Nîmes : "Feux de joie aux centres de rétention"
Compte-rendu de la manifestation du 28 février à Nîmes
Le CRA de Nîmes (qui compte 126 places) est situé en périphérie, dans l’enceinte de l’école de police, entre une route nationale et des centres commerciaux, à proximité du quartier Mas de Mingue, point de départ de la manifestation.
Malgré la pression policière permanente sur ce type de rassemblement, entre 200 et 300 personnes étaient présentes. Des masques distribués dès le début ont très vite circulé pour finir par couvrir les visages des manifestants, dont des habitants du quartier.
Tout d’abord, le cortège a serpenté dans le quartier et a été rejoint par de nombreux enfants.
Avec ses banderoles («Feux de joie aux centres de rétention», «Non aux expulsions», «Ni papiers, ni frontières, ni prisons», «Solidarité avec tous les incarcérés, Sabotons l’enfermement», «Solidarité active avec les inculpés de l’incendie de Vincennes») il s’est dirigé vers le CRA, déjouant à plusieurs reprises l’encadrement policier. L’objectif était de bloquer la route nationale à proximité de la cour du CRA (protégée par un cordon d’uniformes : trois bus) ; pétards et fusées ont permis de nous faire entendre des prisonniers. Première intervention de deux justiciers zélés, flashball en joue et gazeuse déchaînée, pour tenter de dégager le rond-point, et apparition d’une dizaine de policiers anti-émeute. Au bout de 30 minutes, le cortège repart sur la nationale, dont la circulation a été bloquée en amont par les flics. Les robocops nous suivent de près, pressent le pas et réussissent (à l’aide de grenades lacrymogènes) à nous rabattre vers le quartier et à le boucler.
Régulièrement confrontés aux pressions policières, et habitués à leurs tactiques, les habitants ont été solidaires en ouvrant les immeubles, indiquant des échappatoires, repérant les flics en civil, etc.
Après les lacrymos et flashballs tirés par les anti-émeute (ces derniers n’osant pas pénétrer dans le quartier) et par la BAC, auxquels ont répondu pierres et projectiles divers, les manifestants ont pu se disperser sans interpellation et ont été invités à revenir par des habitants.
Les provocations policières ont cependant continué une heure durant. Un habitant a alors été arrêté et mis en garde à vue pendant 24 heures. Suite à son passage devant le procureur, il est convoqué au tribunal de Nîmes en avril (avec comme chef d’inculpation violence sur agent avec armes par destination).
Prochain rendez-vous contre le CRA : vendredi 20 mars à 19h00 devant le Centre.
Liberté pour tous les prisonniers avec ou sans-papiers.
Pas de répit jusqu’à la destruction de toutes les prisons et du monde qui les produit.
Nîmes : 200 personnes contre le centre de rétention
Cette mobilisation répondait en particulier à l’appel de la Coordination des groupes anarchistes. Les manifestants ont défilé, depuis le Mas de Mingue où ils s’étaient donnés rendez-vous, derrière des banderoles comme «Ni papiers, ni frontières, ni prisons» et reprenant des slogans tels que «À bas l’État, les flics et les prisons», jusqu’aux portes du centre de rétention administrative (Cra). Pendant une bonne demi-heure, ils ont partiellement bloqué le trafic sur le rond-point situé en regard du Cra, sur la route d’Avignon. À partir de 18h45, sur la route du retour, au Mas de Mingue, les manifestants ont été rejoints par une poignée de riverains qui auraient jeté des pierres sur les policiers.
Non à l’enfermement sous toutes ses formes !
Tous les jours, des rafles de sans-papiers sont organisées par les services de police et les préfectures. Ces rafles massives et ciblées ont lieux dans la rue, les transports en commun, les cafés, les commerces, les lieux de travail, les écoles, les préfectures, les hôpitaux, au domicile… Cars de CRS, flics en uniforme, agents de la PAF (police aux frontières) et de la BAC (brigade anti-criminalité), policiers en civil voire même brigades anti-émeute sillonnent le territoire et exercent une véritable chasse aux immigrés. À chaque instant, l’angoisse de l’arrestation ou du contrôle ! Quand la chasse est bonne, les bus se remplissent et les sans-papiers sont conduits au commissariat pour une garde à vue de 24 heures. Ils sont interrogés à propos de leur identité avec insistance (nom et nationalité), sur les lieux où ils vivent, et les personnes qu’ils côtoient. S’en suit un passage de 48 heures au centre de rétention, puis ils comparaissent devant le juge des libertés et de la détention (JLD) qui les renvoie pour 15 jours en centre de rétention qui, s’ils ne sont pas considérés comme des prisons par l’État, s’intègrent totalement dans l’univers carcéral. Cette incarcération peut être renouvelée une seconde fois, ce qui pousse l’enfermement jusqu’à 32 jours.
À l’intérieur des centres de rétention, une discipline militaire est mise en place : le soir, les prisonniers doivent regagner leur chambre-cellule jusqu’au lendemain matin, parfois entassés à cinq (voire plus) dans 6 m². Durant la journée, ils subissent des interrogatoires plus ou moins musclés. La pression exercée pour leur faire divulguer leur identité se poursuit : sans identité, l’expulsion est plus difficile. D’où le projet du gouvernement français, sous prétexte d’harmonisation européenne, de prolonger le délai de l’incarcération des sans-papiers à 18 mois. Sinon, en cas de refus de coopérer à l’expulsion, les sans-papiers encourent une condamnation de 3 ans de prison ferme assortie d’une interdiction de territoire allant jusqu’à 15 ans. Ainsi, environ un tiers des détenus dans les prisons françaises sont des sans-papiers… Face à ces conditions d’enfermement, aux exactions et aux humiliations quotidiennes qui peuvent aller parfois jusqu’à l’assassinat, les prisonniers répondent par des actes désespérés (auto-mutilations, suicides…) ou la révolte : grèves de la faim, refus de rentrer dans les chambres, affrontements avec la police, évasions, destructions par le feu comme le 22 juin 2008 au centre de rétention de Vincennes.
La lutte contre l’immigration ne se limite pas aux frontières de l’Union européenne. L’État français et l’Europe mènent leur guerre aux migrants à coup de barbelés et de patrouilles militaires en partenariat avec des pays comme la Lybie, la Mauritanie, la Somalie, le Sénégal, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc… Même l’absence de papiers en règle, pendant longtemps un simple délit administratif, est en train de devenir en Afrique, comme par exemple au Maroc, sur le modèle des anciens blocs de l’Europe de l’Est, un délit pénal d’immigration. Les États posent encore une fois clairement que les individus leur appartiennent (et pas le contraire) et qu’ils ne peuvent quitter leur territoire qu’en fonction de leur bon vouloir.
Si l’Europe veut se constituer en forteresse, elle n’en reste pas moins perméable aux migrants riches s’investissant dans l’économie européenne : industriels, intellectuels, chercheurs et autres artistes prêts à collaborer. En découle le concept d’«immigration choisie» ou, dans un autre langage, d’«immigration de classes». Cette politique se base sur les besoins directs du Capital en main d’œuvre docile et bon marché. À la demande de tel ou tel secteur de la production et des services correspond la concentration massive de travailleurs sans-papiers, notamment dans le bâtiment, la restauration, l’hôtellerie, les travaux saisonniers et d’entretien… L’immigration légale, pour les pauvres, se réduira de plus en plus à l’obtention de titres de séjour en fonction de contrats de travail payés au SMIC pour une durée de quelques mois. Et après ?
Grâce aux rafles régulières sur les lieux de travail orchestrées par les services de l’État, la menace de l’expulsion arme le Capital d’un moyen de pression permanent sur les travailleurs sans-papiers du monde entier. D’autant plus pour ceux qui s’imagineraient pouvoir soutirer à leur patron ou à l’État quelconque droit particulier en tant que travailleur. La xénophobie crée par un retour au protectionnisme salarial (du travail pour les Français !) risquerait aussi, pour une partie de la classe exploitée, de redéfinir en tant qu’ennemi le travailleur sans-papier, alors que l’ennemi de classe reste l’État et le Capital.
Hier samedi 28 février à 17h00, à Nîmes, une manifestation illégale (non déclarée en préfecture) était organisée pour la fermeture des prisons pour étrangers (CRA, Centres de rétention administrative), et contre l’enfermement sous toutes ses formes.
Le CRA de Nîmes (qui compte 126 places) est situé en périphérie, dans l’enceinte de l’école de police, entre une route nationale et des centres commerciaux, à proximité du quartier Mas de Mingue, point de départ de la manifestation.
Malgré la pression policière permanente sur ce type de rassemblement, entre 200 et 300 personnes étaient présentes. Des masques distribués dès le début ont très vite circulé pour finir par couvrir les visages des manifestants, dont des habitants du quartier.
Tout d’abord, le cortège a serpenté dans le quartier et a été rejoint par de nombreux enfants.
Avec ses banderoles («Feux de joie aux centres de rétention», «Non aux expulsions», «Ni papiers, ni frontières, ni prisons», «Solidarité avec tous les incarcérés, Sabotons l’enfermement», «Solidarité active avec les inculpés de l’incendie de Vincennes») il s’est dirigé vers le CRA, déjouant à plusieurs reprises l’encadrement policier. L’objectif était de bloquer la route nationale à proximité de la cour du CRA (protégée par un cordon d’uniformes : trois bus) ; pétards et fusées ont permis de nous faire entendre des prisonniers. Première intervention de deux justiciers zélés, flashball en joue et gazeuse déchaînée, pour tenter de dégager le rond-point, et apparition d’une dizaine de policiers anti-émeute. Au bout de 30 minutes, le cortège repart sur la nationale, dont la circulation a été bloquée en amont par les flics. Les robocops nous suivent de près, pressent le pas et réussissent (à l’aide de grenades lacrymogènes) à nous rabattre vers le quartier et à le boucler.
Régulièrement confrontés aux pressions policières, et habitués à leurs tactiques, les habitants ont été solidaires en ouvrant les immeubles, indiquant des échappatoires, repérant les flics en civil, etc.
Après les lacrymos et flashballs tirés par les anti-émeute (ces derniers n’osant pas pénétrer dans le quartier) et par la BAC, auxquels ont répondu pierres et projectiles divers, les manifestants ont pu se disperser sans interpellation et ont été invités à revenir par des habitants.
Les provocations policières ont cependant continué une heure durant. Un habitant a alors été arrêté et mis en garde à vue pendant 24 heures. Suite à son passage devant le procureur, il est convoqué au tribunal de Nîmes en avril (avec comme chef d’inculpation violence sur agent avec armes par destination).
Prochain rendez-vous contre le CRA : vendredi 20 mars à 19h00 devant le Centre.
Liberté pour tous les prisonniers avec ou sans-papiers.
Pas de répit jusqu’à la destruction de toutes les prisons et du monde qui les produit.
Par courriel, 1er mars 2009.
Nîmes : 200 personnes contre le centre de rétention
Hier en fin d’après-midi, près de 200 personnes ont manifesté «contre la politique répressive» vis-à-vis des sans-papiers.
Cette mobilisation répondait en particulier à l’appel de la Coordination des groupes anarchistes. Les manifestants ont défilé, depuis le Mas de Mingue où ils s’étaient donnés rendez-vous, derrière des banderoles comme «Ni papiers, ni frontières, ni prisons» et reprenant des slogans tels que «À bas l’État, les flics et les prisons», jusqu’aux portes du centre de rétention administrative (Cra). Pendant une bonne demi-heure, ils ont partiellement bloqué le trafic sur le rond-point situé en regard du Cra, sur la route d’Avignon. À partir de 18h45, sur la route du retour, au Mas de Mingue, les manifestants ont été rejoints par une poignée de riverains qui auraient jeté des pierres sur les policiers.
Presse bourgeoise :
Midi Libre, 1er mars 2009.
Non à l’enfermement sous toutes ses formes !
Tous les jours, des rafles de sans-papiers sont organisées par les services de police et les préfectures. Ces rafles massives et ciblées ont lieux dans la rue, les transports en commun, les cafés, les commerces, les lieux de travail, les écoles, les préfectures, les hôpitaux, au domicile… Cars de CRS, flics en uniforme, agents de la PAF (police aux frontières) et de la BAC (brigade anti-criminalité), policiers en civil voire même brigades anti-émeute sillonnent le territoire et exercent une véritable chasse aux immigrés. À chaque instant, l’angoisse de l’arrestation ou du contrôle ! Quand la chasse est bonne, les bus se remplissent et les sans-papiers sont conduits au commissariat pour une garde à vue de 24 heures. Ils sont interrogés à propos de leur identité avec insistance (nom et nationalité), sur les lieux où ils vivent, et les personnes qu’ils côtoient. S’en suit un passage de 48 heures au centre de rétention, puis ils comparaissent devant le juge des libertés et de la détention (JLD) qui les renvoie pour 15 jours en centre de rétention qui, s’ils ne sont pas considérés comme des prisons par l’État, s’intègrent totalement dans l’univers carcéral. Cette incarcération peut être renouvelée une seconde fois, ce qui pousse l’enfermement jusqu’à 32 jours.
À l’intérieur des centres de rétention, une discipline militaire est mise en place : le soir, les prisonniers doivent regagner leur chambre-cellule jusqu’au lendemain matin, parfois entassés à cinq (voire plus) dans 6 m². Durant la journée, ils subissent des interrogatoires plus ou moins musclés. La pression exercée pour leur faire divulguer leur identité se poursuit : sans identité, l’expulsion est plus difficile. D’où le projet du gouvernement français, sous prétexte d’harmonisation européenne, de prolonger le délai de l’incarcération des sans-papiers à 18 mois. Sinon, en cas de refus de coopérer à l’expulsion, les sans-papiers encourent une condamnation de 3 ans de prison ferme assortie d’une interdiction de territoire allant jusqu’à 15 ans. Ainsi, environ un tiers des détenus dans les prisons françaises sont des sans-papiers… Face à ces conditions d’enfermement, aux exactions et aux humiliations quotidiennes qui peuvent aller parfois jusqu’à l’assassinat, les prisonniers répondent par des actes désespérés (auto-mutilations, suicides…) ou la révolte : grèves de la faim, refus de rentrer dans les chambres, affrontements avec la police, évasions, destructions par le feu comme le 22 juin 2008 au centre de rétention de Vincennes.
La lutte contre l’immigration ne se limite pas aux frontières de l’Union européenne. L’État français et l’Europe mènent leur guerre aux migrants à coup de barbelés et de patrouilles militaires en partenariat avec des pays comme la Lybie, la Mauritanie, la Somalie, le Sénégal, l’Algérie, la Tunisie, le Maroc… Même l’absence de papiers en règle, pendant longtemps un simple délit administratif, est en train de devenir en Afrique, comme par exemple au Maroc, sur le modèle des anciens blocs de l’Europe de l’Est, un délit pénal d’immigration. Les États posent encore une fois clairement que les individus leur appartiennent (et pas le contraire) et qu’ils ne peuvent quitter leur territoire qu’en fonction de leur bon vouloir.
Si l’Europe veut se constituer en forteresse, elle n’en reste pas moins perméable aux migrants riches s’investissant dans l’économie européenne : industriels, intellectuels, chercheurs et autres artistes prêts à collaborer. En découle le concept d’«immigration choisie» ou, dans un autre langage, d’«immigration de classes». Cette politique se base sur les besoins directs du Capital en main d’œuvre docile et bon marché. À la demande de tel ou tel secteur de la production et des services correspond la concentration massive de travailleurs sans-papiers, notamment dans le bâtiment, la restauration, l’hôtellerie, les travaux saisonniers et d’entretien… L’immigration légale, pour les pauvres, se réduira de plus en plus à l’obtention de titres de séjour en fonction de contrats de travail payés au SMIC pour une durée de quelques mois. Et après ?
Grâce aux rafles régulières sur les lieux de travail orchestrées par les services de l’État, la menace de l’expulsion arme le Capital d’un moyen de pression permanent sur les travailleurs sans-papiers du monde entier. D’autant plus pour ceux qui s’imagineraient pouvoir soutirer à leur patron ou à l’État quelconque droit particulier en tant que travailleur. La xénophobie crée par un retour au protectionnisme salarial (du travail pour les Français !) risquerait aussi, pour une partie de la classe exploitée, de redéfinir en tant qu’ennemi le travailleur sans-papier, alors que l’ennemi de classe reste l’État et le Capital.