Tours, 7 mars 2009
Des heures d’affrontements à Tours samedi 7 mars
Hier, samedi 7 mars, une fête «Facebook» était organisée place Plumereau («place Plum»), dans le Vieux Tours. Un petit feu de palettes et de cartons a été allumé vers 22 heures, quand les pompiers sont arrivés, escortés par la police. Les policiers ont gazés la place, et un type de la rue bien connu s’est fait arrêter sous dénonciation du chef des pompiers («Il m’a craché dessus, oui je porte plainte»).
Alors que les individus rassemblés autour de l’interpellation protestaient («Police partout, justice nulle part») très pacifiquement et que les camions de flics étaient déjà partis, la BAC a chargé tout le monde, gazé, frappé avec leur dégaine de cow-boys.
Les gens se sont progressivement rassemblés à nouveau place Plum, quand vers minuit une quinzaine de flics en tenue de protection et armés de lacrymos et de Flash-ball sont apparus à l’angle de la place. Conspués, hués et régulièrement cibles de projectiles divers, ils ont dû reculer dans une rue adjacente, où ils ont été harcelés longuement par des centaines de personnes. Poubelles renversées et bientôt cramées, jets de canettes… Onze charges ont été nécessaires pour reprendre la place.
Vers 3 heures, les rues étaient encore pleines de monde et une barricade de poubelles a fait valoir ses flammes sur plusieurs mètres de haut. La police a semblé largement dépassée, insultée, attaquée, huée. Ces affrontements étaient réellement une réaction populaire, spontanée, sans revendication. La rue est au peuple, pas aux chiens de garde de la paix sociale.
Alors que les derniers émeutiers se dispersaient, ça criait qu’on remettra ça samedi prochain, voire dès ce dimanche soir… À voir. Selon l’AFP, il y aurait eu onze interpellations et un flic blessé.
Fête improvisée via Facebook :
Onze interpellations à Tours après des heurts
Selon la police, «une fête improvisée lancée sur Facebook a dégénéré» samedi à partir de 23H00. «Environ 300 personnes» étaient rassemblées place Pumereau dans le cadre de cette soirée, quand «certains fêtards ont allumé des feux de joie avec des cartons et des palettes de bois», a indiqué la police. «Les pompiers qui sont intervenus ont alors été pris à partie», a-t-on expliqué de même source.
La fête a ensuite dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre sur la place et aux alentours. «Une trentaine de fonctionnaires de police et des gendarmes ont reçu boulons, canettes, pierres, bouteilles en verre» jusqu’à 4H00 du matin dimanche quand le calme a pu être rétabli, toujours selon la police.
«Onze personnes, âgées de 16 ans à une trentaine d’années, ont été interpellées et placées en garde à vue au commissariat de Tours», a précisé la police, qui fait état d’un policier «légèrement blessé au genou après avoir reçu une bouteille» durant les heurts.
Émeutes et amours
Et ce soir, j’ai encore du bicarbonate de sodium sur le visage, la marie-jeanne fait son effet contre l’adrénaline. L’odeur des poubelles à moitié cramées, des cendres chaudes des ordures, et des gaz lacrymogènes de nos copains les bleus.
Cela a commencé assez tôt. À l’invitation d’une soi-disante page web FaceBook, une soirée bon-enfant allait se tenir sur la ville. Occuper la place centrale pour y boire, chanter, danser, faire la fête. Pas un mot d’ordre révolutionnaire : l’idée démocratique de l’espace «libre» imprègne l’esprit de la populace. Non il n’est pas libre. L’espace public est contrôlé socialement, économiquement, et géographiquement. Quand donc, une bande de jeunes allumés décide de faire de la place piétonne — hyper-touristique, vitrine de la Mairie «de gauche» — un espace de jeu et de fête, il y a de quoi s’attendre à une soirée chaude et musclée. Ce fut chose faite, lorsque trente minutes après le début du rassemblement, de petits jeux, et de discussions pour connaître les personnes, de jeunes gens se piquent de vouloir se réchauffer et de faire un petit feu, histoire de rajouter un côté champêtre à cette soirée. Qui ne ressemblait au début qu’à une fête — certes plus grande — d’amis.
Feu allumé, nous savions, le groupe de militants venus sur place, que les forces de l’ordre ne laisseraient pas faire. Le camion des pompiers arrive (hé oui…), accompagné de deux bagnoles de flics et une autre de la Bac. Lorsque les pompiers sortent du camion, et préparent leur matériel (pour un feu qui n’était pas d’une grosseur hallucinante — j’en ai vu des plus importants dans les rues d’Amsterdam le soir du Réveillon), les flics nationaux s’équipent, ainsi que leurs collègues de la Bac, de casques, tonfa, lacrymo, Flashball et j’en passe.
Chaud. On sent
que
c’est
chaud
bouillant…
Les flics profitent de la fumée dégagée par le feu qui s’éteint pour gazer sans prévenir, sans sommation. Facile. J’aurais fait pareil. Reflux de la place.
Là çà part en live. Un mec de la zone se fait serrer par les condés. Réactions : «Police partout, justice nulle part». Les gens avancent. Pas mal de militants, mais aussi des jeunes venus sur la place pour s’amuser ou boire un coup en terrasse, choqués par la brutalité de l’arrestation. Les flics se sentent pas bien. Ils l’embarquent. Arrivée du camion qui sort, avec comme voiture ballet la voiture de la Bac qui gaze au passage, ainsi qu’une bande de flics à pieds équipés en Robocop, avec aussi des poulets de la Bac.
Gazage. Un handicapé y passe, que j’avais conseillé de partir puisque les flics montraient leur détermination à faire disparaître la racaille jeune et communiste et anarchiste et pd et rmistes et paumés et… Dispersion, un tir de Flashball, gros coup de lacrymo dans une petite rue. Malheureusement, les personnes ont réagi sans être elles-mêmes souvent en position de face à face avec des robocops. Donc, dispersion dans tous les sens. Début de poubelle en travers de la rue.
On se regroupe.
On fume une clope.
On hallucine.
Jamais vu ça dans cette ville.
Personne. Les jeunes comme les vieux.
On décide de retourner à la place. Plus de flics, mais du monde. Des jeunes arrivent.
Plusieurs d’entre nous considèrent que c’est fini. La place reprend sa vie, avec ses commerces et ses amoureux. Les militants se dispersent.
Nous partons.
Une fête, soutien à une asso, du son. Je me défoule, je profite pour sortir mon énergie, mon stress, mon adrénaline. Une petite bière, un petit joint. Mais je ne sais pourquoi, je pensais que la nuit allait être agitée. Ce qui fut le cas.
Coup de téléphone d’une amie : re-départ de feu place Plum, les jeunes veulent «remettre le couvert», comme on dit. La partie n’est pas finie. Nous allons sur place. Du bout de la rue, à 100 mètres, nous pouvions voir la fumée des gaz et des lacrymos dans l’air. La petite place était un univers que je ne connaissais pas. Je ne me croyais pas dans ma ville. Rien n’avait changé, et pourtant tout avait changé.
Les flics bloquaient une rue. Pas n’importe laquelle. Celle qui est occupée par la zone, juste en face du tabac et à côté de l’épicerie. Une masse de gens se tenaient devant, à chercher le contact avec les Robocops. Face à face digne d’une manif de sans-papiers devant une Préfecture, sauf que le mot d’ordre était «You have to fight for your right to party !» Le droit de faire de la rue autre chose qu’un réseau de marchandises, de capitaux, de touristes. Le droit de faire la fête.
Pendant trois ou quatre heures les rues adjacentes ont vu des groupes se créer, pour faire des feux de joie, ou bien parfois des barricades sommaires. Quelques militants autonomes se chargent de pousser les jeunes à occuper le terrain. Les feux devinrent des barricades face aux flics qui ne bougeaient pas tellement. Pas de Bac infiltré parmi les jeunes. Car ce ne sont pas 1000 personnes, mais peut-être tout au plus 300 au plus fort, et une centaine à la fin. Peu, mais énergique.
Les flics se sont retirés très vite après l’extinction de la plus grosse barricade de la soirée. Peur que d’autres viennent, de plus loin, avec d’autres méthodes. Les cousins…
Apparemment quatre arrestations dès le début de soirée (avec le zonard). Il sera difficile d’en savoir plus plus tard, puisque les flics ont tapé au hasard.
Cette soirée devait être une fête. Elle fut un brasier. Évènement qui ne s’est jamais passé ici.
Qui ne doit pas être pris comme un élément mineur, annexe à la situation de crise du capitalisme. La rage gagne bien des cercles sociaux. Les mélanges sont explosifs et détonnants. Un simple feu de cartons et de planches, des bières, des chants et des danses mettent en rage les chiens de l’État, et leurs collaborateurs, certains commerçants, bourgeois la plupart (la dénonciation a aussi été aussi au rendez-vous).
Les grèves se multiplient. Les mouvements prennent de l’ampleur. La barricade refait surface. L’action directe et le sabotage ne sont pas tombés dans l’oubli. Grèce, Guadeloupe… Ma petite ville de province. Nous ne voulons plus de ce système. Nous ne demandons rien. Nous prenons. Nous prenons notre liberté de faire la fête où nous le souhaitons. Dans votre cuisine si coûteuse et si belle. Dans la rue. Nous sommes la rue. Vous êtes la bête démocratique, républicaine, cette chose qui n’a de valeur que le nom, car nous n’avons d’usage que de nos larmes.
Tours, 7 mars : Résistance contre la Police
Des personnes arrivent au centre de la place Plumereau dans le vieux Tours, pour une soirée «Facebook». Un carton est brûlé, les gens chantent autour du «feu».
La Nationale arrive, ils sont quarante, gazent toute la place, les Bac arrivent aussi et mettent leurs casques.
Tout le monde a mal aux yeux, tout le monde se met à gueuler sur les flics, les vieux les jeunes, les bourgeois, les autres, les enfants des quartiers.
Les flics continuent pourtant et arrêtent un gars de la rue connu de beaucoup d’entre nous, aux yeux de tous et toutes.
Puis trois autres personnes arbitrairement. Et la police s’en va.
Tout le monde sort des bars, des restos … et se met à gueuler.
La police revient plus tard. Mais ils sont moins. Les Bacs ne sont plus visibles. Ils cartonnent au Flash-ball, aux lacrymos. Un jeune me dit qu’il a reçu une balle en plastique mais que ce n’est pas une balle de Flash-ball.
Les flics ne s’en sortent plus. Il y a trop de monde, ils reculent dans une ruelle perpendiculaire à la rue de la Civette. Ils lancent des lacrymos, ils tirent au Flash-ball dans le tas mais ca n’a plus d’effet. «Police partout, justice nulle part»… Il est 1H30. Les flics ont chargé onze fois. Onze fois les gens sont revenus pour leur gueuler dessus. Ils sont complètement dépassés et aucune équipe de renfort n’arrive pour le moment.
Un mouvement de résistance s’est installé spontanément…
Hier, samedi 7 mars, une fête «Facebook» était organisée place Plumereau à Tours. Mais rien ne s’est passé comme prévu…
Hier, samedi 7 mars, une fête «Facebook» était organisée place Plumereau («place Plum»), dans le Vieux Tours. Un petit feu de palettes et de cartons a été allumé vers 22 heures, quand les pompiers sont arrivés, escortés par la police. Les policiers ont gazés la place, et un type de la rue bien connu s’est fait arrêter sous dénonciation du chef des pompiers («Il m’a craché dessus, oui je porte plainte»).
Alors que les individus rassemblés autour de l’interpellation protestaient («Police partout, justice nulle part») très pacifiquement et que les camions de flics étaient déjà partis, la BAC a chargé tout le monde, gazé, frappé avec leur dégaine de cow-boys.
Les gens se sont progressivement rassemblés à nouveau place Plum, quand vers minuit une quinzaine de flics en tenue de protection et armés de lacrymos et de Flash-ball sont apparus à l’angle de la place. Conspués, hués et régulièrement cibles de projectiles divers, ils ont dû reculer dans une rue adjacente, où ils ont été harcelés longuement par des centaines de personnes. Poubelles renversées et bientôt cramées, jets de canettes… Onze charges ont été nécessaires pour reprendre la place.
Vers 3 heures, les rues étaient encore pleines de monde et une barricade de poubelles a fait valoir ses flammes sur plusieurs mètres de haut. La police a semblé largement dépassée, insultée, attaquée, huée. Ces affrontements étaient réellement une réaction populaire, spontanée, sans revendication. La rue est au peuple, pas aux chiens de garde de la paix sociale.
Alors que les derniers émeutiers se dispersaient, ça criait qu’on remettra ça samedi prochain, voire dès ce dimanche soir… À voir. Selon l’AFP, il y aurait eu onze interpellations et un flic blessé.
Feu partout ! Que la lutte continue avec rage et avec joie !
Des émeutiers volants
Indymedia Nantes, 8 mars 2009.
Fête improvisée via Facebook :
Onze interpellations à Tours après des heurts
Des heurts entre jeunes et policiers se sont produits sur une place du centre-ville de Tours durant plusieurs heures dans la nuit de samedi à dimanche en marge d’une fête improvisée, a-t-on appris auprès de la police qui indique avoir interpellé onze personnes.
Selon la police, «une fête improvisée lancée sur Facebook a dégénéré» samedi à partir de 23H00. «Environ 300 personnes» étaient rassemblées place Pumereau dans le cadre de cette soirée, quand «certains fêtards ont allumé des feux de joie avec des cartons et des palettes de bois», a indiqué la police. «Les pompiers qui sont intervenus ont alors été pris à partie», a-t-on expliqué de même source.
La fête a ensuite dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre sur la place et aux alentours. «Une trentaine de fonctionnaires de police et des gendarmes ont reçu boulons, canettes, pierres, bouteilles en verre» jusqu’à 4H00 du matin dimanche quand le calme a pu être rétabli, toujours selon la police.
«Onze personnes, âgées de 16 ans à une trentaine d’années, ont été interpellées et placées en garde à vue au commissariat de Tours», a précisé la police, qui fait état d’un policier «légèrement blessé au genou après avoir reçu une bouteille» durant les heurts.
Presse jaune (AFP), 8 mars 2009.
Émeutes et amours
Je ne sais si le destin, ou bien si notre réalité est assujettie à des forces étranges et magnétiques. Ou bien que celui qui cherche trouve, que sa seule volonté forge son univers et sa réalité. Mais retrouver sur sa route l’amour et l’émeute, la rose et les barricades, la douceur et la rugosité est chose fort étrange. Peut-être que la révolution est libidinale, sexuelle, gastronomique, compulsive. Que se retrouver derrière la barrière de feu de quelques poubelles entassées avive notre envie de vivre, de partager, d’aller plus loin que les rapports sociaux normatifs nous imposent. Il est fort rare, dans nos vies, de trouver celles et ceux qui partagent plus que le pain. Parfois de la sagesse, de la solidarité, ou bien le partage des plaisirs érotiques, de la justesse d’une idée politique, ou encore de la simple volonté de construire avec cet étrange inconnu qui pourrait être amené à courir face à la flicaille et à la racaille sécuritaire. J’ai cette chance, de compter sur quelques personnes, d’avoir ces moments de partage — hier, aujourd’hui, demain.
Et ce soir, j’ai encore du bicarbonate de sodium sur le visage, la marie-jeanne fait son effet contre l’adrénaline. L’odeur des poubelles à moitié cramées, des cendres chaudes des ordures, et des gaz lacrymogènes de nos copains les bleus.
Cela a commencé assez tôt. À l’invitation d’une soi-disante page web FaceBook, une soirée bon-enfant allait se tenir sur la ville. Occuper la place centrale pour y boire, chanter, danser, faire la fête. Pas un mot d’ordre révolutionnaire : l’idée démocratique de l’espace «libre» imprègne l’esprit de la populace. Non il n’est pas libre. L’espace public est contrôlé socialement, économiquement, et géographiquement. Quand donc, une bande de jeunes allumés décide de faire de la place piétonne — hyper-touristique, vitrine de la Mairie «de gauche» — un espace de jeu et de fête, il y a de quoi s’attendre à une soirée chaude et musclée. Ce fut chose faite, lorsque trente minutes après le début du rassemblement, de petits jeux, et de discussions pour connaître les personnes, de jeunes gens se piquent de vouloir se réchauffer et de faire un petit feu, histoire de rajouter un côté champêtre à cette soirée. Qui ne ressemblait au début qu’à une fête — certes plus grande — d’amis.
Feu allumé, nous savions, le groupe de militants venus sur place, que les forces de l’ordre ne laisseraient pas faire. Le camion des pompiers arrive (hé oui…), accompagné de deux bagnoles de flics et une autre de la Bac. Lorsque les pompiers sortent du camion, et préparent leur matériel (pour un feu qui n’était pas d’une grosseur hallucinante — j’en ai vu des plus importants dans les rues d’Amsterdam le soir du Réveillon), les flics nationaux s’équipent, ainsi que leurs collègues de la Bac, de casques, tonfa, lacrymo, Flashball et j’en passe.
Chaud. On sent
que
c’est
chaud
bouillant…
Les flics profitent de la fumée dégagée par le feu qui s’éteint pour gazer sans prévenir, sans sommation. Facile. J’aurais fait pareil. Reflux de la place.
Là çà part en live. Un mec de la zone se fait serrer par les condés. Réactions : «Police partout, justice nulle part». Les gens avancent. Pas mal de militants, mais aussi des jeunes venus sur la place pour s’amuser ou boire un coup en terrasse, choqués par la brutalité de l’arrestation. Les flics se sentent pas bien. Ils l’embarquent. Arrivée du camion qui sort, avec comme voiture ballet la voiture de la Bac qui gaze au passage, ainsi qu’une bande de flics à pieds équipés en Robocop, avec aussi des poulets de la Bac.
Gazage. Un handicapé y passe, que j’avais conseillé de partir puisque les flics montraient leur détermination à faire disparaître la racaille jeune et communiste et anarchiste et pd et rmistes et paumés et… Dispersion, un tir de Flashball, gros coup de lacrymo dans une petite rue. Malheureusement, les personnes ont réagi sans être elles-mêmes souvent en position de face à face avec des robocops. Donc, dispersion dans tous les sens. Début de poubelle en travers de la rue.
On se regroupe.
On fume une clope.
On hallucine.
Jamais vu ça dans cette ville.
Personne. Les jeunes comme les vieux.
On décide de retourner à la place. Plus de flics, mais du monde. Des jeunes arrivent.
Plusieurs d’entre nous considèrent que c’est fini. La place reprend sa vie, avec ses commerces et ses amoureux. Les militants se dispersent.
Nous partons.
Une fête, soutien à une asso, du son. Je me défoule, je profite pour sortir mon énergie, mon stress, mon adrénaline. Une petite bière, un petit joint. Mais je ne sais pourquoi, je pensais que la nuit allait être agitée. Ce qui fut le cas.
Coup de téléphone d’une amie : re-départ de feu place Plum, les jeunes veulent «remettre le couvert», comme on dit. La partie n’est pas finie. Nous allons sur place. Du bout de la rue, à 100 mètres, nous pouvions voir la fumée des gaz et des lacrymos dans l’air. La petite place était un univers que je ne connaissais pas. Je ne me croyais pas dans ma ville. Rien n’avait changé, et pourtant tout avait changé.
Les flics bloquaient une rue. Pas n’importe laquelle. Celle qui est occupée par la zone, juste en face du tabac et à côté de l’épicerie. Une masse de gens se tenaient devant, à chercher le contact avec les Robocops. Face à face digne d’une manif de sans-papiers devant une Préfecture, sauf que le mot d’ordre était «You have to fight for your right to party !» Le droit de faire de la rue autre chose qu’un réseau de marchandises, de capitaux, de touristes. Le droit de faire la fête.
Pendant trois ou quatre heures les rues adjacentes ont vu des groupes se créer, pour faire des feux de joie, ou bien parfois des barricades sommaires. Quelques militants autonomes se chargent de pousser les jeunes à occuper le terrain. Les feux devinrent des barricades face aux flics qui ne bougeaient pas tellement. Pas de Bac infiltré parmi les jeunes. Car ce ne sont pas 1000 personnes, mais peut-être tout au plus 300 au plus fort, et une centaine à la fin. Peu, mais énergique.
Les flics se sont retirés très vite après l’extinction de la plus grosse barricade de la soirée. Peur que d’autres viennent, de plus loin, avec d’autres méthodes. Les cousins…
Apparemment quatre arrestations dès le début de soirée (avec le zonard). Il sera difficile d’en savoir plus plus tard, puisque les flics ont tapé au hasard.
Cette soirée devait être une fête. Elle fut un brasier. Évènement qui ne s’est jamais passé ici.
Qui ne doit pas être pris comme un élément mineur, annexe à la situation de crise du capitalisme. La rage gagne bien des cercles sociaux. Les mélanges sont explosifs et détonnants. Un simple feu de cartons et de planches, des bières, des chants et des danses mettent en rage les chiens de l’État, et leurs collaborateurs, certains commerçants, bourgeois la plupart (la dénonciation a aussi été aussi au rendez-vous).
Les grèves se multiplient. Les mouvements prennent de l’ampleur. La barricade refait surface. L’action directe et le sabotage ne sont pas tombés dans l’oubli. Grèce, Guadeloupe… Ma petite ville de province. Nous ne voulons plus de ce système. Nous ne demandons rien. Nous prenons. Nous prenons notre liberté de faire la fête où nous le souhaitons. Dans votre cuisine si coûteuse et si belle. Dans la rue. Nous sommes la rue. Vous êtes la bête démocratique, républicaine, cette chose qui n’a de valeur que le nom, car nous n’avons d’usage que de nos larmes.
Le Communard, 7 mars 2009.
Tours, 7 mars : Résistance contre la Police
Des personnes arrivent au centre de la place Plumereau dans le vieux Tours, pour une soirée «Facebook». Un carton est brûlé, les gens chantent autour du «feu».
La Nationale arrive, ils sont quarante, gazent toute la place, les Bac arrivent aussi et mettent leurs casques.
Tout le monde a mal aux yeux, tout le monde se met à gueuler sur les flics, les vieux les jeunes, les bourgeois, les autres, les enfants des quartiers.
Les flics continuent pourtant et arrêtent un gars de la rue connu de beaucoup d’entre nous, aux yeux de tous et toutes.
Puis trois autres personnes arbitrairement. Et la police s’en va.
Tout le monde sort des bars, des restos … et se met à gueuler.
La police revient plus tard. Mais ils sont moins. Les Bacs ne sont plus visibles. Ils cartonnent au Flash-ball, aux lacrymos. Un jeune me dit qu’il a reçu une balle en plastique mais que ce n’est pas une balle de Flash-ball.
Les flics ne s’en sortent plus. Il y a trop de monde, ils reculent dans une ruelle perpendiculaire à la rue de la Civette. Ils lancent des lacrymos, ils tirent au Flash-ball dans le tas mais ca n’a plus d’effet. «Police partout, justice nulle part»… Il est 1H30. Les flics ont chargé onze fois. Onze fois les gens sont revenus pour leur gueuler dessus. Ils sont complètement dépassés et aucune équipe de renfort n’arrive pour le moment.
Un mouvement de résistance s’est installé spontanément…
Courriel, 8 mars 2009.