La fête ou la terreur
400 teufeurs à Granges-le-Bourg (Haute-Saône)
Quelques cannettes vides, des dizaines de véhicules essaimés le long de la route, une trentaine d’agités qui se déhanchaient encore devant d’énormes baffles et, un peu partout, des groupes que la nuit a laissé hagards et épuisés : le spectacle était lunaire, hier, dans les bois de Granges-le-Bourg. 300 à 400 teufeurs s’y étaient réunis pour une nuit blanche. Pas de préavis, bien sûr, pas de demande ni à la mairie, propriétaire du terrain, ni à l’association de chasse de Crevans, qui y entretient son abri.
Le prix de la liberté, sans doute, aux yeux des «organisateurs». Un véritable choc pour les chasseurs, montés les premiers, de bon matin, pour découvrir un spectacle auquel rien ne les préparait : «On est arrivés ce matin (NDLR : dimanche) et on a découvert ça : des voitures au fossé, un gamin endormi au volant de la sienne, moteur tournant, des tentes partout, ils étaient des centaines, surexcités, très alcoolisés.» Pour monter jusqu’à l'abri, épicentre de cette «rave-party» sauvage, pas de souci, «c’est quand on est reparti qu’on a été bloqués : on s’est fait traiter de tous les noms, certains sont venus taper sur les voitures.» La tension est montée mais les chasseurs sont allés s’installer à l’écart. Le maire est prévenu. Il contacte à son tour les gendarmes.
«On assume»
Dans la matinée, les militaires patientaient le long des deux voies d’accès. «Un rassemblement de moins de 500 personnes n’est pas soumis à autorisation», rappelait le lieutenant Oudot, «on ne peut rien dire, seulement empêcher ceux qui voudraient repartir de le faire hors d’état de conduire.» Quelques voitures redescendent du bois au compte-gouttes, systématiquement arrêtées et contrôlées. Les plaques viennent de tout l’est : 70, 68, 90, 88, 39… et même de Suisse et d’Allemagne. Des chasseurs franchement choqués d’un côté, des «organisateurs» qui cherchent à rassurer de l’autre : «On fait la fête, on n’est pas des méchants», tentait d’expliquer Clément Dreyfus. Bombardé «organisateur» et surtout médiateur du réseau informel qui tenait les lieux. Il accueillait les uns et les autres avec un sourire épuisé et tentait de donner des garanties pour éviter que le ton ne monte : «on essaye de laisser les lieux dans l’état où on les a pris, et après, s’il y a des plaintes, on assume.» Il ne cache pas son nom, les gendarmes savent à qui s’adresser, «s’il y a des dégradations, c’est sur moi que ça tombe», assure-t-il. L’abri, lui, est intact. Et pour les chasseurs? «On s’excuse de leur avoir gâché leur repas du dimanche.» Tout sera nettoyé, c’est promis.
En attendant, «ça fait mal au cœur», explique Claudine Guillard, l’une des chasseurs et première adjointe de Crevans-et-la-Chapelle-les-Granges. En cette saison, les dimanches matin, les bois sont habituellement le terrain des chasseurs et de leur famille. Avec repas dans l’abri à la clé. «On ira manger ailleurs», soupirent-ils. «Mais moi ce qui me terrifie c’est l’âge des plus jeunes.»
À 17 heures, tout était fini, les derniers intrus quittaient les lieux. Un départ dans le calme, à l’image, malgré tout, de la journée. Les militaires ont contrôlé la cinquantaine de véhicules à ne pas être partis dans la nuit, relevant trois conduites sous un état alcoolique, une mêlant alcool et drogues, et cinq infractions diverses. Le maire envisage très sérieusement de déposer plainte.
Des chasseurs sous le choc, des «organisateurs» qui tentent de rassurer… Les bois ont subi l’assaut d’une rave-party sauvage dans la nuit de samedi à dimanche.
Quelques cannettes vides, des dizaines de véhicules essaimés le long de la route, une trentaine d’agités qui se déhanchaient encore devant d’énormes baffles et, un peu partout, des groupes que la nuit a laissé hagards et épuisés : le spectacle était lunaire, hier, dans les bois de Granges-le-Bourg. 300 à 400 teufeurs s’y étaient réunis pour une nuit blanche. Pas de préavis, bien sûr, pas de demande ni à la mairie, propriétaire du terrain, ni à l’association de chasse de Crevans, qui y entretient son abri.
Le prix de la liberté, sans doute, aux yeux des «organisateurs». Un véritable choc pour les chasseurs, montés les premiers, de bon matin, pour découvrir un spectacle auquel rien ne les préparait : «On est arrivés ce matin (NDLR : dimanche) et on a découvert ça : des voitures au fossé, un gamin endormi au volant de la sienne, moteur tournant, des tentes partout, ils étaient des centaines, surexcités, très alcoolisés.» Pour monter jusqu’à l'abri, épicentre de cette «rave-party» sauvage, pas de souci, «c’est quand on est reparti qu’on a été bloqués : on s’est fait traiter de tous les noms, certains sont venus taper sur les voitures.» La tension est montée mais les chasseurs sont allés s’installer à l’écart. Le maire est prévenu. Il contacte à son tour les gendarmes.
«On assume»
Dans la matinée, les militaires patientaient le long des deux voies d’accès. «Un rassemblement de moins de 500 personnes n’est pas soumis à autorisation», rappelait le lieutenant Oudot, «on ne peut rien dire, seulement empêcher ceux qui voudraient repartir de le faire hors d’état de conduire.» Quelques voitures redescendent du bois au compte-gouttes, systématiquement arrêtées et contrôlées. Les plaques viennent de tout l’est : 70, 68, 90, 88, 39… et même de Suisse et d’Allemagne. Des chasseurs franchement choqués d’un côté, des «organisateurs» qui cherchent à rassurer de l’autre : «On fait la fête, on n’est pas des méchants», tentait d’expliquer Clément Dreyfus. Bombardé «organisateur» et surtout médiateur du réseau informel qui tenait les lieux. Il accueillait les uns et les autres avec un sourire épuisé et tentait de donner des garanties pour éviter que le ton ne monte : «on essaye de laisser les lieux dans l’état où on les a pris, et après, s’il y a des plaintes, on assume.» Il ne cache pas son nom, les gendarmes savent à qui s’adresser, «s’il y a des dégradations, c’est sur moi que ça tombe», assure-t-il. L’abri, lui, est intact. Et pour les chasseurs? «On s’excuse de leur avoir gâché leur repas du dimanche.» Tout sera nettoyé, c’est promis.
En attendant, «ça fait mal au cœur», explique Claudine Guillard, l’une des chasseurs et première adjointe de Crevans-et-la-Chapelle-les-Granges. En cette saison, les dimanches matin, les bois sont habituellement le terrain des chasseurs et de leur famille. Avec repas dans l’abri à la clé. «On ira manger ailleurs», soupirent-ils. «Mais moi ce qui me terrifie c’est l’âge des plus jeunes.»
À 17 heures, tout était fini, les derniers intrus quittaient les lieux. Un départ dans le calme, à l’image, malgré tout, de la journée. Les militaires ont contrôlé la cinquantaine de véhicules à ne pas être partis dans la nuit, relevant trois conduites sous un état alcoolique, une mêlant alcool et drogues, et cinq infractions diverses. Le maire envisage très sérieusement de déposer plainte.
Presse policière : Nils Hedouin
L’Est républicain, 26 janvier 2009.