Les nazis suédois tentent de tuer deux militants de la SAC
Le 29 novembre dernier, les nazis mettent le feu au centre social Le Cyclope, dans la banlieue de Stockholm. Deux jours plus tard, ils s’en prennent à deux membres de la SAC et à leur fille de deux ans, en provoquant un incendie dans leur appartement. Après l’assassinat de notre camarade Björn Söderberg en 1999, la SAC est une nouvelle fois la cible des nazis. Mais plus que jamais, elle affirme son combat antifasciste !
Le 1er décembre dernier, dans la soirée, les camarades de la SAC sont chez eux. Ils voient quelqu’un verser un liquide clair dans la boîte aux lettres, derrière la porte, et comprennent à l’odeur que c’est de l’essence. Ils hurlent : «Il y a des enfants, ici !» Dans l’instant, le feu est allumé… En quelques secondes, la cuisine et le séjour sont envahis par les flammes. Impossible de sortir par la porte. Ils sont coincés, vivant au troisième étage. Ils se jettent sur le balcon, font passer leur fille aux voisins du dessous et enjambent à leur tour le balcon pour passer à l’étage inférieur. «Si notre fille nous avait glissé des mains, elle serait morte.» Le feu a ravagé tout ce qui leur appartenait, mais les camarades s’en sont sortis indemnes, heureusement. Ce qui ne change rien au fait qu’une ou plusieurs personnes ont délibérément et de sang-froid voulu les tuer. Conclusions de l’enquête : il s’agit d’un incendie volontaire à motivations politiques, dont les auteurs seraient les mêmes que ceux qui ont mis le feu au centre culturel libertaire Le Cyclope.
Six mois avant, le site Web Info-14 avait publié les noms et les photos de nos deux camarades de la SAC, dont le travail syndical portait essentiellement sur l’antiracisme. Derrière Info-14, les mêmes nazis qui organisent chaque premier samedi de décembre la marche annuelle de Salem, au sud de Stockholm, la plus grande marche nazie d’Europe du Nord.
D’après Ola Brunnström, du bureau confédéral de la SAC, «ceux qui organisent la marche de Salem ne sont pas des individus inoffensifs aux opinions légèrement discordantes. Ce sont des nazis convaincus idéologiquement, à l’évidence capables de commettre des meurtres pour défendre leur cause.»
Le samedi 6 décembre, la SAC a appelé comme tous les ans à une contre-manifestation organisée par le Réseau contre le racisme à Salem, lors de la marche nazie. La police a forcé 500 des antifascistes venus y participer à remonter dans le train à leur arrivée à Salem, et les a aspergés de gaz lacrymogène à l’intérieur du train. Parmi eux, des Danois et des Norvégiens. Malgré cela, la contre-manifestation a réuni environ 400 personnes, entourées de policiers. La marche quant à elle a eu lieu sous protection policière, avec environ 700 participants, c’est-à-dire moins que d’habitude.
La CNT proclame plus que jamais son entière solidarité à ses camarades de la SAC. Un coup contre l’un est un coup contre tous !
Refusons de laisser l’histoire se répéter
Le regain d’activité des nazis suédois nécessite une analyse de la situation en Suède. Voici un extrait d’article publié le 6 décembre sur le site suédois Anarkisterna, signé du collectif Embryo (libertaires) et de la rédaction du site Yelah.
Nous vivons actuellement ce qui semble être l’apogée de la campagne de violence néonazie. Le 29 novembre, les néonazis mettent le feu au centre culturel autonome Le Cyclope à Högdalen, dans la banlieue de Stockholm. L’immeuble a été complètement détruit. Un peu plus tard le même jour, tandis qu’ils distribuaient des tracts, des antiracistes ont été brutalement attaqués. Le jour suivant, le 30 novembre, les néonazis du Folkfronten se rassemblent à Stockholm. Le 1er décembre, de l’essence est versée dans l’appartement d’une famille avec un enfant en bas âge et le feu a été déclenché. Là aussi, une action nazie. Après toutes ces attaques, il n’est pas exagéré d’affirmer que le fascisme gagne du terrain, nous rappelant les années 90. On se souvient du meurtre de Björn Söderberg et des incendies dans les camps de réfugiés. Mais la comparaison ne s’arrête pas à l’activité militante des nazis, elle inclut aussi le racisme au niveau institutionnel. À l’époque, le parti Ny Demokrati [Nouvelle Démocratie, parti populiste et raciste, représenté au Parlement suédois entre 1991 et 1994] a ravagé le Riksdagen, le Parlement suédois, et actuellement, de plus en plus de «contrats suédois» sont exigés (des contrats que les migrants doivent signer afin de vivre en Suède), l’enseignement de la langue maternelle est dénoncé et les politiques d’asile deviennent d’autant plus restrictives que les demandes des réfugiés croissent. Plus le débat «respectable» devient raciste, plus la place est laissée aux néonazis.
Même la situation économique est similaire à celle des années 90, avec la crise financière et un fossé qui se creuse encore plus entre les classes. Suite à la crise immobilière, des licenciements massifs se sont produits dans l’industrie. Le ras-le-bol s’est généralisé et le sentiment d’insécurité a augmenté. Un climat parfait pour grossir les troupes des partis racistes et des groupes néonazis. La marche de Salem rassemble des nazis des pays nordiques et sert, tout comme la prétendue Marche du peuple, le jour de la fête nationale suédoise, à recruter pour le mouvement néonazi.
Comme pendant les années 90, nous devons construire une large résistance contre le racisme et le néonazisme. Il n’est pas suffisant d’avoir une gauche extraparlementaire se battant dans les rues toute seule. Même si l’on chasse chaque «patriote» des rues, un travail énorme reste à faire. Briser le racisme signifie également que nous devons détruire le racisme institutionnel des politiciens élus et des membres du gouvernement, du Parlement et des autorités. Les partis de gauche, les syndicats de travailleurs et les organisations de jeunes doivent commencer à agir d’une manière sérieuse. L’antiracisme a besoin d’être vu et entendu partout, afin de regagner sa place naturelle dans tous les esprits. Les organisations racistes ne devraient pas pouvoir louer des lieux pour leurs meetings, des bus ou propager leur idées dans les écoles et les lieux de travail.
Affirmer que la vingtaine de meurtres commis par les nazis depuis les années 80 en Suède, tout comme les incendies criminels, les attentats à la bombe et les agressions, équivaut aux jets de pierres et aux combats de rue des antiracistes, serait manquer singulièrement de sens des proportions. Cela devrait être évident pour tous, au moins depuis que des nazis ont de sang-froid essayé de brûler un enfant parce que ses parents sont syndicalistes et antiracistes.
Quel va être le résultat la prochaine fois ? Qui va être frappé à nouveau ?
La vague néonazie des années 90 a été interrompue grâce à une large organisation antifasciste. Leurs marches ont été arrêtées, leurs boutiques ont dû fermer, ils ont été combattus dans les rues et dans leurs quartiers. C’était devenu difficile d’être nazi, et finalement le mouvement nazi a reculé.
La situation n’a pas encore atteint le même seuil que dans les années 90, et si nous voulons qu’elle ne se répète pas, nous devons agir maintenant. Et pas seulement la gauche extraparlementaire, mais tous les antiracistes. Car nous sommes bien plus nombreux, en fait, à réagir avec dégoût et horreur face aux incendies criminels perpétrés par les nazis. Et c’est précisément nous, la majorité, qui devons prendre position. Les néonazis ne doivent jamais rester incontestés. Il ne peut y avoir de prochaine fois, plus personne ne doit être de nouveau victime de la violence néonazie. C’est unis que nous empêcherons l’histoire de se répéter.
Nil - Groupe de travail Europe
du Secrétariat international de la CNT, 10 décembre 2008.