’entreprise ont dû leur sortie à l’intervention des forces de l’ordre, juste à l’endroit où la voie rapide traverse le quartier populaire de Trénelle, qui abrite le siège du Parti progressiste martiniquais (PPM), la place du 22 mai (date de l’abolition de l’esclavage) et des immeubles à flanc de coteau.
Entre jets de pierres et salves de lacrymogènes, Jean-Sébastien Zéphir, 25 ans et en création d’entreprise, dénonce ces patrons qui «ont adopté une stratégie de pourrissement pour que ça dégénère et que cela délégitimise la grève et ses revendications».
«Ils ont poussé le préfet à sévir, ils vont le payer très cher», vitupère Guy Louiset, professeur de musique et figure locale. Pour lui, les «Antillais sont considérés comme moins que rien et le béké (Alain Despointes, mis en examen pour “incitation à la haine raciale” après avoir affirmé qu’il “voulait préserver sa race”, ndlr) a dit tout haut ce que pensent tout bas les technocrates à Paris».
Pour J.S., commercial de 29 ans, «ça a énervé encore plus la population de voir qu’ils mettaient leurs ouvriers agricoles sur les tracteurs devant alors qu’eux restaient derrière dans leurs 4×4». Dont certains ont été endommagés, un autre incendié.
«Oser attaquer le fief d’Aimé Césaire !» Médhine Gebré, la bonne cinquantaine, est en colère. «Envoyer des lacrymos sur des immeubles avec des enfants et des personnes âgées, on ne leur pardonnera pas», murmure-t-il agitant un drapeau vert (espoir), rouge (sang versé) et noir (couleur de la diaspora africaine) symbole de la Martinique et de ses luttes.
«Le passage des békés plus le passage des gendarmes mobiles, c’est trop pour le quartier» où vit une «jeunesse chauffée à blanc dans une ambiance insurrectionnelle», estime de son côté Raphaël Séminor, conseiller général du canton.
Le député-maire Serge Letchimy (PPM, app. PS), natif du quartier et dauphin de Césaire, s’est interposé, négociant d’un côté l’arrêt des heurts, de l’autre le retrait des forces de l’ordre. Qui iront bientôt affronter d’autres manifestants dans le centre-ville.
Presse jaune (Le Pays), 7 mars 2009 (9h23).
Martinique : Fort-de-France est frappée
par de violents affrontements
Des échauffourées ont éclaté alors que des chefs d’entreprises organisaient une «manifestation pacifique», pour demander la libération des sites industriels, occupés par les grévistes. Le préfet appelle au calme.
Fort-de-France s’embrase. Tirs de grenades lacrymogènes, jets de pierre et de bouteille, feux de véhicules et de poubelles, Fort-de-France a été frappée de plein fouet par de violents affrontements une bonne partie de l’après-midi du vendredi 6 mars.
Des «incidents extrêmement graves», c’est en ces termes que le préfet de la Martinique a qualifié les événements, vendredi soir, en direct sur RFO. Ange Mancini a lancé «un appel solennel à tous ceux qui n’ont rien à faire en ville», les incitant «à rester chez eux».
Ange Mancini a également précisé que, «ce soir, avec la mairie de Fort-de-France, le même système de sécurisation que celui déployé après les deux nuits d’émeute, a été de nouveau mis en place», ajoutant que le centre-ville était «maîtrisé». Des centaines de gendarmes mobiles, casqués et munis de boucliers, occupaient toutes les entrées de la ville vendredi soir, où un calme relatif semblait revenir.
«Une souricière»
L’explosion de violences, survenue dans l’après-midi, s’est produite, alors que des chefs d’entreprises, des agriculteurs et des représentants du BTP (Bâtiment et travaux publics) organisaient une «manifestation pacifique», demandant au préfet de libérer les sites industriels, occupés par les grévistes depuis 30 jours, pour pouvoir «reprendre le travail».
De leur côté, les grévistes barraient l’accès à Fort-de-France à ce cortège de véhicules, qui s’étirait sur plusieurs kilomètres, les empêchant de pénétrer dans la capitale martiniquaise. Alors que le «collectif des entreprises» avait déjà fait demi-tour, des dizaines de personnes l’ont forcé à s’arrêter sur la rocade, l’axe qui contourne Fort-de-France, au niveau de Trénelle et du quartier populaire de Foyalais.
Des tracteurs et des 4×4 ont alors été attaqués et certains dirigeants d’entreprise ont reçu des coups, selon les premiers éléments officiels. «On a été pris dans une souricière, il y a des gens qui ont été tabassés et leurs voitures saccagées. Les premiers incidents ont éclaté à 13h20 et les gendarmes ne sont arrivés qu’à 14h45 !», s’est exclamé Jean-François Hayot, membre de ce «collectif des entreprises».
Suspension des discussions
De même, Juvénal Rémir, président du Codema-Modef, l’un des principaux syndicats agricoles, s’est dit «scandalisé» : «Les chefs d’entreprises et les salariés qui veulent travailler n'ont pas le droit de manifester! C’est déplorable pour la démocratie, car je tiens à préciser que cette manifestation pacifique n’ était absolument pas une provocation.»
À la préfecture, où les négociations sur la fonction publique territoriale allaient commencer, le «collectif du 5 février» a, de son côté, décidé de suspendre toutes les discussions en cours après ces incidents.
«La provocation du grand patronat béké, voulant venir à Fort-de-France, a produit les effets qui étaient prévisibles et cela traduit la même arrogance qu ’ils expriment dans les négociations», a estimé Philippe Pierre-Charles du syndicat CDMT, tout en se disant prêt à reprendre les négociations dès ce samedi.
Le maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, qui se trouvait au cœur des affrontements, a été pris d’un léger malaise à cause des fumées lacrymogènes. Il s’est ensuite montré rassurant sur son état de santé et a demandé «un retour au calme» et à ce que «le collectif, l’État, les collectivités et tous ceux qui sont dans les discussions signent un document qui répertorie les points déjà actés, afin que cesse cette violence qui s’installe».
Presse jaune (AP), 7 mars 2009 (8h29).
Tensions à Fort-de-France pendant une contre-manifestation
Des incidents ont éclaté vendredi entre manifestants et forces de l’ordre à Fort-de-France, en Martinique, où trois policiers auraient été légèrement blessés par balle, a-t-on appris de source syndicale.
Aucune confirmation n’a pu être obtenue dans l’immédiat auprès des autorités.
Les incidents ont éclaté en marge d’une opération de protestation lancée par des chefs d’entreprises et des planteurs contre le blocage économique de l’île, paralysée par une grève générale depuis plus d’un mois.
Des jeunes partisans du mouvement contre la vie chère s’en sont pris au cortège de véhicules des contre-manifestants, jetant des cailloux ou crevant des pneus.
«Nous avions dit au préfet d’éviter que cette manifestation atteigne Fort-de-France pour empêcher des débordements (…) Quand la population a su que des békés (ndlr, propriétaires blancs) organisaient une manifestation à Fort-de-France, ils se sont révoltés», a déclaré à l’agence Reuters Michel Monrose, porte-parole du Collectif du 5 février, qui mène le mouvement de grève contre la vie chère.
Les forces de l’ordre sont intervenues pour mettre un terme aux incidents, faisant usage de grenades lacrymogènes, a-t-on poursuivi de même source.
Des accrochages ont eu lieu à proximité immédiate de la Maison des syndicats, siège du Collectif du 5 février. «Le député-maire de Fort-de-France, Serge Letchimy, a été placé sous oxygène par les pompiers après avoir respiré trop de lacrymogènes», a ajouté le porte-parole du Collectif.
Trois membres des forces de sécurité auraient été légèrement blessés par balles, a-t-il poursuivi. L’information n’a pu être confirmée dans l’immédiat.
Comme en Guadeloupe, la Martinique est le théâtre d’un mouvement de contestation contre la vie chère depuis plus d’un mois. En Guadeloupe, le collectif LKP a signé mercredi soir un protocole de suspension du conflit et appelé à une reprise de l’activité.
Presse jaune (Reuters), 7 mars 2009 (2h42).
Martinique : Appel au calme du préfet après des heurts violents
Le préfet de Martinique Ange Mancini a lancé vendredi soir sur RFO un appel au calme «solennel» à la population de Fort-de-France, où des heurts «extrêmement violents» se sont déroulés dans l’après-midi avec des coups de feu en direction des forces de l’ordre.
«Je voudrais faire un appel solennel à la population parce qu’aujourd’hui des incidents extrêmement graves ont eu lieu», a déclaré à la télévision M. Mancini.
Il a demandé «à l’ensemble de la population de rester calmes et chez eux» après 20H00 et précisé qu’il remettait «en place, en concertation avec la ville, le système de protection» comme après les émeutes des nuits du 24 au 25 février et du 25 au 26, c’est-à-dire un déploiement massif de forces de l’ordre.
Pour vendredi, «si nous sommes intervenus, c’est parce que des personnes ont été menacées», a-t-il justifé, faisant référence aux békés — descendants de colons blancs — molestés lors d’une manifestation qu’ils avaient organisée à Fort-de-France avec d’autres agriculteurs et socio-professionnels pour réclamer «le droit de travailler».
Le préfet a «remercié personnellement» le député-maire de Fort-de-France Serge Letchimy, qui s’est interposé à plusieurs reprises pour calmer les gens. Les premiers incidents intervenus lors de cette opération escargot, qui se tenait sur la rocade de la ville, se sont rapidement propagés au centre-ville.
La Maison des syndicats, siège du Collectif du 5 février qui mène le mouvement contre la vie chère et la paralysie économique de l’île depuis un mois, a été envahie de gaz lacymogènes, tandis que des affrontements se déroulaient dans des rues adjacentes.
«Des heurts extrêmement violents» ont eu lieu dans le centre, «où des coups de feu ont à nouveau été tirés sur les forces de l’ordre», a poursuivi le préfet Mancini. «Trois policiers ont été légèrement blessés par des plombs» de munitions de chasse, a-t-il précisé. «Nous utiliserons tous les moyens nécessaires avec la mesure nécessaire pour éviter des drames», a assuré M. Mancini, qui a déploré les «dommages collatéraux» mais aussi fustigé les «petits malfaiteurs» qui «agressent les forces de l’ordre».
«Le Collectif n’a rien à voir avec cette violence», a assuré le préfet, interrogé peu après sur ATV (chaîne locale privée), estimant que les incidents était le fait de «gens qui profitent de la situation».
«Nous sommes en train de formaliser les accords. Il ne faut pas jouer les gros bras», a-t-il affirmé. «Il faut sortir de cette crise avec fierté et avec des résultats concrets pour les Martiniquais», a-t-il conclu.
Presse jaune (AFP), 7 mars 2009.