En prison dès 13 ans, est-ce acceptable ?

Publié le par la Rédaction


Le rapport remis par la commission Varinard à la ministre de la Justice a déjà fait coulé beaucoup d’encre. La question se pose au delà de la Protection judiciaire de la jeunesse et des milieux socio-éducatifs : peut-on décemment enfermer un enfant de 12 ans ? Au «bon sens» de Madame Dati, le Premier ministre a déjà opposé une fin de non recevoir expliquant que le gouvernement navait aucun projet dans ce sens. Belle opération de communication pour nous faire oublier les 69 autres mesures de ce rapport qui nen sont pas moins nauséabondes. Quils aient 12 ou 13 ans, cest enfermer des enfants qui est inacceptable.

Ce projet n
est quune pierre de plus à lédifice des politiques sécuritaires dont les fondations ont commencé bien avant ce gouvernement. Lintroduction de la composition pénale, la loi de sécurité quotidienne sous la gauche plurielle, les loi Perben (avec larrivée de CEF et des EPM), la loi de sécurité intérieure, la loi prévention de la délinquance et celle sur la récidive sont autant de textes qui modifient nos pratiques et auxquels il faut continuer à sopposer. Cest bien parce quil y a aujourd'hui des CEF et des EPM quil faut les remplir et légiférer en ce sens.

Outre la mesure phare de ce projet, on voit bien le message qui est lancé à la jeunesse de ce pays. Un jeune qui ne marche pas droit et ne se soumet pas à la société qu
on lui impose ne peut plus être considéré comme un enfant. Lenfant renvoie immédiatement à la protection. Employer désormais le terme de «mineur», renvoie au «délinquant» et donc à celui quil faut punir. La boucle est ainsi bien bouclée.

Depuis plusieurs mois déjà la direction de la PJJ a anticipé les conclusions de ce rapport. Ceci avec le relais de tous les échelons hiérarchiques qui nous demandent de changer notre manière de travailler tout en faisant croire qu
ils défendent toujours le même travail éducatif. Les professionnels de terrain finissent par être enfermés et ne disposent plus de marge de manœuvre pour défendre le temps éducatif, les projets, le travail en équipe. Les attaques répétées envers certains collègues le démontrent. De plus, les nouveaux entretiens professionnels offrent un cadre idéal à la volonté de ladministration de nous soumettre à ces nouvelles directives. Lentretien individuel vise à nous imposer des objectifs de travail qui ne sont que des applications des lois répressives telle que la mesure dactivité de jour, que nous refuserions dans un cadre collectif.

Si le gouvernement avait voulu avoir notre avis, il nous l
aurait demandé. Mais il ne veut pas de notre avis pour mettre en place un projet profondément idéologique. Cest pourquoi le seul moyen denrayer cette machine infernale est de se mettre en grève et de faire des assemblées générales souveraines qui décideront des modes dactions. La grève cest sarrêter pour pouvoir penser collectivement la manière dont nous souhaitons travailler auprès des jeunes concernés par ces mesures.

Nenfermons pas la jeunesse, aidons-la à sémanciper !

Publié dans Colère ouvrière

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