Bio : Avec le purin d’ortie le combat continue
Au Sénat, un amendement a été adopté pour permettre de faciliter les autorisations de préparations naturelles comme le purin d’ortie. Mais les «bios» restent très sceptiques.
L’affaire avait fait du bruit. Il y a trois ans à Bellegarde (Ain) Éric Petiot, spécialiste de l’horticulture bio, avait été contrôlé sans ménagement par les fraudes puis entendu et poursuivi pour avoir vendu et fait la promotion, lors de stages, du purin d’ortie. La semaine dernière au Sénat, sur proposition d’élus Verts et PRG, était proposé un amendement pour faciliter les procédures d’autorisation des «préparations naturelles peu préoccupantes» comme le purin d’ortie. La secrétaire d’État émettait dans la foulée un avis favorable pour que le sujet rentre dans le projet de loi du Grenelle de l’environnement.
L’affaire du purin semblait classée au rayon des dossiers ubuesques. Pourtant, l’annonce est loin de satisfaire ceux qui s’étaient rassemblés par milliers pour soutenir l’horticulteur de Bellegarde et l’utilisation du bio en général. «On a obtenu gain de cause sur un point, mais on n’est pas encore à l’abri d’une mauvaise surprise. Le décret n’est pas encore pris», explique Bernard Bertrand le porte-parole des «pro-purin». «En fait, le gouvernement ne prend pas au sérieux le bio en général. Il n’est pas pressé de valoriser les préparations naturelles. Les lobbies sont derrière cela.»
Depuis le déferlement médiatique qui a entouré l’affaire Petiot, les contrôleurs de la DGCCRF l’ont laissé tranquille. Si la préparation n’est toujours pas légale, les poursuites ont été oubliées. L’administration ferme les yeux. Mais cela ne satisfait pas l’intéressé. «Je reste très pessimiste, je parlerai même d’une franche reculade : les botanistes n’ont jamais été autant contrôlés par les fraudes. Toutes les préparations qui marchent bien ne seront jamais utilisées. Il ne faudrait pas se focaliser sur ce purin d’ortie. On a réduit les aides aux formations sur les traitements par le bio à 50%, celles en conventionnelles le sont à 100%.» Toujours militant, Éric Petiot a bien du mal à concéder que le purin d’ortie et sa possible réintégration dans la légalité sont une avancée. «Je ne suis pas pessimiste, ce n’est pas mon genre, je suis réaliste. Le gouvernement a instauré la réunionite, il a une capacité énorme à “acter”. On l’a vu avec le Grenelle. Mais après, il faut passer aux actes. Jusqu’alors, pour nous, il n’y a eu aucune promesse tenue…» Et le «professeur» de vouloir prendre l’affaire de son purin avec un peu d’humour. «Ce qui est assez cocasse, c’est que depuis l’interdiction de la préparation, on n’a jamais autant accueilli de gens envoyés par les chambres d’Agriculture. On s’est même demandé, si ce n’était pas pour mieux nous cadrer ou nous surveiller… Il y a trop d’argent en jeu.»
Presse bourgeoise : Olivier Leroy
Le Progrès (édition de l’Ain), 15 février 2009.
Actions sur le front de l’ortie :
Avec le purin d’ortie le combat continue (Le Progrès, 15 février 2009)
Putain d’ortie, purin d’idées (Lons-le-Saunier, 12 décembre 2006)
Qui sème la censure récolte l’écriture (Oyonnax, 13 octobre 2006)
Appel lyonnais
Appel national