Grèce : Un 24 décembre pas comme les autres...
Grande manifestation de solidarité avec les détenus
Fin de l’occupation des bâtiments de l’université et nouvelles actions programmées
Environ 2000 personnes ont participé. La manifestation était puissante mais pacifique. Elle est passée par la principale rue commercante d’Athènes (Ermou) pour aller jusqu’à la place Syntagma, puis est revenue en prenant un autre chemin. Il y a eu quelques tensions lorsque les manifestants sont passés devant la Cathédrale d’Athènes, mais comme il avait été décidé que ce serait une manifestation paisible, seuls des graffitis ont été peints sur les murs et des slogans ont été lancé contre l’Église et les prêtres. Les unités anti-émeute nous suivaient mais elles n’ont pas osé s’approcher ni attaquer la manifestation. Les slogans lancés durant la protestation étaient très originaux et n’étaient pas seulement adressés contre l’État ou les flics mais aussi contre le consumérisme et contre ceux qui ferment les yeux sur les événements et font leurs courses de Noël comme si rien ne s’était passé.
Ceux qui ont été arrêtés sont maintenant en prison, et qui attendant leur procès (ce qui peut prendre plusieurs mois), ont rédigé une déclaration qui dit «notre corps est peut-être emprisonné mais notre esprit est avec ceux qui continuent de se battre dehors».
Il y a eu ensuite une nouvelle assemblée a l’Université Polytechnique, après la manifestation. L’Assemblée a decidé de lever l’occupation (mais pas la lutte) à minuit. Les occupants de l'Université d’Économie (ASOEE) ont aussi decidé de lever leur occupation et ont quitté l’établissement dans l’après-midi pour rejoindre la manifestation. Ces deux occupations, ainsi que celle de la fac de Droit, ont été tenues pendant 18 jours malgré les attaques fréquentes de la police, et ont joué un très grand rôle dans la révolte. La lutte n’est pas finie pour autant et toutes les assemblées des occupants ont appelé tout le monde à participer à la manifestation du 27 décembre appelée par l’assemblée des occupants du syndicat GSEE quelques jours auparavant.
À Alimos (Athenes), les citoyens se sont emparés de la sono installée par la municipalité pour jouer des chansons de Noël. À la place, pendant une heure, ont été lus au micro les communiqués qui demandent entre autres la mise en liberté immédiate des détenus, le désarmement de la police, la dissolution des brigades anti-émeutes et l’abolition des lois anti-terroristes.
À Volos, la station de radio municipale a été occupée pour parler des événements et de leurs exigences.
À Lesvos, des manifestants ont installé une sono dans le centre de la ville et ont transmis des messages.
À Ptolemaida, un arbre de Noël comme celui de Ioannina, a été décoré avec des photos d’Alexis et des manifestations ainsi que des exigences du mouvement.
Sur le pont de Gorgopotamos (célebre parce qu’il a été détruit par les partisans durant la seconde guerre mondiale, pour couper les lignes logistiques d’approvisionement des Nazis) une grande banderole a été déployée : «Votre tolérance [envers le systeme] depuis votre canapé est complicité».
En ce qui concerne l’incident des coups de feux contre le car de police, revendiqué par une soit disant «Action populaire», les informations recueillies tendent à démontrer qu’il s’agit d’un acte de provocation policière. La police, après avoir fait des tests balistiques, a annoncé que les coups ont été tirés de deux kalashnikov AK 47 et non d’une seule. Ils ont aussi indiqué que l’attaque aurait été lancée depuis une vieille salle du campus qui avait été squatté par les étudiants il y a quelques mois pour être utilisée comme atelier pour différents projets de construction d’éoliennes, de recyclage ou encore d’initiation à l’utilisation de logiciels open-source.
Avec les événements, tous les projets initiés avaient été suspendus et ce bâtiment n’était plus utilisé depuis des semaines. Tous ces faits rendent les occupants plus que suspicieux quant aux motifs et aux auteurs de cette attaque.
[De plus selon d’autres compagnons grecs, seuls des personnes très bien informées des mouvement de la police — c’est-à-dire des policiers eux-mêmes — pouvaient connaître les mouvements de ce fourgon à 5 heures 50 du matin heure de l’attaque… Cette attaque, alors que dans la journée avaient eu lieu d’intenses discussions sur la question du maintien de l’occupation, tombait opportunément pour la police…]
Message d’une insurgée grecque «pour une nouvelle Internationale»
Si les nous faisons éclater les vitrines des banques c’est parce que nous reconnaissons leur argent comme une cause majeure de notre tristesse, si nous brisons les vitres des magasins ce n’est pas uniquement parce que la vie est chère, mais parce que la Marchandise nous empêche de vivre, quel qu’en soit le coût. Si nous attaquons la police, ce n’est pas seulement pour venger nos camarades morts mais parce que, entre ce monde et celui que nous désirons, la police sera toujours un obstacle.
Nous savons que le moment est venu pour nous de réfléchir de façon stratégique. Dans ces temps impériaux, nous savons que pour que cette insurrection soit victorieuse elle doit s’étendre, au moins au niveau européen. Du passé, nous avons vu et nous avons appris aux sommets du FMI, du G7 ont répondu la rebellion des étudiants à l’échelle mondiale, et les émeutes des banlieues en France, le mouvement de lutte contre le TAV en Italie, la commune de Oaxaca, de Algaradas, Montréal. De la défense à l’offensive, comme à Copenhague, y compris ceux qui boycottent la convention nationale républicaine aux États-Unis. Nourris par la catastrophe, nous sommes les enfants de toutes les crises : politique, sociale, économique, écologique. Nous savons que ce monde est déjà mort. Qu’il faut être fou pour tenir à ses ruines… que l’option raisonnable, la seule est l’auto-organisation.
Il indique clairement le rejet total de la politique des partis et des organisations, car ils font partie du Vieux Monde. Nous sommes les enfants victimes de cette société et nous ne voulons rien d’elle. C’est le dernier péché qu’ils ne nous pardonneront jamais.
Derrière les foulards noirs, nous sommes les enfants de la société. Et nous sommes organisés.
Nous ne pourrions pas faire autant d’efforts pour détruire le matériel de ce monde ; ses banques, ses supermarchés, ses commissariats de police si nous ne savions pas qu’en même temps nous creusons sa métaphysique, ses idéaux, ses idées et sa rationalité.
Ce qu’ils n’osent pas dire consiste en ce que, dans le même processus, en assaillant et en dévastant cette réalité, nous expérimentons une plus haute forme de communauté, de participation, une plus haute forme d’organisation spontanée et joyeuse où se déposeront les bases d’un autre monde. Certains peuvent dire que notre révolte tombera sur ses propres limites par le simple fait de la pure destruction. Cela pourrait être certain si, à côté des luttes de rue, nous n’avions pas prévu l’organisation nécessaire que requiert un mouvement à long terme : les infirmeries préparées pour soigner nos blessés, les moyens pour publier notre propre presse, notre radio, nos films, la débrouillardise pour manger.
Dans toute l’Europe, les gouvernements tremblent. Certes, la plupart ont le plus peur non pas que ça arrive localement, mais de la simple possibilité que les jeunes occidentaux trouvent une cause commune et donnent un coup de grâce à la société.
Ceci est un appel à toutes et tous, écoutez :
Salut à tous nos camarades du monde entier.
Fin de l’occupation des bâtiments de l’université et nouvelles actions programmées
Ce 24 décembre une manifestation en solidarité avec les personnes arrêtées suite aux événements des derniers jours était appelée par des anarchistes. Mais elle a rassemblé plus de personnes au delà du mouvement anarchiste, certains se joignant au cortège pendant qu’il passait.
Environ 2000 personnes ont participé. La manifestation était puissante mais pacifique. Elle est passée par la principale rue commercante d’Athènes (Ermou) pour aller jusqu’à la place Syntagma, puis est revenue en prenant un autre chemin. Il y a eu quelques tensions lorsque les manifestants sont passés devant la Cathédrale d’Athènes, mais comme il avait été décidé que ce serait une manifestation paisible, seuls des graffitis ont été peints sur les murs et des slogans ont été lancé contre l’Église et les prêtres. Les unités anti-émeute nous suivaient mais elles n’ont pas osé s’approcher ni attaquer la manifestation. Les slogans lancés durant la protestation étaient très originaux et n’étaient pas seulement adressés contre l’État ou les flics mais aussi contre le consumérisme et contre ceux qui ferment les yeux sur les événements et font leurs courses de Noël comme si rien ne s’était passé.
Ceux qui ont été arrêtés sont maintenant en prison, et qui attendant leur procès (ce qui peut prendre plusieurs mois), ont rédigé une déclaration qui dit «notre corps est peut-être emprisonné mais notre esprit est avec ceux qui continuent de se battre dehors».
Il y a eu ensuite une nouvelle assemblée a l’Université Polytechnique, après la manifestation. L’Assemblée a decidé de lever l’occupation (mais pas la lutte) à minuit. Les occupants de l'Université d’Économie (ASOEE) ont aussi decidé de lever leur occupation et ont quitté l’établissement dans l’après-midi pour rejoindre la manifestation. Ces deux occupations, ainsi que celle de la fac de Droit, ont été tenues pendant 18 jours malgré les attaques fréquentes de la police, et ont joué un très grand rôle dans la révolte. La lutte n’est pas finie pour autant et toutes les assemblées des occupants ont appelé tout le monde à participer à la manifestation du 27 décembre appelée par l’assemblée des occupants du syndicat GSEE quelques jours auparavant.
À Alimos (Athenes), les citoyens se sont emparés de la sono installée par la municipalité pour jouer des chansons de Noël. À la place, pendant une heure, ont été lus au micro les communiqués qui demandent entre autres la mise en liberté immédiate des détenus, le désarmement de la police, la dissolution des brigades anti-émeutes et l’abolition des lois anti-terroristes.
À Volos, la station de radio municipale a été occupée pour parler des événements et de leurs exigences.
À Lesvos, des manifestants ont installé une sono dans le centre de la ville et ont transmis des messages.
À Ptolemaida, un arbre de Noël comme celui de Ioannina, a été décoré avec des photos d’Alexis et des manifestations ainsi que des exigences du mouvement.
Sur le pont de Gorgopotamos (célebre parce qu’il a été détruit par les partisans durant la seconde guerre mondiale, pour couper les lignes logistiques d’approvisionement des Nazis) une grande banderole a été déployée : «Votre tolérance [envers le systeme] depuis votre canapé est complicité».
En ce qui concerne l’incident des coups de feux contre le car de police, revendiqué par une soit disant «Action populaire», les informations recueillies tendent à démontrer qu’il s’agit d’un acte de provocation policière. La police, après avoir fait des tests balistiques, a annoncé que les coups ont été tirés de deux kalashnikov AK 47 et non d’une seule. Ils ont aussi indiqué que l’attaque aurait été lancée depuis une vieille salle du campus qui avait été squatté par les étudiants il y a quelques mois pour être utilisée comme atelier pour différents projets de construction d’éoliennes, de recyclage ou encore d’initiation à l’utilisation de logiciels open-source.
Avec les événements, tous les projets initiés avaient été suspendus et ce bâtiment n’était plus utilisé depuis des semaines. Tous ces faits rendent les occupants plus que suspicieux quant aux motifs et aux auteurs de cette attaque.
[De plus selon d’autres compagnons grecs, seuls des personnes très bien informées des mouvement de la police — c’est-à-dire des policiers eux-mêmes — pouvaient connaître les mouvements de ce fourgon à 5 heures 50 du matin heure de l’attaque… Cette attaque, alors que dans la journée avaient eu lieu d’intenses discussions sur la question du maintien de l’occupation, tombait opportunément pour la police…]
D’après des messages de compagnons anarchistes grecs
Actualité de l’anarcho-syndicalisme, 25 décembre 2008.
Message d’une insurgée grecque «pour une nouvelle Internationale»
Une bande de politiciens et de journalistes forment un essaim de guêpes autour pour essayer de tirer profit de notre mouvement, pour imposer leur propre rationalité. Ils disent que nous nous rebellons parce que notre gouvernement est corrompu ou parce que nous voulons avoir plus d’argent, plus de travail. Faux.
Si les nous faisons éclater les vitrines des banques c’est parce que nous reconnaissons leur argent comme une cause majeure de notre tristesse, si nous brisons les vitres des magasins ce n’est pas uniquement parce que la vie est chère, mais parce que la Marchandise nous empêche de vivre, quel qu’en soit le coût. Si nous attaquons la police, ce n’est pas seulement pour venger nos camarades morts mais parce que, entre ce monde et celui que nous désirons, la police sera toujours un obstacle.
Nous savons que le moment est venu pour nous de réfléchir de façon stratégique. Dans ces temps impériaux, nous savons que pour que cette insurrection soit victorieuse elle doit s’étendre, au moins au niveau européen. Du passé, nous avons vu et nous avons appris aux sommets du FMI, du G7 ont répondu la rebellion des étudiants à l’échelle mondiale, et les émeutes des banlieues en France, le mouvement de lutte contre le TAV en Italie, la commune de Oaxaca, de Algaradas, Montréal. De la défense à l’offensive, comme à Copenhague, y compris ceux qui boycottent la convention nationale républicaine aux États-Unis. Nourris par la catastrophe, nous sommes les enfants de toutes les crises : politique, sociale, économique, écologique. Nous savons que ce monde est déjà mort. Qu’il faut être fou pour tenir à ses ruines… que l’option raisonnable, la seule est l’auto-organisation.
Il indique clairement le rejet total de la politique des partis et des organisations, car ils font partie du Vieux Monde. Nous sommes les enfants victimes de cette société et nous ne voulons rien d’elle. C’est le dernier péché qu’ils ne nous pardonneront jamais.
Derrière les foulards noirs, nous sommes les enfants de la société. Et nous sommes organisés.
Nous ne pourrions pas faire autant d’efforts pour détruire le matériel de ce monde ; ses banques, ses supermarchés, ses commissariats de police si nous ne savions pas qu’en même temps nous creusons sa métaphysique, ses idéaux, ses idées et sa rationalité.
Ce qu’ils n’osent pas dire consiste en ce que, dans le même processus, en assaillant et en dévastant cette réalité, nous expérimentons une plus haute forme de communauté, de participation, une plus haute forme d’organisation spontanée et joyeuse où se déposeront les bases d’un autre monde. Certains peuvent dire que notre révolte tombera sur ses propres limites par le simple fait de la pure destruction. Cela pourrait être certain si, à côté des luttes de rue, nous n’avions pas prévu l’organisation nécessaire que requiert un mouvement à long terme : les infirmeries préparées pour soigner nos blessés, les moyens pour publier notre propre presse, notre radio, nos films, la débrouillardise pour manger.
Dans toute l’Europe, les gouvernements tremblent. Certes, la plupart ont le plus peur non pas que ça arrive localement, mais de la simple possibilité que les jeunes occidentaux trouvent une cause commune et donnent un coup de grâce à la société.
Ceci est un appel à toutes et tous, écoutez :
De Berlin à Madrid, à Londres, Tarnac, tout est possible.
La solidarité doit devenir complicité. Les affrontements doivent être prolongés. Les communes doivent être proclamées.
Pour que les choses ne soient plus jamais comme avant. Alors que les idées et les pratiques qui nous lient à de réels progrès.
Pour que nous puissions continuer d’être ingouvernables.
Salut à tous nos camarades du monde entier.