De la maternelle à l'université : classes en luttes
De gauche comme de droite, les gouvernements successifs n’ont eu de cesse, ces vingt dernières années, d’appliquer les directives du patronat européen. Avides de nouveaux marchés et de nouvelles sources de profits, les patron-ne-s jettent leur main (encore combien de temps la laisserons-nous «invisible» ?) sur les services publics, c’est-à-dire ces services essentiels à chacun et bénéfiques à la société dans son ensemble. Ils prétextent, pour ce faire, que les prétendues efficacité et réactivité de l’économie capitaliste seront bénéfiques pour les ex-usagers devenus alors client-e-s de prestataires de services mis en concurrence. Or jeter en pâture les services publics dans la jungle de l’économie de marché sous-entend bien évidemment le passage de ces mêmes services au statut de marchandises. Réductions d’effectifs, recherche de rentabilité maximale et bénéfices deviennent, par définition d’économie capitaliste, les moteurs de la gestion et de la production de ces services. Qu’ils soient fournis par une entreprise privée ou d’État, il n’est plus question qu’ils assurent l’équité de leur accès, géographique comme social.
Il est clair que ces réformes se feront, comme pour le système de retraite par exemple, une nouvelle fois, au bénéfice des nantis et des possédant-e-s et des dirigeant-e-s, et au détriment des travailleur-se-s, et des dépossédé-e-s d’ici et d’ailleurs. Pour bétonner une mainmise totale et pérenne de «ceux d’en haut» sur «ceux d’en bas», le Pouvoir d’État, Sarkozy après d’autres, a compris qu’il fallait en finir avec ces lieux de contestation où tentent d’exercer un nombre encore trop élevé de producteur-trice-s d’esprit libres et indépendants. Pour ce faire, il doit mettre au pas l’ensemble de l’éducation.
1. Nous diviser
Les statuts des personnels sont liquidés : depuis 2003 avec la décentralisation des personnels administratifs et d’entretien du secondaire et aujourd’hui avec le statut des enseignant-e-s-chercheur-se-s. Les contrats sont éclatés (combien de sigles pour les désigner ?) et précarisés. La concurrence est exacerbée : classement des établissements, des universités et bientôt des établissements primaires ; concurrence entre personnels universitaires.
2. Nous soumettre
Les emplois sont flexibilisés : annualisation du temps de travail non choisie, modulation des enseignements dans l’université, multiplication des tâches et des missions partout, recours massif aux heures supplémentaires après suppression de postes et aux emplois ponctuels pour des besoins permanents. Les services sont éclatés : multiplication des postes de remplacement, compléments de services hors spécialités, turn-over des équipes, etc. Les élèves sont soumis à un tri social de plus en plus précoce sous la pression du retour en grâce des pédagogies autoritaires.
3. Nous contrôler
Les hiérarchies sont renforcées : entretien d’embauche et de licenciement par les chefs d’établissement et CPE, écoles transformées en établissements primaires (EPEP) avec un vrai «chef», primes aux résultats, individualisation des salaires et carrières, pouvoir concentré dans les président-e-s d’université et leur CA. Les contestations sont fortement réprimées : surveillance biométrique dans le secondaire, Base-Élève dans le primaire, criminalisation des élèves et des personnels (intrusion de la police dans les établissements, répression syndicale, arrestations, gardes à vues injustifiées, violences contre les étudiants mobilisés). La culture du résultat est encensée par la contractualisation et l’autonomie des établissements (LOLF), la suppression de la carte scolaire, l’évaluation des personnels et de leurs activités à tous les niveaux.
À cela, il n’y a qu’une réponse. La solidarité et l’unité dans l’action et dans la mobilisation. Le temps d’une grève générale qu’il nous reste à construire, soyons tous sans papiers, tous étudiants, apprenons à nous autogérer, sans hiérarchies et sans patrons, et construisons l’alternative à ce système capitaliste qui nous asservit et nous désolidarise.