Rapport Varinard : Pour en finir avec l'éducation !

Publié le par la Rédaction


Ce mercredi 3 décembre, la commission Varinard a rendu à Rachida Dati son rapport, lequel préconise 70 mesures pour réformer la justice des mineurs. Ce rapport commandé par la garde des Sceaux au printemps dernier est sans surprise au regard des politiques menées depuis plusieurs années. Les lois Perben de 2002 et 2004, les récentes lois sur «la prévention de la délinquance» et  sur la récidive dont la principale mesure est la mise en place des peines planchers, ainsi que les multiples déclarations mensongères de Mme Dati ne pouvaient qu’aboutir à des préconisations  réactionnaires.

L
ordonnance du 2 février 1945 relative à lenfance délinquante était loin dêtre révolutionnaire. Mais elle avait au moins le mérite — dans un contexte daprès guerre — daffirmer la primauté de léducatif sur le répressif.

La commission évoquée plus haut, dans une soi disant «volonté de clarté, de cohérence et d
innovation» préconise de supprimer la référence à lenfance et la juridiction spécialisée (Tribunal pour enfants) qui laccompagne. Il faudrait désormais parler de mineurs délinquants pour lesquels serait élaboré un code de justice pénale spécifique. Les jeunes de moins de 18 ans ne sont donc plus que des mineurs délinquants ou criminels quil faut «rééduquer» par des sanctions pénales et ce dès le plus jeune âge.

En effet, en s
appuyant sur lexpertise de professionnels ayant accepté de collaborer, la commission propose labaissement de la majorité pénale à 12 ans, âge auquel on pourrait désormais incarcérer un jeune en matière criminelle. Elle réaffirme aussi la fin de la prise en compte de la minorité pour les jeunes de plus de 16 ans. En matière dinnovation, des jeunes pourront ainsi exécuter des peines de prison durant les week-ends pendant quatre semaines consécutives. Un bon moyen de leur faire aimer lécole…

L
objectif de ce rapport est donc, une fois de plus, de stigmatiser une jeunesse en difficulté et de culpabiliser les parents en les sanctionnant lorsque les acteurs de la justice considèrent quils ne sont pas assez présents. À aucun moment les membres de la commission ne font de liens avec les difficultés économiques  et sociales rencontrées par les familles alors que dans le même temps, ces dernières sont obligées de travailler davantage pour arriver à survivre. Cest un pas de plus vers lenfermement de la jeunesse. Seul un réel rapport de forces, construit par les professionnels et les personnes directement concernées par la mise en pratique de ces politiques, permettra de faire reculer l’État dans ses attaques répétées envers la jeunesse.

Publié dans Santé & Social

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