La machine répressive de l'État donne des leçons aux militants
Appel à Orléans le 9 février pour Mathilde Barthélémy
Le procès est une humiliation, tant pour Mathilde que pour les militants présents. Aucune présomption d’innocence de la part des juges, ils boivent les paroles de la déposition de l’officier de la BAC (évidemment absente) qui accuse Mathilde de s’être «rebellée avec violence» lors de l’arrestation d’Antoine.
Mathilde reste sur sa position en maintenant qu’elle n’a fait que crier lors de cette interpellation pour alerter des manifestants mais conteste toutes les accusations de rébellion ou d’entrave physique aux policiers lors de cette arrestation. «Pourquoi crier ? Vous n’étiez pas concernée !» intervient le juge et laisse à peine le temps de répondre à Mathilde, la coupant systématiquement lorsqu’elle tente de parler. Le juge ne cesse de poser des questions personnelles ou totalement étonnantes : «Quel était le modèle de la voiture ?», «Comment était-elle garée ?», «Quel est votre but professionnel ?», «Que font vos parents dans la vie ?», «Avez-vous des frères et sœurs ?»
Une fois ce passionnant interrogatoire fini, l’avocat des parties civiles (radio police pour les intimes) demande si Mathilde soutient toujours qu’elle a crié pour prévenir les étudiants qu’ils allaient «disparaître». Elle reste sur cette déposition et au juge qui lui demande si elle avait peur qu’ils soient «tués» elle ne peut que répondre qu’elle devait prévenir leurs camarades qu’ils allaient disparaître en garde-à-vue, disparaître de la vue de leurs proches, ce qui est effectivement le cas quand on se retrouve 20 heures ou 39 heures en garde-à-vue. Ni une ni deux, le juge se voit forcé d’intervenir, insistant sur le fait que «nous sommes dans un état de droit», qu’il n’est pas possible d’imaginer que l’on puisse disparaître après une arrestation, que la police est là pour nous protéger, qu’elle dramatise «sans doute cela dû à ses études de théâtre», et qu’elle ferait bien d’aller voir dans le monde où de vraies dictatures existent. Les personnes présentes dans la salle sourient durant cette leçon de morale, ce qui vaut au juge de menacer ces ricaneurs de faire «le maître d’école».
Au tour de l’avocat des parties civiles. On passe sur les attaques faites à Mathilde, disant qu’elle n’a pas l’air de bien se souvenir des faits et qu’elle risque à cause de sa «mauvaise mémoire» de devenir une «intermittente de la mémoire». Il revient sur le terme «militant» employé, soulignant son étymologie : «venant du latin miles, militis ce qui veut dire soldat», «ce sont donc des soldats et vous avez dans la salle une armée de soldats» en nous comparant aux FARCs (ça ne s’invente pas). Il revoie ses conclusions à la hausse en réclamant 1500 euros dont 1000 à titre de dommages et intérêts pour le préjudice moral subi pour sa cliente, et en appelle à la «gourmandise» du procureur pour la peine. Le procureur décide, au nom des «erreurs de jeunesse», de l’âge de Mathilde et de sa «naïveté» de ne pas être plus gourmand pour que ça ne lui porte pas trop préjudice dans ses études et son avenir professionnel. Il réclame une amende de 400 euros.
Face à cela, l’avocate de Mathilde n’aura de cesse de s’insurger contre la toute puissance de la police et les droits bafoués des manifestants, insistant sur le caractère politique de ces arrestations, mais les juges, qui écoutaient quelques instants plus tôt avidement l’avocat des parties civiles, semblent tout d’un coup distraits et font comme s’ils ne comprenaient pas ce que dit l’avocate. Elle réclame la relaxe de Mathilde. Le jugement est mis en délibéré pour le 9 mars.
D’après la voix de la justice, il n’y aurait donc pas d’arrestations arbitraires, pas d’arrestations politiques puisque la France est un pays démocratique et que tout un chacun peut exprimer ce qu’il pense (mais pas trop fort ?). Qui sont donc ces personnes qui pour certains croupissent toujours en prison, Isa, Juan et Damien, ou encore plus récemment les inculpés de Tarnac si ce n’est des prisonniers politiques ? Ils ont été arrêtés parce qu’ils revendiquent la libre circulation des personnes, l’ouverture des frontières, luttent contre l’incarcération des sans-papiers dans les CRA, parce qu’ils s’autogèrent, parce qu’ils ont des opinions politiques opposées au gouvernement, parce qu’ils prônent un autre mode de vie. Au nom de l’«anti-terrorisme» on enferme des gens dans le but d’inculquer la peur aux manifestants et militants acteurs des mouvements sociaux pour casser ces mouvements, pour écarter toute contestation à l’ordre établi, pour intimider et faire taire tous ceux qui luttent pour un autre idéal de vie non basé sur le capitalisme, pour écraser ceux qui luttent pour l’autogestion, la gratuité, l’ouverture de squats, la libre circulation des personnes, ceux qui veulent vivre autrement qu’on nous l’impose ?
Cour d’appel d’Orléans à 14 heures le 9 février. Mathilde ainsi que quelques amis militants de Tours arrivent à l’audience. Ici et là quelques flics en civil surveillent le petit groupe. Une vingtaine de personnes, en majorité étudiants de la fac d’Orléans, sont venues manifester leur soutien sous le regard hostile des flics en tenue venus en renfort.
Le procès est une humiliation, tant pour Mathilde que pour les militants présents. Aucune présomption d’innocence de la part des juges, ils boivent les paroles de la déposition de l’officier de la BAC (évidemment absente) qui accuse Mathilde de s’être «rebellée avec violence» lors de l’arrestation d’Antoine.
Mathilde reste sur sa position en maintenant qu’elle n’a fait que crier lors de cette interpellation pour alerter des manifestants mais conteste toutes les accusations de rébellion ou d’entrave physique aux policiers lors de cette arrestation. «Pourquoi crier ? Vous n’étiez pas concernée !» intervient le juge et laisse à peine le temps de répondre à Mathilde, la coupant systématiquement lorsqu’elle tente de parler. Le juge ne cesse de poser des questions personnelles ou totalement étonnantes : «Quel était le modèle de la voiture ?», «Comment était-elle garée ?», «Quel est votre but professionnel ?», «Que font vos parents dans la vie ?», «Avez-vous des frères et sœurs ?»
Une fois ce passionnant interrogatoire fini, l’avocat des parties civiles (radio police pour les intimes) demande si Mathilde soutient toujours qu’elle a crié pour prévenir les étudiants qu’ils allaient «disparaître». Elle reste sur cette déposition et au juge qui lui demande si elle avait peur qu’ils soient «tués» elle ne peut que répondre qu’elle devait prévenir leurs camarades qu’ils allaient disparaître en garde-à-vue, disparaître de la vue de leurs proches, ce qui est effectivement le cas quand on se retrouve 20 heures ou 39 heures en garde-à-vue. Ni une ni deux, le juge se voit forcé d’intervenir, insistant sur le fait que «nous sommes dans un état de droit», qu’il n’est pas possible d’imaginer que l’on puisse disparaître après une arrestation, que la police est là pour nous protéger, qu’elle dramatise «sans doute cela dû à ses études de théâtre», et qu’elle ferait bien d’aller voir dans le monde où de vraies dictatures existent. Les personnes présentes dans la salle sourient durant cette leçon de morale, ce qui vaut au juge de menacer ces ricaneurs de faire «le maître d’école».
Au tour de l’avocat des parties civiles. On passe sur les attaques faites à Mathilde, disant qu’elle n’a pas l’air de bien se souvenir des faits et qu’elle risque à cause de sa «mauvaise mémoire» de devenir une «intermittente de la mémoire». Il revient sur le terme «militant» employé, soulignant son étymologie : «venant du latin miles, militis ce qui veut dire soldat», «ce sont donc des soldats et vous avez dans la salle une armée de soldats» en nous comparant aux FARCs (ça ne s’invente pas). Il revoie ses conclusions à la hausse en réclamant 1500 euros dont 1000 à titre de dommages et intérêts pour le préjudice moral subi pour sa cliente, et en appelle à la «gourmandise» du procureur pour la peine. Le procureur décide, au nom des «erreurs de jeunesse», de l’âge de Mathilde et de sa «naïveté» de ne pas être plus gourmand pour que ça ne lui porte pas trop préjudice dans ses études et son avenir professionnel. Il réclame une amende de 400 euros.
Face à cela, l’avocate de Mathilde n’aura de cesse de s’insurger contre la toute puissance de la police et les droits bafoués des manifestants, insistant sur le caractère politique de ces arrestations, mais les juges, qui écoutaient quelques instants plus tôt avidement l’avocat des parties civiles, semblent tout d’un coup distraits et font comme s’ils ne comprenaient pas ce que dit l’avocate. Elle réclame la relaxe de Mathilde. Le jugement est mis en délibéré pour le 9 mars.
D’après la voix de la justice, il n’y aurait donc pas d’arrestations arbitraires, pas d’arrestations politiques puisque la France est un pays démocratique et que tout un chacun peut exprimer ce qu’il pense (mais pas trop fort ?). Qui sont donc ces personnes qui pour certains croupissent toujours en prison, Isa, Juan et Damien, ou encore plus récemment les inculpés de Tarnac si ce n’est des prisonniers politiques ? Ils ont été arrêtés parce qu’ils revendiquent la libre circulation des personnes, l’ouverture des frontières, luttent contre l’incarcération des sans-papiers dans les CRA, parce qu’ils s’autogèrent, parce qu’ils ont des opinions politiques opposées au gouvernement, parce qu’ils prônent un autre mode de vie. Au nom de l’«anti-terrorisme» on enferme des gens dans le but d’inculquer la peur aux manifestants et militants acteurs des mouvements sociaux pour casser ces mouvements, pour écarter toute contestation à l’ordre établi, pour intimider et faire taire tous ceux qui luttent pour un autre idéal de vie non basé sur le capitalisme, pour écraser ceux qui luttent pour l’autogestion, la gratuité, l’ouverture de squats, la libre circulation des personnes, ceux qui veulent vivre autrement qu’on nous l’impose ?
Quand manifester est devenu un délit, se révolter contre l’État
est devenu un droit et un devoir essentiel.
Pas de justice pas de paix !
Stop à la répression des militants politiques !
Face à une justice qui marche main dans la main avec la police,
Face aux inégalités, à nos droits qui sont bafoués
Nous appelons à une solidarité massive !
Par courriel, 10 février 2009.