"Konstwi on sosyété nèf"

Publié le par la Rédaction


«Nous ne pourrons construire une société neuve si nous n’arrêtons pas la domination capitaliste et colonialiste.» Ce sont les derniers mots de la plateforme du LKP.

Pendant plus d’un mois en Guadeloupe (suivie par la Martinique) ça a été la grève générale, le peuple a «envahi les rues», bloqué aéroport, routes, manifesté jour et nuit. La répression était là aussi : envoi de convois militaires sur l’île, violences policières, interpellations… Un syndicaliste, Jacques Bino, a été tué sur une barricade et le coupable idéal que cherche la justice ne saurait faire oublier que l’État reste le premier responsable de la violence qui a causé cette mort. Le 5 mars finalement un accord a été signé entre LKP et gouvernement. Le plus dur reste à faire…

Et ici ? Déjà, aucune action solidaire importante. Ensuite, au quotidien, des révoltes nombreuses mais dispersées, des luttes de salariés parfois très dures mais isolées. Les syndicats papotent avec Sarkozy, et avec les partis de gauche appellent à défiler un ou deux après-midi. Là-bas, les revendications sont au nombre de 146 et pas des moindres : il s’agit de mettre fin à la «domination capitaliste et colonialiste» ; leur oppression est double et leur lutte aussi. Les Antillais se battent pour leur dignité. Ils ne supportent plus d’être traités comme des sous-hommes, que les flics aient traité Alex Lollia de «sale nègre» et accusé un avocat d’«aboyer», que les Békés se vantent d’appartenir à une «race pure» et disent que les Noirs sont «comme des enfants, ils veulent la justice».

Or ici aussi certains se battent au nom de cette même dignité : ce sont les habitants des quartiers populaires, les étrangers avec ou sans papiers. Eux aussi sont noirs ou assimilés et quand ils se révoltent, comme en novembre 2005 par exemple, là non plus la solidarité n’a pas cours, elle ne se dit même pas avec des mots. C’est qu’ici on a vraiment peur de la contagion, elle signifierait qu’à la suite de là bas, on décide de «konstwi on sosyété nèf».

Résistons ensemble no 73, mars 2009
Contre les violences policières & sécuritaires.
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