Sabotons l'antiterrorisme
L’indignation générale provoquée par l’emploi spectaculairement abusif des procédures «antiterroristes» dans ce que tout le monde appelle aujourd’hui «l’affaire de Tarnac», et l’auto-organisation spontanée, en de nombreux et divers «groupes de soutien», d’individus ayant entendu siffler pour la première fois le vent du boulet de l’État, parce que s’étant senti concernés, d’une manière ou d’une autre, pour eux-mêmes ou pour leurs proches, par cette trouble étiquette forgée par quelque sociologue-policier : «ultragauche, mouvance anarcho-autonome», sont déjà une sorte de première victoire remportée sur le délire ultra-répressif de l’État moderne. On a pu voir ainsi, pour la première fois en France et à cette échelle, une campagne d’intoxication médiatique — nécessaire par définition à toute opération «antiterroriste» — se dégonfler comme une vulgaire baudruche, sous les yeux ébahis du «grand public». Bien sûr, une telle victoire reste très incomplète, éphémère, plus apparente que réelle [Le 16 décembre 2008, un mois après «l’affaire de Tarnac», et comme si elle avait voulu relégitimer dans l’urgence sa fonction principale : la chasse aux sorcières «islamistes», la DCRI pouvait encore prétendre avoir démantelé une «cellule djihadiste». Sans rien connaître d’aucun détail de cette dernière opération, on peut déjà poser quelques questions : les dossiers d’instruction sont-ils vides, comme à l’accoutumée ? Les interpellés ont-ils vu leurs droits respectés, y compris durant leur garde à vue ? Combien de temps passeront-ils en détention préventive ? Leurs avocats, leurs proches sont-ils autorisés à commenter cette nouvelle affaire ?] ; et on n’oubliera pas non plus qu’elle n’a été acquise que par la sotte impatience d’une ministre de l’intérieur, qui peut-être a cru sincèrement, l’espace d’un instant, avoir attrapé Ben Laden qui se serait déguisé en Harry Potter ; mais c’est une victoire qui aussi a déjà commencé de se concrétiser, par le biais de cette campagne d’«agitation contre les lois antiterroristes» (dont le point culminant est la manifestation de Paris d’aujourd’hui) qui, sans nul doute, fera date dans l’histoire des luttes de notre époque. En effet, pour la première fois dans le monde, des gens se rassemblent pour exiger purement et simplement la fin de la politique «antiterroriste», c’est-à-dire l’abolition du mode de gouvernement le plus moderne, institué à l’échelle globale depuis la provocation d’État du 11 septembre 2001 [Sur cet événement, on lira L’Ultime Razzia, le 11 septembre 2001 dans l’histoire, Paris, Éditions Antisociales, 2004, qui mettait en garde, avec plus de deux ans d’avance, les activistes de la «mouvance anarcho-autonome» contre les persécutions qui leur pendaient au nez : «Si le Black Bloc, plus que jamais en butte à la calomnie et à la répression depuis le 11 septembre, n’a pas pour l’instant disparu (…), le danger est tel pour lui d’être bientôt partout la prochaine cible prioritaire de la répression “antiterroriste” (…) qu’il n’a plus d’autre choix que de s’adapter au contexte de la nouvelle époque, c’est-à-dire déjà de la comprendre» (p. 129-130).]. C’est pourquoi le principal slogan de cette campagne : «Sabotons l’antiterrorisme», n’est pas seulement un slogan qui fait frémir d’épouvante les bourgeois, les flics et les imbéciles du monde entier, mais est aussi le mot d’ordre contestataire le plus moderne de notre époque : autrement dit, le plus subversif. Car refuser et combattre les mensonges de l’État sur le «terrorisme», c’est déjà, bien sûr, nuire au bon fonctionnement de la répression modernisée, et ainsi contribuer à affaiblir le système capitaliste mondialisé.
Cela, le néo-KGB franchouillard que constitue aujourd’hui la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) le sait mieux que personne ; c’est pourquoi ses agents infiltrés dans les milieux médiatiques, intellectuels et militants, s’emploient en ce moment, au nom du maintien de l’ordre et de la paix des esprits, à neutraliser tout ce qui pourrait aller dans le sens d’un approfondissement et d’une extension de cette inquiétante campagne d’agitation [«Un tel développement de l’activité révolutionnaire dans les pays industrialisés constituerait déjà de facto l’ébauche d’une coordination de toutes les luttes d’ores et déjà désignées par leur radicalité pour être des cibles potentielles de la répression “antiterroriste”, en particulier les grèves sauvages et les actions de sabotage menées par les ouvriers rebelles aux manœuvres syndicales» (L’Ultime Razzia, ibid., p. 131).] : et d’abord en imposant leurs prétendus faux raisonnements — au sein notamment des groupes de la «mouvance anarcho-autonome» — de telle sorte qu’elle choisisse d’oublier les musulmans, pourtant premières victimes de l’«antiterrorisme», au fond de leurs prisons. (Honte ! Combien d’affaires Dreyfus faudra-t-il encore avant qu’un Sébastien Faure se décide à prendre la défense de toutes les victimes des complots de l’État, quelles que soient leurs origines sociales ou leur religion ?) En effet, si le discours de l’État sur le «terrorisme» n’est que mensonges, comme chacun commence enfin à devoir le reconnaître, c’est l’existence même des services spéciaux de protection de l’État — à commencer par la DCRI — qui perd toute justification et toute légitimité aux yeux de la population, et donc finalement l’État lui-même. Car si l’État est obligé de recourir de plus en plus souvent à la répression «antiterroriste», c’est bien parce que la ruse est l’arme du faible.
Ainsi, pour «saboter l’antiterrorisme», il ne suffit pas de refuser les fichages, de s’attaquer aux dispositifs de contrôle et de surveillance, de réclamer la libération des innocents et la suppression des procédures d’exception ; il faut d’abord produire et diffuser de l’information vraie sur ce que sont et ce que font les services de protection de l’État moderne : et notamment sur la manière dont, pour se rendre spectaculairement indispensables, ils fabriquent de toutes pièces des «réseaux terroristes», à coups de manipulations, de provocations et d’amalgames. On pourra lire à ce sujet quelques documents récents dans les pages qui suivent ; mais on se gardera d’oublier que l’ex-DST, qui tient aujourd’hui les rênes de la DCRI, est complice des attentats du métro parisien de 1996, complice de l’interminable boucherie terroriste en Algérie, complice de tous les sales coups de la dictature marocaine, et complice en général de tous les répugnants trafics (notamment d’armes et de drogues) organisés par ces fameux «réseaux Pasqua» dont le nabot Sarkozy et son âme damnée, Claude Guéant, sont les héritiers dégénérés (tout ça n’étant évidemment que la partie émergée d’un iceberg de corruption, de cynisme et de cruauté). Le temps des faux débats, des tergiversations et des demi-vérités est enfin terminé, et chacun doit désormais choisir entre la tranquillité de la soumission absolue au règne terroriste de la police totalitaire, et les dangers de la lutte pour l’abolition de l’État : entre Big Brother et l’anarchie.
Cela, le néo-KGB franchouillard que constitue aujourd’hui la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI) le sait mieux que personne ; c’est pourquoi ses agents infiltrés dans les milieux médiatiques, intellectuels et militants, s’emploient en ce moment, au nom du maintien de l’ordre et de la paix des esprits, à neutraliser tout ce qui pourrait aller dans le sens d’un approfondissement et d’une extension de cette inquiétante campagne d’agitation [«Un tel développement de l’activité révolutionnaire dans les pays industrialisés constituerait déjà de facto l’ébauche d’une coordination de toutes les luttes d’ores et déjà désignées par leur radicalité pour être des cibles potentielles de la répression “antiterroriste”, en particulier les grèves sauvages et les actions de sabotage menées par les ouvriers rebelles aux manœuvres syndicales» (L’Ultime Razzia, ibid., p. 131).] : et d’abord en imposant leurs prétendus faux raisonnements — au sein notamment des groupes de la «mouvance anarcho-autonome» — de telle sorte qu’elle choisisse d’oublier les musulmans, pourtant premières victimes de l’«antiterrorisme», au fond de leurs prisons. (Honte ! Combien d’affaires Dreyfus faudra-t-il encore avant qu’un Sébastien Faure se décide à prendre la défense de toutes les victimes des complots de l’État, quelles que soient leurs origines sociales ou leur religion ?) En effet, si le discours de l’État sur le «terrorisme» n’est que mensonges, comme chacun commence enfin à devoir le reconnaître, c’est l’existence même des services spéciaux de protection de l’État — à commencer par la DCRI — qui perd toute justification et toute légitimité aux yeux de la population, et donc finalement l’État lui-même. Car si l’État est obligé de recourir de plus en plus souvent à la répression «antiterroriste», c’est bien parce que la ruse est l’arme du faible.
Ainsi, pour «saboter l’antiterrorisme», il ne suffit pas de refuser les fichages, de s’attaquer aux dispositifs de contrôle et de surveillance, de réclamer la libération des innocents et la suppression des procédures d’exception ; il faut d’abord produire et diffuser de l’information vraie sur ce que sont et ce que font les services de protection de l’État moderne : et notamment sur la manière dont, pour se rendre spectaculairement indispensables, ils fabriquent de toutes pièces des «réseaux terroristes», à coups de manipulations, de provocations et d’amalgames. On pourra lire à ce sujet quelques documents récents dans les pages qui suivent ; mais on se gardera d’oublier que l’ex-DST, qui tient aujourd’hui les rênes de la DCRI, est complice des attentats du métro parisien de 1996, complice de l’interminable boucherie terroriste en Algérie, complice de tous les sales coups de la dictature marocaine, et complice en général de tous les répugnants trafics (notamment d’armes et de drogues) organisés par ces fameux «réseaux Pasqua» dont le nabot Sarkozy et son âme damnée, Claude Guéant, sont les héritiers dégénérés (tout ça n’étant évidemment que la partie émergée d’un iceberg de corruption, de cynisme et de cruauté). Le temps des faux débats, des tergiversations et des demi-vérités est enfin terminé, et chacun doit désormais choisir entre la tranquillité de la soumission absolue au règne terroriste de la police totalitaire, et les dangers de la lutte pour l’abolition de l’État : entre Big Brother et l’anarchie.
Nique la police secrète !
Éditorial du numéro zéro de Torquemada, 31 janvier 2009
Bulletin d’information sur l’«antiterrorisme».