Le jeune mort à Grasse n'était pas cardiaque...
Le jeune mort à Grasse le 9 mai dernier après son interpellation n’était pas cardiaque selon les rapports des médecins. Peut-être était-il simplement allergique à la Police…
Les docteurs Alunni-Perret et Duhamel viennent de rendre à la juge Catherine Bonici leurs expertises complémentaires sur les causes du décès d’Abdelhakim Ajimi, mort le 9 mai dernier, après l’intervention des services de police de Grasse (Alpes-Maritime).
Des sources judiciaires avaient supposé que le jeune homme avait pu succomber en raison d’un état de santé défaillant, notamment un problème cardiaque non-décelé de son vivant. Une petite nature quoi. Les médecins, qui ont examiné l’état de santé général de la victime, s’avèrent un brin moins affirmatifs. En dépit de problèmes psychologiques qui poussaient le défunt à se sentir persécuté lorsqu’il ne prenait pas son traitement, son état de santé général a eu une incidence réelle «très vraisemblablement minime» sur son décès. Par conséquent, continuent les praticiens revêches, «il peut-être conclu que la cause réelle du décès est secondaire à une asphyxie mécanique de type asphyxie lente avec privation prolongée d’oxygène survenue dans un contexte d’interpellation difficile où était observé une agitation majeure du sujet».
«L’asphyxie est dû à une compression thoracique empêchant des mouvements respiratoires efficaces : sujet allongé à plat ventre et maintenu par une pression sur le tronc. Et un mécanisme de compression du cou par le geste de maintien type clé de bras en entravant la circulation de l’oxygène et du sang dans le cou.»
Les policiers mis en cause n’ont pas souhaité réagir, ils préfèrent réserver leurs commentaires aux juges d’instruction qui les ont convoqués le 16 décembre prochain.
«Nul n’est au dessus de la loi, disait récemment le Président de la République, commente un porte-parole de la famille. On espère que les mis en cause dans cette affaire non plus. Nous allons demander à nos avocats d’agir en faveur de la requalification des faits. Qu’est-ce qui a valu à Abdelhakim Ajimi un tel acharnement ? Ils ont été jusqu’à 13 policiers autour de lui. L’enquête doit nous le dire.»
À l’époque des faits, Dominique Vian, le préfet des Alpes-Maritimes, n’avait pas hésité à dresser un sombre tableau de la victime, comme il est de coutume depuis quelques années lorsqu’un individu meurt au contact de la police.
Selon le haut-fonctionnaire le jeune homme avait été interné à trois reprises, était un fumeur de cannabis régulier et faisait par ailleurs l’objet de poursuites judiciaires pour conduite sous l’emprise de stupéfiants. Dans ce dernier cas, Ajimi n’a pas été condamné.
Lionel Châtelain - Bakchich, 4 décembre 2008.